15h30, ce vendredi, en salle des comparutions immédiates pour la deuxième affaire de l’après-midi. Le président fait l’appel pour savoir si les parties civiles sont présentes. Au fond de la salle pleine, un homme se lève. Moustache et cheveux blancs, doudoune bleu céleste sur les épaules, il traverse la pièce d’un pas précipité, retenant les débuts de sanglots. Permettez-moi d’exprimer la douleur d’un père adoptif face à cette situation »,
s’en prend au septuagénaire, sa femme restant assise derrière lui. Nous ne pouvions pas avoir d’enfants, alors nous avons ouvert notre maison, nos bras et notre cœur aux autres enfants…
Au fil des années, malgré toute notre attention et tout ce que nous avons pu mettre en place avec l’aide de psychologues, il s’est réfugié dans l’alcool.
L’homme parle de son fils, l’un des deux enfants adoptés par le couple. Celui-ci est au box, jugé pour violences sur son ascendant. Connaissez-vous votre âge ?
demande son avocat, Ramzi Sahli. Je suis né en 1982, j’ai plus de 40 ans
répond l’homme au discours laborieux et aux faux airs de l’acteur Tchéky Karyo.
Appelez le 15
Malade d’alcool depuis des années, il est sujet à des problèmes de mémoire. Le 3 septembre, son père finit par appeler le 15 sur les conseils des pompiers qu’il avait contactés en premier. Insultant “même s’il était dégrisé depuis la veille”, le prévenu s’est également montré violent, giflant notamment sa mère. Des faits reconnus. Était-ce la première fois qu’il était physiquement violent ?
demande le président. C’était la première fois qu’il y avait cette affirmation presque tyrannique
répond le père.
Libéré à l’issue de sa garde à vue avec un contrôle judiciaire lui interdisant de se présenter au domicile de ses parents à Orvault, l’accusé est revenu cogner à la porte en pleine nuit. Monsieur comprend les interdits mais ne les respecte pas, il y a une part de détresse sociale mais une autre part de toute-puissance »,
fait valoir Elsa Guyon, la procureure.
Le tribunal décide de donner suite à ses réquisitions en prononçant une peine de six mois de prison avec maintien en détention, plus six mois de mise à l’épreuve. L’homme était connu de la justice pour des faits de vols, dégradations et violences sur son ex-compagne.
