Le centre hospitalier Dar Al Amal de Baalbek est situé dans une région en zone rouge. L’armée israélienne a demandé son évacuation mais, sur place, le personnel médical a refusé de partir.
Publié le 17/11/2024 09:04
Mis à jour le 17/11/2024 10:28
Temps de lecture : 3 minutes
Un toutes les demi-heures : c’est le taux de mortalité, en moyenne, sous les bombardements israéliens au Liban depuis lundi 11 novembre. Au total, depuis le début du conflit, il y a eu près de 3 500 morts et plus de 15 000 blessés. Les hôpitaux sont parfois débordés. A Baalbek, dans l’est du pays, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de la ville et poursuit ses bombardements meurtriers. Le plus grand centre hospitalier de la région est désormais en zone rouge, menacé, mais les agents de santé refusent d’évacuer. Une situation extrêmement tendue.
À l’hôpital Dar Al Amal de Baalbek, un garçon de 3 ans se tord de douleur. Il y a trois jours, Céline a survécu à une attaque israélienne dans son village de Bouday. Hussein, son oncle, est à ses côtés : « Ses parents, ses frères et sœurs ont tous été tués. Elle a trop de fractures, est complètement traumatisée et fait des crises de panique. Le petit garçon est couvert de brûlures et de bandages. Les médecins n’ont pas pu sauver sa jambe droite. Elle attend toujours une nouvelle intervention chirurgicale, mais depuis le début du mois, l’armée israélienne a décrété que l’hôpital se trouvait en zone d’évacuation.
Ali Allam, le réalisateur, fait le point sur cette situation très difficile. « Nous laissons les patients décider. La dernière fois, nous avons reçu par téléphone un ordre d’évacuation israélien nous indiquant que nous étions proches des intérêts du Hezbollah. C’est illégal, mais qui est là pour leur rappeler la loi ? demande-t-il. En fin de compte, il y a une chose plus importante que nos vies, c’est notre mission humanitaire. Alors nous ne partirons pas. »
Le personnel explique que depuis le début du mois, plusieurs dizaines de patients arrivent chaque jour. La plupart sont des déplacés, touchés dans des zones qui n’ont pas reçu d’ordre d’évacuation. Au dernier étage, Zeina s’occupe des couveuses pour nouveau-nés prématurés et blessés de guerre : « Nous avons reçu un enfant qui se trouvait à proximité d’une explosion, couvert de verre sur le corps et le visage. Et nous avons aussi eu Mariam, une enfant dont le crâne a été fracturé suite à un coup.”
Dans la petite pièce, certains survivent grâce à l’oxygène : « Nous avons des enfants qui sont trop fatigués… Si jamais nous partons, nous ne pourrons pas les emmener avec nous. Nous devrons prendre ceux qui ont une chance de survivre. Les victimes continuent d’affluer aux portes de l’hôpital. Un camion frigorifique vient d’être transporté pour servir de morgue temporaire. Celui de l’hôpital est plein.
Le plus grand hôpital de l’est du Liban poursuit son activité, malgré les ordres d’évacuation d’Israël. Reportage d’Arthur Sarradin.
“>
écoute (2min)