« Voyez-vous ces traces au plafond ? On se demande si ce n’est pas le signe du passage d’un animal préhistorique. Un gros poisson, un invertébré ou une tortue passé par là il y a 160 millions d’années, qui a laissé des traces dans la boue, des traces sédimentées et transformées au fil des millénaires en concrétions rocheuses. C’est une hypothèse parmi d’autres qui reste à confirmer. Christophe Durlet a des yeux qui brillent. Ce professeur de géologie de l’Université de Bourgogne a confié une mission à 13 étudiants du master « Sémétologie, paléontologie, géochimie et géoressources » de Dijon. Chacun est embarqué dans une aventure unique : élaborer une carte tridimensionnelle des grottes de Bèze.
chargement
Pour ce faire, les étudiants utilisent pendant une journée des outils sophistiqués. « Pour ma part, je scrute les murs avec un projecteur ultraviolet qui met en évidence les traces de bactéries sur la roche » explique Louise Montfort, future géologue “Nous pouvons voir où la vie se développe dans un tel environnement.”
Pierre Baux, également étudiant, se promène avec une tablette équipée d’un puissant logiciel de modélisation. Presque en temps réel, en filmant les murs, il peut faire apparaître sur son écran la pièce troglodyte dans laquelle il se trouve en trois dimensions. En faisant glisser l’écran avec son doigt, il peut incliner l’avion devant ses yeux, le considérer sous un autre angle et zoomer sur des zones qu’on ne regarde pas forcément lorsqu’on reste au ras du sol.
Des traces d’animaux préhistoriques ?
Christophe Durlet, le professeur de géologie à la tête de cette expédition, est assis sur un bateau qui emmène habituellement les touristes et pointe au plafond ce qui pourrait ressembler à un gros microphone en plastique. “C’est un Lidar (une sorte de radar, extrêmement précis -ndlr)” spécification. « Il enregistre tous les détails des murs et les restitue en 3D sur une image informatique. Nous prêtons donc attention à des détails qui nous échappaient auparavant ou que nous n’avions jamais pensé à regarder attentivement.”
« Vous voyez ces rainures droites au plafond ? On en retrouve une bonne douzaine dans la grotte. On se demande s’il ne s’agit pas des traces d’animaux préhistoriques qui ont laissé des traces dans la boue, qui s’est ensuite déposée. Et bien il est aussi possible qu’il s’agisse de galeries de vers préhistoriques fossilisés. Au terme de cet examen, je penche plutôt pour cette seconde hypothèse. explique Christophe Durlet.
Visitez les grottes comme dans un jeu vidéo
Les grottes de Bèze, dont le réseau souterrain s’étend sur trois kilomètres, sont formidables témoins de la vie présents ici il y a 160 millions d’années. “On sait que ça ressemblait aux Bahamas” sourit Ethan Jean, l’un des étudiants. « Ici, au plafond, nous venons de trouver la colonne vertébrale fossilisée d’un oursin. Utiliser tous les outils à notre disposition et mener à bien ce type de mission, c’est un peu Noël pour nous !
Toutes les informations collectées et les cartes enregistrées seront désormais saisies dans des ordinateurs puissants et formatées. Dans les mois à venir, nous pourrons découvrir tout cela en trois dimensions sur un site internet qui sera accessible au public. « Cela nous permettra de parcourir les grottes comme dans un jeu vidéo, et rendra la visite accessible aux personnes qui habitent loin de chez nous, ou qui ont des difficultés à se déplacer » apprécie Sébastien Maître, réceptionniste aux grottes de Bèze.