Dans l’imaginaire collectif, ils sont décrits comme des fous, voire des monstres. Pourtant, les auteurs de violences sexuelles sur mineurs sont souvent plus proches des victimes qu’on ne le pense. Dans la plupart des cas, ils sont même liés à la victime. Un constat qui n’est pas réservé à la Polynésie, comme le souligne la sociologue Lucile Hervouet.
« Il existe des représentations de certains milieux plutôt que d’autres, mais en réalité c’est un problème réparti au sein de la population. […] Ce que l’on sait aussi, c’est que ces auteurs ont tendance à avoir des justifications à leurs actes, qui sont liées par exemple à la culture, qui sont liées à la religion, à l’autorité du père, puisque celles-ci sont chez la grande majorité des hommes. L’important pour nous sociologues et tous les acteurs présents, c’est de pouvoir déconstruire ces excuses et non de se les approprier.. »
Parce que rien ne peut justifier la violence selon la loi. Pour accompagner les auteurs de violences et leur offrir une prise en charge adaptée ou prévenir le passage à l’acte, en France les CRIAVS, Centres de ressources des intervenantes auprès des auteurs de violences sexuelles, ont créé un service téléphonique d’orientation et de prévention, le dispositif STOP. Les professionnels du secteur réfléchissent déjà à la mise en œuvre de ce système au Fenua.
« La première chose est de faire une évaluation très rigoureuse. Car il existe des profils très différents. Il n’y a aucun auteur de violences sexuelles. Donc, on ne traitera pas de la même manière quelqu’un qui souffre d’un trouble pédophile ou quelqu’un qui a commis des violences sexuelles incestueuses ou quelqu’un qui a commis des violences sexuelles dans un contexte d’alcoolisme massif”, explique-t-il. Anne-Hélène Moncany, psychiatre et présidente de la Fédération française des centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles.
Et le médecin d’ajouter : « La première chose est l’évaluation. À partir de là, nous aborderons les problèmes que nous identifions. S’il s’agit de troubles pédophiles, nous ferons de la psychothérapie et éventuellement des traitements pharmacologiques. S’il s’agit d’addictions, puisque nous savons que les addictions rendent l’acte beaucoup plus facile, nous l’aborderons en premier.. »
Si les profils des auteurs de violences sexuelles sur mineurs sont différents et variés, 30% d’entre eux ont eux-mêmes été victimes de violences sexuelles dans leur jeunesse. Et dans 90 % des cas, ils ont également été victimes de maltraitance sur enfants. Chiffres non exhaustifs. La révélation de ces faits reste encore taboue.
« La plupart des auteurs actuels ont été des victimes hier et n’ont malheureusement pas été reconnus comme tels. Il y a donc déjà beaucoup de travail à faire pour les amener à parler de leur passé, ce qui peut les aider à comprendre leurs actes. C’est aussi un travail très personnel. La personne doit déjà s’accepter, se pardonner. Et que la société donne une chance à tous ceux qui, à un moment donné, ont commis des erreurs », estime Maria Taruaura, consultante pour l’insertion pénitentiaire et la probation
Des personnes dont le suivi à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur des lieux de détention, peut encore être amélioré. C’est aussi l’un des objectifs de ces Conférences : harmoniser les actions des différentes parties prenantes.