Depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis, les femmes demandent à rejoindre le « mouvement 4B » : pas de mariage, pas de sexe, pas de grossesse, pas de relations amoureuses hétérosexuelles (1). Des millions de tweets et de vidéos ont alors été a augmenté sur les réseaux sociaux, réjouissant les vainqueurs masculinistes de ce tour électoral, allant jusqu’à Nicolas Fuentes (2) proclamant : « Ton corps, mon choix » éclatant de rire sardonique.
Ces quatre éléments sont issus du mouvement féministe radical et misandriste 4B né en Corée du Sud en 2016 – chacun des mots, en coréen, commence par un B.
Militant masculiniste d’extrême droite américain, suprémaciste blanc et commentateur politique.
Dire que le masculinisme et le fascisme confisquent notre libido et notre désir de procréer est une évidence, mais est-ce une arme politique adéquate ? Je me suis demandé ? La grève du sexe est une vieille affairedéjà raconté en 411 avant JC par Aristophane dans sa comédie Lysistrata, où il met en scène dans une comédie très agile le refus des femmes de Sparte et d’Athènes, alors en guerre, de tout gadriole de même que les hommes n’auront pas rendu les armes.
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En 2015, Spike Lee réalisera une adaptation cinématographique extraordinaire, entièrement en vers et en rap, dans les quartiers de Chicago dévastés par les guerres de gangs : Après. Nous voyons la grève des femmes s’étendre à travers le monde, comme c’est le cas aujourd’hui. Avec un différence de dimensions : aujourd’hui ce n’est pas la guerre « en soi » que dénoncent les femmes, mais la guerre contre elles, contre leur genre, leur sexe, leur corps.
La révolution consistera plutôt à mettre fin à l’hétéronormativité, par la violence et l’absence de consensus.
Mais la journaliste Mona Eltahawy conteste surtout le « mouvement 4B » avec cet argument : la grève du sexe équivaut à faire de cette activité une « punition » contre les hommes, ce qui est exactement l’attente patriarcale. Le mouvement 4B a également pour effet de dévier le point de vue de femmes blanches qui ont largement contribué à la victoire de Trump, proposant exactement ce que prônent les conservateurs : l’abstinence !
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En février 1974, dans l’indifférence générale, la pionnière de l’écoféminisme Françoise d’Eaubonne lance également Charlie Hebdo un appel à coup de ventrequi était plutôt une grève de la procréation, alors que la loi Veil sur l’accès à l’avortement venait d’être adoptée, pour en finir avec ce qu’on appelait le « lapin phallocratique ». Il s’apprêtait également à écrire une saga, récemment rééditée, qui décrivait un monde sans hommes, après une véritable guerre des sexes : Un bonheur viril (édité par Donne-Antoinette Fouque).
Nier le sexe, la monogamie, la romance et la progéniture aux hommes cisgenres est une réaction qui pourrait être décrite comme normale de nos jours. Mais la révolution consistera plutôt à mettre fin à l’hétéronormativité, par la violence et l’absence de consensus. Apprenons plutôt à dire oui à nos désirs nombreux et différents, en tenant les piquets contre toutes les violences racistes, sexuelles et sexistes, homophobes, écologiques et économiques !
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