Un pompier sur le site d’un bombardement israélien dans la banlieue sud de Beyrouth, le 26 novembre 2024 (AFP/-)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi soir que son pays s’apprêtait à approuver un cessez-le-feu avec le Hezbollah libanais, dans le but d’accroître la pression sur ses ennemis jurés, l’Iran et le Hamas palestinien.
La trêve, à laquelle les États-Unis et la France travaillent depuis des semaines, doit mettre fin à plus d’un an d’hostilité transfrontalière et deux mois de guerre ouverte entre Israël et le puissant groupe libanais armé et soutenu par Téhéran.
« Ce soir, je présenterai au gouvernement pour approbation un projet de cessez-le-feu au Liban », dont « la durée (…) dépend de ce qui se passe au Liban », a déclaré Netanyahu. “En plein accord avec les Etats-Unis, nous maintenons une totale liberté d’action militaire” au Liban, a-t-il ajouté : “Si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer, nous attaquerons”.
Une trêve au Liban permettra à Israël de “se concentrer sur la menace iranienne” et d'”intensifier” la pression sur le Hamas palestinien, contre lequel il mène une offensive meurtrière dans la bande de Gaza en représailles à l’attaque sans précédent sur le sol israélien en octobre dernier. Le 7 janvier 2023, a-t-il déclaré, après une réunion du cabinet de sécurité.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé la communauté internationale à “agir rapidement” pour “la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu” suite à cette annonce.
Cela survient alors qu’Israël a bombardé mardi le centre de Beyrouth et sa banlieue sud, fief du Hezbollah, comme jamais auparavant depuis qu’il a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs contre le mouvement dans le pays voisin, puis a commencé des opérations terrestres dans le sud le 23 septembre. . 30 septembre.
Peu après la déclaration de Netanyahu, une autre attaque a visé un immeuble du quartier commercial de Hamra, au cœur de Beyrouth, a constaté un journaliste de l’AFP.
– « Encore des excuses » –
Destruction dans la banlieue sud de Beyrouth après une attaque israélienne, le 26 novembre 2024 (AFP/IBRAHIM AMRO)
Un cessez-le-feu au Liban devrait contribuer à mettre fin au conflit à Gaza, avait déclaré plus tôt le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Israël subit la pression internationale pour accepter un accord. Le G7 a appelé mardi à un “cessez-le-feu immédiat”, tandis que le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré que le gouvernement israélien “n’avait plus aucune excuse” pour le refuser.
Selon le site américain Axios, le projet américain négocié ces derniers jours prévoit une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l’armée israélienne se retireraient du sud Liban pour permettre le déploiement de l’armée libanaise.
Le plan comprend la création d’un comité international chargé de surveiller sa mise en œuvre, a ajouté Axios, précisant que les États-Unis assureraient leur soutien à l’action militaire israélienne en cas d’actes hostiles du Hezbollah.
La diplomatie internationale s’est basée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006 et qui stipule que seules l’armée libanaise et les soldats de maintien de la paix peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Une figure parmi les alliés d’extrême droite du gouvernement Netanyahu, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, a estimé lundi qu’un cessez-le-feu serait “une grave erreur”.
– « Se venger des Libanais » –
Une photo prise depuis le nord d’Israël montre un drapeau israélien et un drapeau libanais flottant au-dessus des ruines du village de Meiss El-Jabal, au sud du Liban, le 25 novembre 2024 (AFP/Jalaa MAREY)
Israël a intensifié mardi ses bombardements aériens dans le centre de la capitale libanaise – où au moins dix personnes sont mortes selon les autorités libanaises – et dans la banlieue sud, après des appels à l’évacuation.
Un député du Hezbollah, Amin Cherri, a accusé Israël de vouloir « se venger des Libanais ».
Selon l’armée israélienne, plus de 20 projectiles ont été tirés depuis le Liban vers Israël dans la journée.
La guerre qui fait rage depuis octobre 2023 dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas s’est étendue au Liban après un an d’échanges de tirs de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise.
Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah au sud du Liban, qui a ouvert contre lui un front de soutien au Hamas le 8 octobre 2023, pour permettre le retour d’environ 60 000 Nordistes chassés par ses tirs.
Selon le ministère libanais de la Santé, près de 3 800 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la majorité depuis septembre. Selon les Nations Unies, les hostilités ont provoqué le déplacement d’environ 900 000 personnes.
Du côté israélien, 82 soldats et 47 civils ont été tués en 13 mois.
Bombardement israélien dans la banlieue sud de Beyrouth, le 25 novembre 2024 (AFP/-)
Auparavant, les habitants du nord d’Israël interrogés par l’AFP s’étaient déclarés contre le cessez-le-feu : “Ce serait une grave erreur jusqu’à ce que le Hezbollah soit complètement éliminé”, a jugé Maryam Younnes, une étudiante de 29 ans.
– 22 morts à Gaza –
L’armée israélienne poursuit ses attaques sur la bande de Gaza assiégée, où au moins 22 personnes ont été tuées mardi, selon la Protection civile, et où des milliers de déplacés tentent de se protéger de la pluie et du froid.
Des Palestiniens attendent de recevoir une ration alimentaire devant un centre de distribution près de la ville de Gaza, le 25 novembre 2024 (AFP/Omar AL-QATTAA)
L’hiver sera “horrible”, a prévenu Louise Wateridge, porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), alors que les habitants de Gaza n’ont eu “pas de nourriture, pas d’eau, pas d’abri depuis 13 mois”.
Graphique montrant le nombre de camions d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza depuis le 21 octobre 2023, selon les données de l’UNRWA (AFP/Omar KAMAL)
La guerre a été déclenchée par l’attaque du Hamas, qui a fait 1.207 morts côté israélien, pour la plupart des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles, y compris des otages tués ou morts en captivité.
L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 44.249 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.