Lundi 28 octobre 2019, les gendarmes ont été alertés du suicide d’une femme, à Trévenans, petite commune à une quinzaine de kilomètres de Belfort. La victime s’appelle Marie-Claude Franz. C’est sa fille qui a appelé à l’aide. Elle vient d’être prévenue par son beau-père, Fabrice Franz, qui a découvert le corps.
Les policiers poussent la porte de la chambre du couple. Marie-Claude Franz, 65 ans, habillée et maquillée pour la journée, pieds nus, est allongée droite comme un i sur le lit. La tête repose sur un oreiller taché de sang. Un impact de balle est visible sur le front, côté gauche. La victime était cependant droitier.
Fabrice Franz, 54 ans, explique son suicide par l’état dépressif de son épouse, mais aussi à cause de la tension qui régnait depuis plus d’un an entre l’épouse et sa fille Sandra unique, née d’une première union. “Sandra est le premier à avoir des doutes. Oui, sa mère souffrait de dépression, mais elle ne se serait jamais suicidée, » raconte Virginie Selvetti, journaliste qui a travaillé sur cette affaire. Ce 28 octobre, ils devaient se retrouver pour un déjeuner et Marie-Claude était ravie. Surtout, Sandra explique que sa mère avait peur des armes à feu.
L’enquête se concentre sur un fameux désaccord autour du patrimoine familial. Interrogé, un notaire indique que Fabrice Franz a tenté de faites signer certains papiers à votre belle-fille, Sandra Écarnot. Il a mis en garde Sandra contre cette opération : « Un tel projet risquait de la déshériter totalement », indique le notaire.
Comportement douteux
La police va de surprise en surprise. Ils découvrent que le mari a une maîtresse. Le couple adultère se fréquente depuis plus de trois ans. Ils se sont retrouvés clandestinement dans un hôtel de la région et ont même envisagé de vivre ensemble. Marie-Claude était-elle devenue un obstacle à leur union ?
« L’orientation du traumatisme crânien, avec le fait qu’il est plutôt à gauche alors que la victime est droitière. L’attitude déroutante de Fabrice Franz qui va contacter de nombreux témoins en faisant passer des messages selon lesquels elle était effectivement suicidaire. Ce comportement, cette façon de vouloir exploiter les témoins, les efforts déployés pour cacher l’existence de sa maîtresse sont autant d’éléments qui vont orienter les enquêteurs vers lui, rapporte Me Jérôme Pichoff, avocat de la fille et des frères et sœurs de Marie-Claude Franz.
Mercredi 4 novembre 2020, Fabrice Franz et sa maîtresse, Isabelle, ont été placés en garde à vue. La jeune femme est rapidement disculpée. Le mari reconnaît certes sa liaison extraconjugale, mais il certifie que Marie-Claude était déprimée. Cependant, au fil des heures de garde à vue, il semble de plus en plus perdu. Il finit par dire qu’il se voit à nouveau comme dans un rêve, tenant un pistolet. “Oui, c’est moi qui ai tiré”, a-t-il déclaré.
Lundi 14 décembre 2020, Fabrice Franz est devant le juge d’instruction de Montbéliard. Il revient sur ses aveux : il détenait l’arme qui a tué sa femme le 28 octobre 2019, mais ne l’a pas tirée. Franz explique que ce matin-là, sa femme était triste et tenait un pistolet au-dessus de son front. Il indique s’être approché, ayant délicatement posé la main sur l’arme désarmer le chien. Il précise que Marie-Claude a déménagé. Le coup de feu est parti.
Sandra, la fille de la victime, dresse un sombre portrait de l’accusé. « J’ai toujours soupçonné mon beau-père. J’ai toujours pensé qu’il était responsable de la mort de ma mère. Jeudi 21 septembre, après trois heures et demie de délibéré, Fabrice Franz a été condamné à trente ans de prison.
Invités de « Hour of Crime »
– Me Jérôme Pichoff, avocat au barreau de Besançon, avocat de la fille et des frères et sœurs de Marie-Claude Franz.
– Virginie Selvetti, journaliste qui a travaillé sur cette affaire, notamment pour Chroniques Criminelles.
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