En plus de sa peine de 12 mois de prison avec sursis hier, le troisième ligne fidjien américain Dax Ratu Nacika sera-t-il sanctionné par son club ? Selon le président de l’US Dax, Benjamin Gufflet ce vendredi sur France Bleu Gascogne, «une procédure disciplinaire interne est en cours« . Cependant, Benjamin Gufflet ne commente pas au-delà de ces quelques mots : «L’US Dax prend acte de la décision du tribunal, dont la mission est de sanctionner, réparer et garantir la tranquillité publique pour l’avenir. Le club ne fera aucun autre commentaire car une procédure disciplinaire interne est en cours.« .
12 mois de prison avec sursis
Le troisième ligne fidjien de l’US Dax, Ratu Nacika, a été condamné ce jeudi par le tribunal judiciaire de Dax pour agressions sexuelles sur deux employées de deux bars différents de la place de la Fontaine-Chaude à Dax (Chez Sophie et le Txupinazo), violences contre un client et dommages à la porte d’un des bars.
Ratu Nacika, 27 ans, a été le premier à être jugé ce jeudi dans l’affaire de cette soirée bien trop arrosée de la nuit du samedi 2 au dimanche 3 novembre dernier dans les bars de Fontaine-Chaude à Dax. L’autre joueur également concerné, Jope Naseara, sera jugé en mai prochain.
Ce jeudi au tribunal de Dax, au terme d’un procès qui a duré près de 2h30, la présidente de l’audience a prononcé ce qu’elle a appelé «une phrase d’avertissement pour une soirée isolée dans un parcours de vie« . Ratu Nacika a donc été condamné à un an de prison avec sursis et à une interdiction de se rendre pendant trois ans dans les deux bars où travaillent les victimes, ainsi que d’entrer en contact avec elles.
La défense a plaidé l’acquittement
“Aujourd’hui je vous demande de juger l’homme, pas le rugbyman professionnel», a plaidé Maître Nathalie Brethous. L’avocat du joueur fidjien demande sa libérationcroyant qu’il y en avait dans le dossier, “ce qui ne plaira pas aux parties civiles“, seulement des témoignages, aucune preuve matérielle.”Une accusation ne prouve rien», a lancé l’avocat en réponse au parquet, qui a expliqué que les victimes n’avaient rien à gagner à accuser le joueur.
Libération demandée et pourtant, le colosse fidjien, essuyant parfois une larme à la barre, s’excuse… s’excuse pour ce qu’il a fait… tout en expliquant qu’il ne savait pas ce qu’il avait fait, victime d’amnésie ce soir-là à cause de l’alcool consommé en très grandes quantités. Lorsque le traducteur se penche sur le rugbyman, mesurant près de 2 mètres et pesant 120 kilos, pour tenter de lui soutirer quelques réponses face aux questions du tribunal qui ne l’épargnent pas, c’est à voix basse que Ratu Nacika répond en Anglais: “Je ne sais pas… Je ne me souviens pas et je ne me reconnais pas dans ce que j’ai fait. Je suis désolé, j’ai honte.
Les témoignages des victimes lors de la procédure le décrivent cette nuit-là comme «effrayant, impressionnant», ce jeudi à la barre du tribunal, Ratu Nacika a les mains croisées devant lui, un peu comme un petit garçon qu’on gronde, la tête baissée.
Mais cette nuit du 3 novembre, le joueur n’avait rien d’un petit garçon. “Je n’avais jamais autant bu“, raconte Ratu Nacika. “C’est une circonstance aggravante, cela n’excuse rien», rappelle le tribunal.
“Incontrôlable”
Les victimes accusent. Une première serveuse à avoir été réalisée toucher les fesses et la poitrineune autre dans un autre bar, qu’il a frotté contre ses fesses dans un geste explicitement sexuel avant de l’insulter et de lui crier dessus. Un client a porté plainte suite à une grosse claque à la mâchoire reçue du colosse. “Il avait de la rage dans les yeux», précise ce dernier. Et tous les témoignages recueillis par les enquêteurs décrivent des scènes de chaos et deux joueurs, Ratu Nacika et Jope Naseara, complètement déchaînés, incontrôlables ce soir-là, urinant dans un bar, se battant même entre eux.
“J’ai très peur”
Lors de l’étude de la personnalité de Ratu Nacika par les magistrats lors des débats, il a d’abord été constaté que le joueur n’avait pas pas de casier judiciaire. « Vous n’avez pas peur que si vous êtes condamné, cela ait un impact sur votre carrière ? », demande le tribunal au joueur. ” Oui, j’ai très peur », répond le rugbyman. ” Votre club a-t-il déjà pris des sanctions professionnelles à votre encontre ? », poursuit le président de l’audience. ” Non », répond le Fidjien.
Un manque de sanction qui irrite Maître Catherine Laforêt, l’avocate d’une des serveuses agressées : « Je trouve cela inacceptable. Je considère qu’il s’agit d’une validation implicite du comportement. Ils restent les dieux du stade, évidemment, ils ont le droit de tout faire. » Dans la salle d’audience ce jeudi, seul Jeff Dubois, le directeur sportif de l’US Dax, a fait le déplacement.
Comme indiqué plus haut, Benjamin Gufflet affirme qu’une procédure disciplinaire interne est en cours. Lorsque les joueurs ont été placés en garde à vue, il a déclaré : « Dl’issue dépendra notamment de la gravité des faits établis et de la capacité de ses salariés à s’amender. » Même si la date de prononcé de cette procédure disciplinaire n’a pas été communiquée, le club s’est toutefois engagé » la création d’un programme de prévention des risques pour les joueurs », dont les premiers ateliers devraient débuter d’ici la fin de ce mois de novembre.
À la sortie du tribunal ce jeudi soir, Maître Nathalie Clément, avocate d’une des victimes d’agression sexuelle, s’est exprimée « une peine juste pour mon clientnotamment avec l’interdiction pour le joueur de retourner dans les bars concernés « . L’avocat du rugbyman, Maître Brethous, qui a plaidé la relaxe, a expliqué qu’elle et son client se laissaient un peu de temps, jusqu’à la semaine prochaine, pour envisager un éventuel appel de la décision.