Le Prix Pierre Daix 2024 couronne « Donner à voir », d’Éric de Chassey

Le Prix Pierre Daix 2024 couronne « Donner à voir », d’Éric de Chassey
Le Prix Pierre Daix 2024 couronne « Donner à voir », d’Éric de Chassey

EEn 2014, le peintre Gerhard Richter a réalisé quatre tableaux abstraits intitulés en son honneur Birkenau. Elles sont le résultat de sa longue comparaison avec quatre photographies prises au cours de l’été 1944 près du crématorium V d’Auschwitz-Birkenau par des membres du Sonderkommando chargés de préparer les victimes et de soigner leurs cadavres, qui sont les seules images qui documentent directement ce qui s’est passé. processus d’extermination des Juifs d’Europe par gazage et destruction de leurs dépouilles.

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Ces quatre tableaux sont à l’origine du livre d’Éric de Chassey Montrer. Images de Birkenau, du Sonderkommando à Gerhard Richter (Gallimard, 104 pages, 20 €). Il a reçu ce lundi le prestigieux prix Pierre Daix à la Bourse de Paris, créé par François Pinault (propriétaire de Indiquer) en 2015, en hommage à son ami écrivain et historien de l’art.

Chaque année, ce prix couronne une œuvre consacrée à l’histoire de l’art moderne ou contemporain et, après Paula Barreiro López et son Camarades combattants. Avant-gardes et critique d’art dans l’Espagne franquiste (Éditions de la Maison des sciences de l’homme) en 2023, il est ainsi directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) à Paris et professeur d’histoire de l’art moderne et contemporain à l’École Normale Supérieure de Lyon qui se distingue de l’édition 2024.LIRE AUSSI Hymne aux « camarades de lutte », de Paula Barreiro López

Dans Montreressai court et pointu, Éric de Chassey enquête d’abord minutieusement pour comprendre quel traitement ont subi les terribles photographies (prises par leurs auteurs au péril de leur vie), par un artiste contemporain qui a toujours été lié à l’idée de maintenir vivante la mémoire de la Shoah.


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Avant de nous proposer une réflexion incisive sur la manière dont, dans un univers qui en est saturé, nous regardons les images. « C’est ce qui m’a choqué lorsque j’ai vu les tableaux de Richter accompagnés de la soi-disant documentation », confie le lauréat. « Les spectateurs ne les ont tout simplement pas vus, car tout tendait vers le spectaculaire et non vers une captation d’images complexe, qui prend forcément du temps. Concernant les photographies du Sonderkommando, nous devons à ceux qui les ont prises et qui ont risqué leur vie pour le faire, dans une situation où elles étaient considérées par leurs bourreaux comme morts en prêt, d’être fidèles à leurs intentions, telles qu’on peut les comprendre à travers les documents qu’ils ont eux-mêmes envoyés. Puisqu’elles sont les seules images au centre du processus d’extermination, elles nous obligent à les respecter d’une manière bien particulière. Leurs auteurs ont voulu montrer le processus d’extermination : la seule chose que l’on puisse faire, c’est de les montrer tour à tour avec la plus grande précision et modération possible, pour qu’ils continuent à produire leurs effets sur nos pensées et nos choix de vie. » Plus qu’un titre, une éthique.

« Donnez-le pour voir. Images de Birkenau, du Sonderkommando à Gerhard Richter », Gallimard, 104 p., 20 €.

 
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