Que peuvent faire les consommateurs pour aider leur agriculture ?

Que peuvent faire les consommateurs pour aider leur agriculture ?
Que peuvent faire les consommateurs pour aider leur agriculture ?

Les agriculteurs sont très populaires dans l’opinion publique. Leur précédente mobilisation avait été approuvée par 87% des Français, selon une étude du cabinet Elabe. Mais si l’on demande de l’aide, à quoi le consommateur est-il prêt pour son agriculture ?

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Que pouvons-nous faire individuellement pour préserver notre agriculture ? Pour Clément, 42 ans, la réponse est simple. Il a réduit sa consommation de viande d’une fois par jour à deux repas par semaine. « Désormais, je donne la priorité à la qualité de la viande, même au prix de la payer plus cher à la boucherie. C’est ma façon de soutenir les agriculteurs», explique le plombier-thermicien, rencontré dans une galerie marchande de la périphérie de Caen. Pour un morceau de bœuf ou un poulet fermier, vous dépensez environ 10 euros de plus qu’au supermarché.

J’ai drastiquement réduit ma consommation de viande et je l’achetais uniquement chez mon boucher.

Clémente

Ingénieur thermo-hydraulique

Si les produits carnés restent le principal poste de dépense alimentaire des ménages, selon l’INSEE la part consacrée à la viande fraîche d’abattage a diminué de 17 % entre 2009 et 2019. En France, les familles consacrent 20 % de votre budget alimentaire. Une part budgétaire globalement stable depuis la fin des années 1990, s’élevant à 22 % en 2022 dans une période de forte inflation.

Emmanuel, qui paie 1 euro de plus le kilo de pommes de terre pour soutenir l’agriculture française, n’y est pas opposé. «Mais on n’a pas toujours sous les yeux ce qu’on aimerait manger», constate le quinquagénaire, habitué des magasins hard discount. En magasin ce mardi matin, il sélectionne ses fruits et légumes en fonction de leur aspect, en fonction du rapport qualité-prix.

Même constat pour Cyriella, mère au foyer avec quatre enfants à charge. « Malheureusement je regarde les prix, quand je peux je choisis des fruits français, mais les légumes coûtent parfois trois fois plus cher que les importés ».regrette la jeune femme, rencontrée à la sortie d’un supermarché. Pour elle, “avoir la possibilité d’une consommation française serait plus logique pour soutenir les agriculteurs”.

La consommation de produits alimentaires locaux est plus élevée chez les familles de la catégorie socioprofessionnelle CSP+ et chez les personnes âgées.

Louis Lebredonchel

Chercheur à l’Université de Caen

Au cours de la dernière décennie, le soutien aux agriculteurs et aux éleveurs a été la principale raison pour laquelle les consommateurs achètent des produits locaux. « À cette forme de patriotisme alimentaire s’ajoute la confiance que les Français accordent aux produits agricoles qu’ils estiment de meilleure qualité. Enfin, certains font aussi ce choix par sensibilité écologique”Luigi explique Lebredonchel, chercheur à l’Université de Caen et spécialiste en nutrition et santé.

Laurence achète ses légumes au marché depuis des années et va de temps en temps les chercher à la ferme d’Hermanville, à des dizaines de kilomètres de Caen. La vente directe lui permet de rencontrer les petits agriculteurs locaux et de garantir l’origine des produits. « En Normandie, nous avons vraiment un large choix de légumes. Parfois, je me permets le luxe d’acheter des produits bio, mais ils sont généralement beaucoup plus chers.” témoigne le technicien de laboratoire, contre l’utilisation de pesticides.

Comme Laurence, faire les courses est une vieille histoire pour Justine. Il ne s’y rend qu’à de rares occasions : «Je consomme tout en court-circuit, sauf les produits ménagers sourit le webdesigner de 32 ans, en sortant d’une boutique du centre de Caen. Mon budget alimentaire a explosé, mais je considère que manger plus sainement est un préjugé.” Une liberté que la jeune femme a conquise en même temps que son indépendance économique.

Les finances sont au cœur du problème. La plupart des consommateurs sont sensibles aux produits français, voire locaux, mais les budgets familiaux ne sont pas extensibles. La consommation en tant qu’acte politique est une excellente idée, mais elle ne peut pas toujours être mise en œuvre.

 
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