(Jérusalem) Le cabinet de sécurité israélien devrait décider mardi d’un cessez-le-feu dans la guerre contre le Hezbollah libanais, a déclaré lundi un responsable, les États-Unis affirmant qu’un accord était « proche ».
Publié à 6h18
Mis à jour à 16h15
Pierre-Henry DESHAYES avec Aya ISKANDARANI à Beyrouth
Agence France-Presse
Ce que vous devez savoir
- Le Hezbollah libanais a tiré lundi au moins 30 projectiles sur Israël ;
- L’armée israélienne affirme avoir frappé environ 25 cibles liées au Hezbollah dans les banlieues sud, au sud et à l’est du Liban en une heure ;
- Au moins 12 personnes tuées lors de raids dans la région de Tyr, au sud du Liban ;
- Les États-Unis estiment qu’un accord de cessez-le-feu est « proche » au Liban, selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche ;
- Le cabinet de sécurité israélien doit décider mardi d’un accord de cessez-le-feu dans la guerre contre le Hezbollah ;
- Dans la bande de Gaza assiégée, l’armée israélienne poursuit ses frappes, notamment au nord du territoire palestinien.
Egalement très impliquée dans les efforts de médiation internationale, la présidence française a affirmé que les discussions sur un cessez-le-feu avaient “avancé de manière significative”, appelant Israël et le Hezbollah à saisir “cette opportunité le plus rapidement possible”.
Ces annonces ont été faites après une intensification ces derniers jours des frappes israéliennes contre des bastions du mouvement pro-iranien au Liban, qui ont fait au moins 31 morts lundi selon le ministère de la Santé.
Le 8 octobre 2023, le Hezbollah ouvre un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié palestinien, cible d’une offensive destructrice à Gaza lancée par Israël en réponse à une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste contre son territoire le 7 octobre. 2023. Octobre 2023.
Après un an de violences transfrontalières et après avoir affaibli le Hamas à Gaza, Israël a concentré ses opérations au Liban en lançant à partir du 23 septembre une intense campagne de bombardements sur les bastions du Hezbollah.
Le cabinet de sécurité israélien « décidera mardi soir » d’un accord de cessez-le-feu, a déclaré à l’AFP un responsable israélien sous couvert d’anonymat, sans fournir plus de détails.
“Nous pensons que nous avons atteint le point où nous sommes proches” d’un accord, a déclaré John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, tout en soulignant que rien n’était encore sûr et en appelant à la prudence.
Selon le site d’information américain Axios, l’accord s’appuie sur un projet américain prévoyant une trêve de 60 jours pendant laquelle le Hezbollah et l’armée israélienne se retireraient du sud du Liban, frontalier du nord d’Israël, pour y laisser l’armée libanaise déployée.
« Grosse erreur »
Il comprend la création d’un comité international chargé de surveiller son application, a ajouté Axios, parlant des assurances américaines de soutenir l’action militaire israélienne en cas d’actes hostiles du Hezbollah.
Les médiations s’appuient sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et qui stipule que seules l’armée libanaise et les soldats de maintien de la paix peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Toutefois, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), a estimé qu’un cessez-le-feu serait « une grave erreur ».
Originaire du nord d’Israël, Dorit Sison, 51 ans, craint également un règlement comme en 2006, qui aurait permis selon elle au Hezbollah de “se réarmer”. Désormais « ils ont des tunnels, des roquettes, toutes les munitions possibles ».
Frappes israéliennes
Israël affirme vouloir mettre hors de danger le Hezbollah et le Hamas, alliés de l’Iran, son ennemi. Il s’est engagé à détruire le Hamas après l’attaque du 7 octobre et veut mettre un terme aux tirs de roquettes du Hezbollah, qui ont déplacé quelque 60 000 habitants du nord depuis plus d’un an.
Lundi, l’armée israélienne a affirmé avoir frappé environ 25 cibles liées au Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, au sud et à l’est du Liban en une heure dans la journée. Dans la soirée, de nouveaux raids ont visé la banlieue sud de la capitale, selon l’agence nationale ANI.
Le Hezbollah a tiré au moins 30 projectiles sur Israël, selon l’armée.
Les combats ont opposé le Hezbollah aux troupes israéliennes dans le sud du Liban, où ces dernières mènent une offensive terrestre depuis le 30 septembre, a rapporté l’ANI.
Selon le ministère de la Santé, près de 3 800 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la plupart depuis septembre dernier.
Côté israélien, 82 soldats et 47 civils ont été tués en 13 mois.
Dans les poubelles à Gaza
Sur le front sud d’Israël, dans la bande de Gaza assiégée, dévastée et menacée de famine selon l’ONU, l’armée israélienne poursuit ses frappes, notamment au nord du territoire palestinien.
« Il y a environ 65 000 personnes dans les zones assiégées [dans le nord de Gaza]. “Nous entendons dire qu’ils fouillent les poubelles, les décombres, essayant de retrouver de vieilles boîtes de conserve, toute nourriture qu’ils pourraient trouver”, a déclaré une porte-parole de l’agence. ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Louise Wateridge, présente dans la ville de Gaza.
L’offensive israélienne à Gaza a fait au moins 44.235 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d’Israël du territoire qu’il occupait depuis 38 ans.
L’attaque du 7 octobre a fait 1.206 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles, dont des otages tués ou morts en captivité.
Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées, dont 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
Raids israéliens sur des ponts en Syrie
La télévision d’État syrienne a rapporté lundi des frappes israéliennes sur plusieurs ponts en Syrie, près de la frontière libanaise, et le ministère de la Défense a fait état de deux civils blessés.
L’armée israélienne a intensifié ses frappes en Syrie depuis l’escalade en septembre du conflit entre Israël et le Hezbollah au Liban voisin, après un an d’hostilités transfrontalières.
“Une agression israélienne a visé les ponts d’Al-Joubaniyeh, Al-Daf, Arjoun et la porte d’Al-Nizariyeh dans la région de Qousseir”, au centre de la Syrie, a indiqué la télévision. L’agence de presse syrienne SANA a fait état de « dégâts ».
Le ministère de la Défense a indiqué que « l’ennemi israélien a lancé une attaque aérienne depuis le territoire libanais, attaquant les points de passage qu’il avait déjà frappés » entre les deux pays. Il a fait état de deux civils blessés.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a affirmé que « les frappes israéliennes ont tué deux Syriens travaillant avec le Hezbollah et en ont blessé cinq ».
Selon l’ONG, les raids ont visé un poste frontière dans la région de Qousseir et six ponts sur le fleuve Oronte, près de la frontière libanaise.
Début novembre, l’armée israélienne a affirmé mener des frappes contre « les routes de contrebande entre le Liban et la Syrie », accusant le Hezbollah de les utiliser pour transporter des armes depuis la Syrie.