« Une femme assassinée, c’est une femme assassinée de trop »

« Une femme assassinée, c’est une femme assassinée de trop »
« Une femme assassinée, c’est une femme assassinée de trop »

La campagne des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre a débuté lundi. Le thème de la campagne cette année, S’unir pour agir, appelle les Canadiens de partout au pays à briser le silence.

Selon Femmes et Égalité des genres Canada, plus de 6,2 millions de femmes âgées de 15 ans et plus ont déclaré avoir été victimes de violence de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie.

Au Canada, une baisse des homicides sexistes de femmes et de filles avait été observée depuis 2001, puis ils ont augmenté de 14 % entre 2020 et 2021.

En 2023, 187 femmes ont été tuées par la violence dans le pays, ce qui équivaut à une femme assassinée tous les deux jours.

Ce n’est pas seulement une question de chiffres ; ces chiffres nous racontent l’histoire tragique de vies perdues trop tôt.

Une citation de Marci Ien, ministre de l’Égalité des genres

En 2024, peu de choses ont changé, constate Madeline Lamboley, professeure au Département de sociologie et de criminologie de l’Université de Moncton et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en violence sexuelle, prévention, intervention.

Chaque année, les statistiques sont toujours aussi effrayantesdit-elle. Parfois, nous pouvons constater une légère baisse, mais cela ne nous suffit toujours pas. Une femme assassinée, c’est une femme assassinée de trop.

Madeline Lamboley estime qu’il n’y a pas suffisamment de services pour les victimes de violence conjugale au Nouveau-Brunswick. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Le thème de la campagne de cette année, S’unir pour agir, invite le public canadien à remettre en question les normes néfastes et prendre des mesures concrètes pour prévenir et répondre à la violence sexiste.

Nous avons tous un rôle à jouer, ne serait-ce que pour écouter la femme qui vit cette situation.dit Madeline Lamboley.

Violence systémique

Selon Madeline Lamboley, cette violence dirigée contre les femmes est très systémique. On se rend compte que la précarité et la pauvreté laissent ces femmes dans un cycle dont il est trop difficile de sortir.

Le coût de la vie, qui a explosé au cours de la dernière année, n’aide pas, dit-elle. Cela signifie que ces femmes qui se trouvent déjà dans une situation précaire le sont encore plus. La précarité est oppressante, violente et affaiblit les personnes au carrefour de l’oppression.

Le domicile est malheureusement l’endroit le plus dangereux pour les femmes : c’est le lieu où se produisent la plupart des actes de violence basée sur le genre.

Madeline Lamboley et les membres de son équipe ont également un projet en cours. Ils interrogent les proches des victimes domestiques pour savoir comment mieux les équiper.

Souvent, ils sont témoins d’une situation violente, mais ils ne savent pas comment réagir. Parfois, ils poseront des gestes qui seront contre-productifs, alors nous essayons de plus en plus de trouver des solutions pour outiller ces proches.dit le chercheur.

La femme en situation de violence conjugale est souvent prise au piège, ajoute-t-elle.

Même lorsqu’elle veut faire son coming-out, elle doit affronter tellement d’obstacles que c’est difficilese souvient Madeline Lamboley. Il a été démontré dans des recherches scientifiques que plus l’environnement de cette femme est favorable, plus elle a de chances d’échapper à la situation de violence.

Briser le silence

Si cette campagne de 16 jours revient chaque année, c’est parce qu’on en a encore besoin et qu’il reste beaucoup de travail à faire, rappelle le chercheur.

Madeline Lamboley indique que la première solution pour briser le cycle de la violence est de briser le silence.

Cette violence peut survenir à cause du silence des institutions, du silence de la victime qui est violée pour qu’elle garde le silence. Plus nous en parlerons, plus nous sensibiliseronsdit-elle.

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Madeline Lamboley estime qu’il est particulièrement important de prévenir la violence sexiste chez les jeunes.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Il est également important, selon elle, que les autorités gouvernementales adoptent des mesures plus concrètes pour lutter contre ce fléau.

Au Nouveau-Brunswick, par exemple, les refuges pour femmes victimes de violence ne sont financés qu’à 40 %. Madeline Lamboley estime que le temps passé par les employés de ces centres à chercher de l’argent pourrait être plus bénéfique s’il était investi en heures d’intervention.

Chaque année environ, rien que pour la violence conjugale, le coût s’élève à 7,4 milliards de dollars au Canada. Si nous prenions cet argent pour le consacrer à la prévention, imaginez ce que nous pourrions faire.

Une citation de Madeline Lamboley

De plus, les places dans ces centres sont limitées et rapidement remplies.

Globalement, les 16 jours d’activisme visent également à mener des actions concrètes pour lutter contre la pauvreté et les inégalités, ainsi qu’à promouvoir la prévention et la sensibilisation.

J’espère qu’un jour nous pourrons avoir une année sans 16 jours d’activités, cela pourra dire que nous avons réussi, mais malheureusement nous sommes loin de pouvoir dire quedit-elle.

La campagne de 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre se poursuit jusqu’au 10 décembre.

With information from the show L’heure de pointe from ICI Acadie

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