Les regroupements de services au cœur de la réforme de la sécurité incendie

Selon nos informations, le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, devrait déposer d’ici la fin de l’été un projet de loi pour réformer la sécurité incendie dans la province.

Le gouvernement provincial entend inciter les municipalités, particulièrement celles de moins de 5 000 habitants, à envisager de regrouper les services de sécurité incendie (SSI).

C’était aussi l’une des recommandations du coroner Cyrille Delagé, à la suite du drame de L’Isle-Verte qui a coûté la vie à 32 personnes âgées en janvier 2014 à la résidence du Havre.

Le Québec compte actuellement 607 services de sécurité incendie. C’est 36,8 % de moins qu’en 2000, alors que la province en comptait 960. S’il est indéniable qu’ils sont moins nombreux, ils sont quand même trop nombreux selon la Sécurité publique.

Par ailleurs, 459 de ces services de sécurité incendie couvrent les communes de moins de 5 000 habitants.

Le MRC des Basques du Bas-Saint-Laurent regroupe dix municipalités, mais compte cinq services d’incendie différents sur son territoire. Une absurdité selon le préfet, Bertin Denis.

C’est pour cette raison que le conseil des maires a mandaté un consultant externe pour évaluer les avantages d’un futur regroupement. Et essayer de proposer quelque chose qui rassemblera tout le mondementionne le préfet.

Tous nos services d’incendie sont sur la ligne de l’acceptable et de l’inacceptable. Il existe désormais des normes minimales qui doivent être respectées.

Une citation de Bertin Denis, prefect, MRC des Basques

Le rapport du consultant sera rendu début 2025, mais Bertin Denis est déjà convaincu. Nous sommes sur le point de choisir quelle forme de regroupement nous devons utiliser. Soit une délégation au MRCsoit une intercommunale, soit une autre forme.

Le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis

Photo: Radio-Canada / François Gagnon

Si des guerres de clocher ont fait dérailler la première tentative de regroupement en 2016, l’esprit a changé depuis, selon le préfet des Basques. Nous avons gagné en ouverture.

Il espère que le regroupement des pompiers sur son territoire pourra se concrétiser avant les élections municipales de novembre 2025.

Des avantages significatifs

Si nous combinions nos forces physiques autant que nos forces [financières]nous pourrions envisager de moderniser nos équipements plus rapidement et plus efficacementestime M. Denis, qui donne l’exemple de l’achat éventuel d’un camion échelle. Ce serait envisageable si nous nous réunissions tous pour l’acheter.

Il s’agit d’un avantage notable selon l’Association des directeurs d’incendie et de sécurité civile du Québec (AGSICQ) qui a récemment déposé une note au ministère de la Sécurité publique, à la suite de consultations menées en marge de la réforme. avenir.

Dans ce document, l’Association formule cinq recommandations, dont celle de réduire de moitié le nombre de services d’incendie dans la province. Pour nous assurer de relever les défis qui nous attendent en matière de sécurité incendie dans les années à venirexplique son coprésident, Jean Bartolo.

Le travail est particulièrement au cœur des préoccupations. Depuis quatre ou cinq ans, on constate une difficulté croissante à embaucher des pompiers.révèle M. Bartolo.

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L’Association des directeurs d’incendie et de sécurité civile du Québec recommande à chaque MRC de prendre le temps d’évaluer si un regroupement de services serait rentable. (Photo d’archives)

Photo: Radio-Canada / Mélanie Picard

Une publication récente du ministère de la Sécurité publique, Portrait des services de sécurité incendie du Québec et de leur effectif en 2022indique que le nombre de pompiers dans la province a diminué de 2,7 % entre 2018 et 2022, passant de 20 968 à 20 394.

Il y a à peine 11 mois, les municipalités gaspésiennes d’Escuminac, Nouvelle et Maria déléguaient leurs compétences en sécurité incendie à la Ville de Carleton-sur-Mer.

En ayant un service plus large, nous pouvons avoir plus de volume et devenir ainsi plus attractifs pour le recrutement.souligne le maire, Mathieu Lapointe. On a vraiment vu un impact positif en termes de recrutement.

Désormais, les quatre casernes disposent de tout leur personnel, nous sommes donc en mesure de répondre au plan de couverture des risques. ajoute le maire.

En fin de compte, nous améliorons le service que nous offrons à la population.

Une citation de Mathieu Lapointe, mayor of Carleton-sur-Mer

Le Québec devra investir davantage

Mathieu Lapointe est également président du caucus des villes-centres deUMQcomposé d’une soixantaine de communes urbaines en milieu rural. Ils fournissent des services aux municipalités environnantes.

Lors d’un échange avec le ministre François Bonnardel vendredi dernier, celui-ci a néanmoins fait part de quelques inquiétudes. Nous voulions demander au ministre de tenir compte du rôle que nous jouons au sein du MRC et de venir nous soutenir financièrement pour encourager les regroupementssouligne M. Lapointe.

Il confie que certaines municipalités pourraient hésiter à franchir le pas et prendre d’autres services d’incendie sous leurs ailes en raison des coûts que cela peut engendrer.

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Le maire de Carleton-sur-Mer, Mathieu Lapointe

Photo: Radio-Canada / Jean-François Deschênes

Dans de nombreux cas, une standardisation des pratiques est nécessaire. Cela peut nécessiter des investissements en termes d’équipement, de ressources humaines, de formation.indique le président du caucus des villes centrales.

Jean Bartolo duAGSICQ estime néanmoins que le gouvernement doit à tout prix éviter de forcer les communes à se regrouper. Il y a des endroits où c’est une réussite […]. Il y a d’autres endroits où les distances sont si grandes qu’il faut chercher d’autres solutions.

La consolidation des services n’est pas non plus la recette miracle dans chaque région du Québec.

Une citation de Jean Bartolo, coprésident, AGSICQ

Il faut néanmoins, selon lui, que chacun MRC prenez le temps d’avoir cette discussion. A terme, ce que nous proposons, c’est de réaliser des études d’opportunités qui permettront d’orienter un éventuel regroupement.

Le ministère de la Sécurité publique analyse actuellement les mémoires soumis par les différents partenaires concernés par la sécurité incendie afin d’identifier les orientations de la réforme.

 
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