Il y a des concerts qui, pour certains fans, durent un twist inattendu, mais surtout inoubliable. C’est ce qui est arrivé à Écossais Halpinpuis une jeune étudiante d’à peine 19 ans, venue assister au concert de son groupe préféré, The Who, le 20 novembre 1973 au Cow Palace de Daly City, Californie. Une date importante pour Pete Townshend, Keith Moon, Roger Daltrey et John Entwistlequi entamaient la toute première représentation aux Etats-Unis de leur tournée Quadrophénie.
Keith Moon complètement défoncé en pleine performance
Ce soir-là, et comme tous les autres soirs, Keith Moon, affectueusement surnommé « Moon the Loon » – autrement connu sous le nom de Crazy Moon – a légèrement abusé de certaines substances illicites. Au menu du jour : une bonne dose de cognac, mais surtout une très grande quantité de kétamineun tranquillisant connu dans la communauté équine et particulièrement efficace pour détruire tout individu humain. Si la drogue faisait partie du lot commun de nombreux groupes de rock de l’époque, cette fois-ci, la mayonnaise ne prend pas : au lieu d’être plein d’énergie, Keith Moon veut faire sa meilleure sieste.
Malgré toutes les substances qu’il a dans son corps, le batteur légendaire parvient à tenir au moins jusqu’à la quinzième chansonavant de s’effondrer en pleine prestation sur Je ne me laisserai plus tromper. Très vite, le musicien est mis hors de vue, où il reçoit une bonne dose de cortisone et un jet d’eau froide, tandis que le guitariste Pete Townshend occupe le public avec quelques blaguesapparemment rien.
30 minutes plus tard, Keith Moon est de retour. Complètement ivre et défoncé bien sûr, mais il veut continuer à jouer. Il s’assoit alors devant sa batterie, et le groupe se lance alors dans Bus magique. Mais quelques secondes plus tard, encore une fois : Moon s’effondre sur ses tambours.
Un sauveur de seulement 19 ans
Alors que Moon est amené dans les coulisses, le groupe continue de jouer sans batterie, avec une idée en tête. : trouver un remplaçant. Dans les cartons, il y en a beaucoup Artemus Pyle, qui n’est rien de moins que le batteur du groupe Lynyrd Skynyrdmais ce dernier ne veut pas le remplacer, car il ne connaît pas les chansons de The Who. Alors, faut-il arrêter le concert ? Pete Townshend a une autre idée : solliciter quelqu’un du public.
C’est là qu’un jeune homme lève la main, désignant celle qui l’accompagne : son ami Scot Halpin, musicien, et surtout grand fan du groupe. Pendant 30 minutes, Scot, paralysé par le stress, a réalisé le rêve de nombreux fans : joue avec tes idoles. Il fera deux reprises de Loup hurlantainsi qu’un titre original, Œil nu. Si Scot partait ce soir-là avec une veste de groupe et leur reconnaissance éternelleil est surtout rentré chez lui avec des souvenirs inoubliables.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là : des années plus tard, Scot Halpin est décédé à l’âge de 54 ans en 2008. Son épouse a alors pris l’initiative d’écrire à Peter Townshend pour l’informer du décès de son compagnon. Ce dernier prendra le temps d’écrire une lettre pleine d’émotions, qui sera lue lors des funérailles de Halpin. Un geste fort, qui montre que le musicien n’a jamais oublié ce que Scot avait fait pour le groupe.