La vente des vins des Hospices de Beaune, grand-messe du luxe et de la charité, est restée loin des records ce dimanche 17 novembre, en raison d’un nombre de lots réduit et malgré la présence de quatre stars, dont Eva Longoria et Jean Reno. Le lot phare de ces ventes aux enchères, le plus ancien du genre au monde, n’a été adjugé « que » pour 360 000 euros, plus un don supplémentaire de 100 000 euros, malgré les harangues des stars appelées à la rescousse pour dynamiser les enchères. vente.
« Faites de bonnes enchères. Ce que vous achetez aujourd’hui représente des vies sauvées”, a déclaré le Britannique Dominic West, connu pour son rôle de Charles III dans la série “The Crown”. « Aidez-nous à aider les autres. Merci beaucoup », a ajouté le Français Jean Reno.
Un faible nombre de lots
Il s’agissait d’un fût de Beaune Premier Cru vendu au profit de deux associations : Médecins sans frontières (MSF), représenté à la vente par Dominic West et Zabout Breitman, et l’ONG espagnole Global Gift Foundation (GGF), qui contribue à enfants vulnérables et dont les ambassadeurs commerciaux étaient Jean Reno et Eva Longoria.
Le prix obtenu est très loin du record de 810 000 euros obtenu en 2022 pour ce type de « pièce de charité », un fût de 228 litres (soit 288 bouteilles de 75 cl) réservé à une association caritative autre que les quatre hôpitaux publics et cinq Ehpad gérés. par les Hospices de Beaune. Mais les enchères dépassent tout de même celle de 2023 (350 000 euros).
Les autres barriques proposées à la vente, destinées aux travaux principaux des Hospices, n’ont pas affolé les ventes des quelque 800 enchérisseurs réunis dans la « capitale » des vins de Bourgogne, à Beaune (en Côte-Or). La vente est en tout cas limitée par le nombre limité de lots. Seules 445 pièces doivent passer aux enchères, plus trois tracts (demi-tonneaux), soit le deuxième plus petit nombre de lots de l’histoire de la vente.
Des prix qui ont doublé
La faute à une météo capricieuse qui a réduit les vendanges « de moitié par rapport à l’habitude », souligne Ludivine Griveau, gérante du domaine viticole des Hospices. « C’est le quatrième millésime le plus humide depuis 1959, avec +87 % pour la Bourgogne », explique-t-elle.
La vente “ne battra donc pas le record” du chiffre d’affaires total de 2022 (29 millions d’euros), reconnaît Albéric Bichot, patron de la maison du même nom et premier acheteur aux enchères de Beaune. Le chiffre d’affaires total devrait même rester inférieur au chiffre de 2023 (23,3 millions d’euros), qui proposait 768 pièces.
Mais l’accalmie des prix pourrait être la bienvenue. « Un relâchement des prix à des niveaux d’il y a quatre ou cinq ans ramène de la clientèle », souligne Albéric Bichot. Le prix moyen par pièce vendue a en effet plus que doublé, passant de 16 849 euros en 2018 à 35 980 euros en 2022, porté par une demande qui ne baisse pas.
La Corée, grande fan du vin français
« L’intérêt pour la Bourgogne reste plus fort que jamais », souligne Marie-Anne Ginoux, directrice générale de Sotheby’s France, leader mondial des ventes aux enchères de vins, qui gère celles de Beaune. Notamment en Asie : « La Corée est en train d’exploser », se réjouit Guillaume Koch, directeur des Hospices. Pour preuve, c’est une œnologue d’origine coréenne, Jeannie Cho Lee, qui vient de succéder à un Britannique comme consultante du domaine viticole des Hospices.
La clientèle asiatique représente 42% du chiffre d’affaires des ventes de vins organisées dans le monde par Sotheby’s, selon la maison de ventes. La proportion est similaire à Beaune. Faute d’un nombre suffisant de lots, ce dynamisme ne suffira pas à augmenter les recettes totales, sur lesquelles comptent les Hospices pour l’entretien et la modernisation de leurs structures, poste de dépense non subventionné par l’Etat.
Depuis leur création, les Hospices vivent de dons réalisés principalement à partir de vignes, comme bien sûr en Bourgogne. Au fil des siècles, pas moins de 60 hectares de vignes ont été amassés. Le domaine viticole, composé à 85% de Premiers et Grands Crus, est l’un des plus prestigieux au monde. “L’argent de la vente est vital”, souligne Guillaume Koch.