Le cirque national d’Ukraine exporte sa culture en Bretagne, loin des bombes

Le cirque national d’Ukraine exporte sa culture en Bretagne, loin des bombes
Le cirque national d’Ukraine exporte sa culture en Bretagne, loin des bombes

Vous avez présenté votre spectacle, « Miracle de Noël », sur la scène du Palais des congrès de Loudéac (22), ce vendredi 22 novembre. Comment le cirque national ukrainien a-t-il survécu malgré la guerre ?

Lorsque la guerre a éclaté, le 23 février 2022, nous étions à l’arrêt pendant trois mois. Les gens eurent peur et quittèrent la ville. Je vivais avec mes collègues et une dizaine de personnes à l’intérieur du cirque national, avec les 60 animaux. Il s’agit d’un bâtiment de 14 000 m² au cœur de Kyiv. C’était la période la plus difficile. Après le couvre-feu, nous ne pouvions plus sortir dans la rue, au risque de nous faire tuer. Il y avait un incendie dehors. Le matin, nous avons vu les corps. C’était terrible. En juin, nous avons commencé les répétitions et nous avons rejoué en juillet.

Est-ce de là que vient cette émission ?

Les premiers spectacles que nous proposions étaient ouverts à tous, les gens laissaient de l’argent dans le chapeau s’ils le voulaient. Cela a fonctionné. Puis Véronique [directrice artistique, NDLR]créé autour d’une dizaine de pièces, « Christmas Miracle » en fait partie. Nous créons beaucoup pour gagner de l’argent et conserver le bâtiment. Ce grand voyage en est le plus gros projet de notre cirque de notre histoire.

Pourquoi avez-vous dû vous installer à l’intérieur même du bâtiment ?

Avant, je vivais dans une grande maison dans la banlieue de Kiev, au bord de la mer intérieure. Un missile est arrivé, nous avons tout perdu, notre patrimoine, nos meubles. Moi-même, je ne pouvais pas mettre de chaussures, je n’avais pas de costumes, tout avait disparu. Ma femme est tombée malade, elle est partie deux mois plus tard. Nous avons emménagé dans le bâtiment.

Comment se porte la culture en Ukraine ?

Heureusement, nous n’avons pas perdu le cirque. Mais avant la guerre, nous avions treize théâtres nationaux, aujourd’hui, il n’en reste plus que six. Les autres tombèrent sous les bombes. Pour soutenir nos bâtiments, c’est difficile, c’est pourquoi nous avons besoin d’argent. Imaginez, ce Palais des Congrès, ici à Loudéac, il y a 550 places. À Kyiv, c’est 2 000 places.

Fin décembre, nous partons pour Kyiv. On n’a pas peur de la guerre, des critiques, on travaille, on prépare notre spectacle traditionnel

Les gens sont-ils recherchés ?

C’est différent d’avant. On ne crie pas de joie, mais on sourit. À l’intérieur [du pays, NDLR]les gens et les enfants veulent vivre. Des millions de personnes y vivent encore.

Présenter ce spectacle traditionnel ukrainien en Bretagne et en France, est-ce, quelque part, exporter sa culture ?

Nous sommes là précisément pour cela. Le but est de présenter notre culture et notre peuple, de dire que nous existons. Ils disent que nous n’existons pas. Comment ça ? Mais je suis là. Ce spectacle est présenté dans 33 autres villes de France. Fin décembre, nous partons pour Kyiv. Nous n’avons pas peur de la guerre, des critiques, nous travaillons, nous préparons notre spectacle traditionnel. Nous sommes heureux de pouvoir le faire au centre de la guerre, dans la capitale.

France

 
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