RABIH DAHER / AFP
Au Liban, les frappes israéliennes se multiplient depuis le début de la guerre en septembre dernier. L’un d’eux a tué 3 journalistes dans le sud du pays le 25 octobre.
LIBAN – La grève a visé un complexe touristique où logeaient une dizaine de journalistes. Le 25 octobre à Hasbaya, au sud du Liban, l’armée israélienne a tué trois journalistes, alors que les bombardements de l’Etat hébreu dans le pays continuent de provoquer des destructions massives. Human Rights Watch a décrit ce lundi 25 novembre comme « crime de guerre apparent » cette frappe, ajoutant qu’une bombe équipée d’un kit de guidage de fabrication américaine avait été utilisée.
Alors que des journalistes des médias libanais et arabes séjournaient dans la zone, l’armée israélienne a affirmé que l’attaque visait des combattants du Hezbollah et qu’elle était « en cours de révision ». Mais pour l’ONG de défense des droits humains, cela constitue « très probablement une attaque délibérée contre des civils, et donc un crime de guerre apparent ».
Selon Human Rights Watch, « l’armée israélienne savait ou aurait dû savoir que des journalistes séjournaient dans la zone, et plus particulièrement dans le bâtiment visé ». “HRW n’a trouvé aucune preuve de combats, de présence de forces militaires ou d’activité militaire dans cette zone au moment de l’attaque”a-t-elle ajouté dans un communiqué de presse.
Le même constat a été fait par le Tuteurdont les équipes s’étaient rendues sur place. S’appuyant sur les conclusions des médias britanniques, trois experts en droit international humanitaire ont déclaré que l’attaque pourrait constituer un crime de guerre et ont demandé une enquête plus approfondie. “Il était clairement indiqué qu’il s’agissait d’un lieu où logeaient des journalistes”a déclaré Nadim Houry, avocat spécialisé dans les droits de l’homme et directeur exécutif de l’Initiative de réforme arabe.
Cette frappe a tué le caméraman Ghassan Najjar et l’ingénieur de diffusion Mohammad Reda de la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen, ainsi que le vidéojournaliste Wissam Qassem de la chaîne du Hezbollah Al-Manar.
La bombe était équipée d’un système américain
L’ONG indique avoir authentifié des images du cercueil de Ghassan Najjar, enveloppé dans un drapeau du Hezbollah et enterré dans un cimetière aux côtés de combattants du mouvement pro-iranien. Cette pratique est une marque d’honneur pour les personnes qui soutiennent politiquement le groupe, mais n’indique pas que le journaliste a occupé un rôle politique ou militaire au sein du Hezbollah, précise le Tuteur. Un porte-parole du Hezbollah a affirmé que ce caméraman n’avait « pas participé de quelque manière que ce soit à des activités militaires ».
Après avoir examiné les fragments retrouvés sur le lieu de l’attaque, HRW a conclu que la bombe utilisée était équipée d’un kit JDAM, un système de guidage via coordonnées satellite” assemblé et vendu par la société américaine Boeing ». Elle ajoute qu’un fragment portait un code attribué à la société américaine Woodward, qui « fabrique des composants pour les systèmes de guidage de munitions, dont le JDAM ». L’ONG a contacté Boeing et Woodward, mais sans réponse.
Selon la loi américaine, si un pays utilise des armes fournies par les États-Unis pour commettre un crime de guerre, l’assistance militaire à ce pays doit être suspendue, indique le communiqué. Tuteur. Malgré les preuves de plusieurs cas où des munitions américaines ont été utilisées par Israël pour commettre d’éventuels crimes de guerre, l’assistance militaire américaine à Israël n’a pas changé.
Plusieurs attaques israéliennes contre des journalistes
En octobre 2023, une frappe israélienne près de la frontière avec Israël a tué le vidéaste de Reuters Issam Abdallah et blessé six autres reporters, dont deux de l’Agence France Presse, Dylan Collins et la photographe Christina Assi, amputée. de la jambe droite. Un mois plus tard, des bombardements israéliens ont tué Farah Omar, correspondant d’Al-Mayadeen, et Rabih Maamari, caméraman, selon la chaîne.
Des ONG libanaises affirment que cinq autres journalistes et photographes travaillant pour des médias locaux ont été tués lors de frappes israéliennes dans le sud du pays et dans la banlieue sud de Beyrouth. L’assassinat de journalistes est illégal au regard du droit international, quelle que soit leur affiliation politique, à moins qu’ils ne participent directement à des activités militaires.
« Il s’agit d’une tendance dangereuse déjà observée à Gaza : les journalistes sont liés aux opérations militaires en raison de leur affiliation présumée ou de leurs tendances politiques, puis deviennent apparemment la cible d’attaques. Ce n’est pas compatible avec le droit international »a dénoncé Janina Dill, codirectrice de l’Oxford Institute for Ethics, Law and Armed Conflict, au Tuteur.
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