Petronas quitte le Soudan du Sud après près de 30 ans d’exploitation pétrolière, accusant le gouvernement de bloquer la vente de ses actifs. Le départ de la compagnie pétrolière malaisienne, dans un contexte de crise environnementale et de déclin économique, soulève des questions sur l’avenir de l’industrie de l’or noir dans le pays le plus jeune du monde.
Seule Source de revenus de l’État sud-soudanais, l’industrie pétrolière est en pleine crise. La production est passée de 300 000 barils par jour au moment de l’indépendance en 2011 à moins de 50 000 barils en 2024, en grande partie à cause de la guerre au Soudan.
Pour Boutros Manani Magaya, président de la sous-commission du pétrole de l’Assemblée nationale, le départ de Petronas est un coup dur : « Pourquoi n’y a-t-il pas eu davantage d’investissements dans ce secteur pour augmenter la production ou la maintenir au même niveau ? ? Cela pose vraiment des questions. Nous savons que le Soudan du Sud possède d’importantes réserves de pétrole. Pourquoi Petronas et d’autres entreprises n’ont-elles pas continué à investir dans le secteur ? ? »
Pollution signalée
Les raisons pourraient être trouvées dans les prochains audits financiers et environnementaux, qui pourraient expliquer ce départ précipité.
Les accusations de pollution liées à l’industrie pétrolière ne cessent de se multiplier. Gizam Moses, représentant de la Coalition de la société civile pour les ressources naturelles (CSCNR), évoque de graves conséquences pour les populations locales : « Nous avons reçu de nombreux rapports faisant état d’enfants nés avec de graves malformations dues à l’exposition des femmes enceintes à la pollution pétrolière. Ces histoires indiquent clairement que nos lois régissant l’exploitation des ressources naturelles ne sont pas respectées par les entreprises opérant dans notre pays. »
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Les entreprises appelées à rendre des comptes
Pour Joseph Africano Bartel, sous-secrétaire du ministère de l’Environnement, les entreprises responsables ne pourront se soustraire à leurs obligations, même après leur départ : « Quiconque est arrivé dans ce pays avant l’indépendance, profitant de l’absence de lois et de contrôles, pensant gagner de l’argent en négligeant l’environnement, devrait y réfléchir à deux fois. Parce qu’ils ne disparaîtront pas. Petronas ou toute autre société opérant au Soudan du Sud et ne protégeant pas l’environnement sera tenue responsable. »
Bartel cite en exemple les 12 milliards de dollars que la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell a dû verser aux victimes de la pollution pétrolière dans le delta du Niger.
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