« COP29, un Bakou dans l’eau ? »

« COP29, un Bakou dans l’eau ? »
« COP29, un Bakou dans l’eau ? »

Les négociateurs n’avaient qu’une chose en tête : trouver une somme de milliards qui permettrait d’éviter que cette COP29 ne se termine par un échec. Le président de la conférence a prévenu que l’accord serait juste si chaque délégation quittait Bakou avec le même mécontentement de payer trop ou de recevoir pas assez. Cela semble être le cas, avec 1 300 milliards de dollars mobilisés par les pays les plus riches d’ici 2035, dont 300 milliards de dollars par an spécifiquement réservés aux pays en développement. Trop pour les contribuables qui dénoncent leurs problèmes de budget et d’endettement, ridiculement peu pour ceux qui subissent les effets du changement climatique sans y avoir contribué.

Cependant, je crois que le problème se situe à un autre niveau. Cela m’étonne que si peu de gens en parlent. Qui exactement paiera, à qui et pourquoi ?

Les pays développés, qui polluent le plus depuis longtemps, ne sont pas nécessairement les plus riches aujourd’hui. Avec des budgets déficitaires et des dettes épouvantables, l’Europe n’est pas en mesure de faire preuve de beaucoup de générosité. Les États-Unis, malgré leur déficit chronique, restent la première puissance mondiale, mais l’arrivée de Trump ne desserrera certainement pas les cordons de la bourse en matière climatique. Il ne reste que le Canada, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande : il n’y a pas de quoi se vanter. Tandis que de nombreux autres pays devraient être associés à cet élan en faveur des plus pauvres.

Le « qui paie » et le « qui reçoit » ont été décomposés par la taille du billet qui a attiré tous les regards. Ils émettent certes depuis moins longtemps des gaz à effet de serre, mais ils comptent aujourd’hui parmi les principaux pollueurs de la planète : Chine, Inde, Brésil, etc. Qu’en est-il des pays producteurs de combustibles fossiles ? Même si le reste du monde utilise également leurs produits, ce sont toujours eux qui les fournissent et, avec les revenus, ils construisent des mégapoles. Alors pourquoi tous ces pays ne devraient-ils pas payer aussi ? Ils sont devenus les plus riches, même s’ils se cachent derrière un salaire moyen qui leur permet de figurer sur la liste des pays en développement. C’est ainsi que certains d’entre eux, non contents de simplement éviter de payer, tentent de s’insérer dans la liste de ceux qui doivent être indemnisés !

Deuxième question : que paye-t-on ?

Bien sûr, il y a une responsabilité de ceux qui sont les plus responsables des émissions de gaz à effet de serre envers le reste du monde, et il est clair qu’il faut aider les pays qui souffrent le plus aujourd’hui. Nous devons construire des barrages, surélever des îles, réparer les infrastructures détruites par les ouragans, compenser les récoltes détruites par la sécheresse ou les inondations. Ce n’est pas aux victimes de payer, et les résultats de la COP29 sont là pour le rappeler. Heureusement. Sans le processus tant décrié des conférences de l’ONU, nous n’en serions même pas là.

Mais lorsqu’il s’agit de construire des infrastructures d’énergies renouvelables bien plus rentables que celles fonctionnant aux énergies fossiles, d’installer des procédés plus efficaces utilisant des technologies propres, d’isoler les bâtiments… bref, de passer d’un monde qui gaspille les énergies fossiles à un monde qui économise les énergies renouvelables, nous sommes dans une logique différente : celle d’un investissement plutôt que d’une compensation. Ici les milliards ne peuvent pas venir des mêmes poches, puisqu’un investissement est par définition rentable, alors qu’un don, une réparation ou une compensation ne l’est pas directement.

Cette réflexion s’applique également à la Suisse, où il y a eu récemment l’adoption de la loi climat et la révision de la loi CO. C’est un pas dans la bonne direction, même s’il reste insuffisant. Sans un engagement clair à orienter les financements vers la transition énergétique, ces lois risquent de rester lettre morte. Le déclin de la Suisse dans le classement international des efforts climatiques, souligné lors de la COP29, en est une preuve éclatante : il ne suffit pas de légiférer, il faut aussi trouver les moyens d’agir.

Si tout cela n’est pas mieux défini, nous continuerons à débattre dans une confusion stérile. Et si nous avons des Azéris à Bakou, nous commencerons à pleurer l’année prochaine lors de la COP30 à Belém, au Brésil.

 
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