Au cœur de l’immensité glacée du Groenland, une découverte inattendue ravive les souvenirs de la guerre froide. Une équipe de chercheurs de la NASA, dirigée par Alex Gardner du Jet Propulsion Laboratory, a détecté les contours d’une véritable ville souterrainevestiges d’une époque où les États-Unis renforçaient leur présence stratégique sur le continent arctique.
A cette époque, l’Arctique c’était un domaine stratégique important et représentait une sorte de « première ligne » entre les États-Unis et l’Union soviétique. La proximité géographique entre les deux superpuissances dans cette région, notamment dans le détroit de Béring, a créé une tension très palpable. De plus, les deux blocs se soupçonnaient mutuellement de vouloir exploiter les abondantes ressources naturelles de l’Arctique, comme le pétrole et le gaz. La Guerre froide a donc transformé ce continent en un véritable champ d’affrontement entre l’URSS et les USA ; une transformation qui a laissé quelques traces.
La citadelle oubliée du Pentagone
En pleine guerre froide, alors que la course à la suprématie technologique entre les États-Unis et l’URSS bat son plein, le Pentagone lance un projet qui défie l’imagination. Dans les étendues du Groenland, le Corps des ingénieurs de l’armée américaine a commencé en 1959 la construction d’une immense base militaire souterraine.
Camp Century incarne le summum du génie civil militaire américain de l’époque. Face à des conditions climatiques extrêmes – températures descendant jusqu’à -57°C et vents hurlants dépassant les 193 km/h – les ingénieurs conçoivent une véritable ville sous la glace.
Le complexe, capable d’héberger 200 soldats, comprend des dortoirs, des laboratoires, un hôpital, une chapelle et même une salle de cinéma, le tout alimenté par un réacteur nucléaire portable PM-2Aune première mondiale dans l’Arctique. Le projet aura coûté au total 8 millions de dollars, soit plus de 80 millions de dollars aujourd’hui.
La construction en elle-même est une véritable prouesse technique. Les équipes ont creusé des tunnels dans la glace grâce à une technique révolutionnaire appelée « couper et couvrir », créant un gigantesque réseau de tunnels qui s’étend sur plus de 3 km. Les structures, conçues pour résister au broyage constant de la glace, sont maintenues à une température constante grâce à un système de réfrigération complexe qui empêche la fonte des parois.
Secrets enfouis sous la glace
L’abandon du site en 1967 ne marque pas la fin de son histoire. Des décennies d’accumulation de neige ont également progressivement enseveli la base. ses 178 000 litres de déchets radioactifs issus de son réacteur nucléaire. Les nouvelles images, obtenues à l’aide du radar à synthèse d’ouverture pour véhicules aériens inhabités (UAVSAR) de la NASA, révèlent cette ville secrète avec une précision sans précédent. ” De nouvelles données révèlent les structures de cette ville secrète comme jamais auparavant », explique Chad Greene, glaciologue au laboratoire JPL (Jet Propulsion Laboratory) appartenant à l’agence spatiale américaine.
La redécouverte du Camp Century va de pair des enjeux environnementaux plutôt préoccupants. La fonte progressive de la calotte glaciaire du Groenland pourrait un jour mettre à nu ces installations et les déchets toxiques qui les composent. une menace potentielle pour l’écosystème arctiquedéjà très affaibli. Les effets de la contamination pourraient se faire sentir pendant des décennies, voire des siècles, et devront être gérés coopération internationale parmi les nations concernées : les États-Unis, le Danemark et les pays arctiques.
- La NASA a redécouvert Camp Century, une base militaire souterraine construite par les États-Unis sous les glaces du Groenland pendant la guerre froide.
- Ce complexe était immense, pouvait accueillir 200 soldats et était alimenté par un mini réacteur nucléaire.
- Abandonné en 1967, il contient des déchets radioactifs qui pourraient émerger avec la fonte des glaces.
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