RMC Sport vous emmène dans la bulle de sécurité installée autour du Stade de France lors du match à enjeu entre la France et Israël (0-0), jeudi 14 novembre en Ligue des Nations.
16h15, la place du Stade de France est toujours ouverte à la circulation piétonne. A l’approche du match le plus délicat de l’année entre la France et Israël (0-0) sur le sol national, le calme règne au nord de Paris. Dans quelques secondes, les unités de forces mobiles (UFM) démontreront que cette soirée ne sera pas comme les autres. Positionnés autour de la clôture, ces MENA s’alignent et entament l’évacuation de la place entourant la clôture Saint-Denis. Le périmètre antiterroriste entre en vigueur. La zone est totalement évacuée et les personnes accréditées sont les seules à pouvoir pénétrer dans cet endroit qui borde la clôture. Les autorités établissent deux niveaux de filtrage. Après un premier contrôle d’identité, des contrôles et des fouilles sont également effectués par 1 600 agents de sécurité.
L’endroit le plus sûr de la région parisienne
Dès lors, « c’est un peu le défilé du 14 juillet », comme le résume avec un sourire un policier en patrouille ce jeudi soir. Les unités mobiles affluent au Stade de France. A tel point que certaines ruelles sont totalement bloquées par les véhicules mobiles de la gendarmerie. Moins de quatre heures avant le départ de ce France-Israël, les 2 500 policiers et gendarmes sont parfaitement visibles. En uniforme mais aussi en civil, parmi les rares supporters qui commencent à rejoindre le repli, dans le calme, sans agitation. L’ambiance reste morose.
Le Stade de France deviendra, le temps d’une soirée, le lieu le plus sûr de la région parisienne. La relation police/fans est si impressionnante que ces images marquent les premiers spectateurs arrivant sur la place du Stade de France. Il y a du bleu partout, avec en moyenne un policier pour quatre spectateurs. Jamais durant cette soirée les points de filtration installés autour de la clôture ne seront surchargés. Un peu plus de 13 000 spectateurs seront présents à ce match (16 000 officiellement), l’afflux est continu mais loin (très loin) d’être impressionnant. L’ambiance ne décolle jamais, seuls quelques drapeaux israéliens flottent devant le Stade de France. Les supporters des Blues resteront les plus visibles à l’extérieur de l’enceinte.
Mais la situation dégénère rapidement à 18h55. La délégation de l’État juif arrive depuis son hôtel, situé à proximité du Stade de France. Un hélicoptère de la police survole la zone. Au sol, l’escorte policière est impressionnante pour les deux bus en sélection. Encerclés par le BRAV-M, le RAID et plusieurs fourgons de police, ils arrivent à toute vitesse dans les sous-sol du stade. Du jamais vu pour une équipe de football en France. Les policiers et gendarmes en poste dans l’enceinte peuvent désormais s’essuyer le front pour éliminer la première goutte de stress. Le convoi, qui a provoqué quelques tensions entre les différents acteurs, pénètre dans les coulisses du Stade de France. Une arrivée paisible. Mais la soirée est loin d’être terminée. Parallèlement, les autorités gardent un œil sur la manifestation pro-palestinienne qui aura lieu à quelques kilomètres du stade. Même si elle n’a jamais été débordante, l’attention suscitée par cette réunion a été significative. Un exemple typique de ce que craignent les policiers.
Des partisans israéliens sont sortis du bus sous escorte de la BRI
Quelques étages au-dessus du parking, au 5ème étage, dans la salle de sécurité du stade, c’est l’heure du rassemblement. A 19h20, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, et le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, entrent dans ce lieu où règne le calme entre les différents services (BSPP, Raid, BRI, Préfectures, FFF, etc.). ). Les opérateurs s’expriment à voix basse devant des dizaines d’écrans équipés des caméras de vidéosurveillance du stade. A cette heure de la soirée, aucune alarme majeure n’a été détectée. Le ministre de l’Intérieur discute, pose de nombreuses questions et prend le pouls des agents qui encadrent les différentes équipes sur le terrain. Cette salle de contrôle, que RMC Sport a pu visiter jeudi soir, permet surtout de faire le point avec une certaine régularité à proximité du match. Filtres, écritures sur les t-shirts, drapeaux déployés, bus qui ne respectent pas un premier contrôle… tout va bien. Ce poste est stratégique pour le bon fonctionnement du plan de sécurité et la liaison avec les autorités israéliennes.
Dans ce PC de sécurité, nous vérifierons également l’arrivée d’un bus un peu spécial. Un bus loué par l’ambassade d’Israël en France où une centaine de partisans de l’Etat hébreu font le déplacement officiel. Escortés par le BIS et une unité mobile, les supporters sont arrivés une heure avant le début du match dans une zone tampon où des policiers en civil bordaient le terrain. Alors que le premier partisan israélien débarque, des agents du BRI sortent du véhicule qui les suit, fusils d’assaut à la main, cagoulés et casqués. La scène est impressionnante, sous les regards émerveillés des autres spectateurs. Alors que ce petit groupe entre dans la zone du stade, sur le toit du stade, des tireurs d’élite sont prépositionnés avec vue sur le bus. Ces quelques supporters passeront tout le match sur le parking officiel situé devant la tribune principale du Stade de France.
Alors qu’au début du match, certains policiers à l’extérieur abaissent un peu la pression en mangeant. A l’intérieur de l’enceinte, la pression augmente rapidement. Une bagarre éclate derrière le but de Mike Maignan, impliquant des supporters arborant le drapeau israélien. Dans le PC de sécurité, la tension augmente d’un niveau. En moins de deux minutes, un mouvement de foule se produit sur le deuxième ring qui oblige les stadiers à intervenir. L’origine de cette altercation est pour l’instant inconnue. Des policiers, déjà présents à l’intérieur du stade, sont également présents à proximité pour apaiser la tension. Durant la réunion, à plusieurs reprises, des partisans israéliens scandront le message “libérez les otages”.
Hormis ce moment de tension en début de match et les quelques sifflets entendus pendant l’hymne israélien, le match s’est déroulé dans le calme. L’avantage d’un jeudi soir peu fréquenté, c’est qu’en quelques minutes le stade et la place sont vidés de leurs supporters. Cela a permis aux autorités d’évacuer assez rapidement les supporters « officiels » de l’équipe israélienne. Une soirée à oublier vite.
Nicolas Pelletier et la cellule de l’équipe de France