Joyeux mais sérieux. La Marche des Fiertés de Rennes oscille entre différentes émotions, samedi 15 juin 2024, pour son trentième anniversaire.
“C’est toujours festif, mais on ne peut ignorer la gravité du contexte”, résume Manon, 16 ans. Membre de la communauté LGBTI+, l’adolescente avait depuis longtemps prévu de venir défiler, des paillettes multicolores autour des yeux. Les récents événements politiques nationaux lui ont donné une double raison de le faire.
“Notre existence les dérange”
«Les droits minimes que nous avons acquis sont en danger si l’extrême droite arrive au pouvoir. » La percée du Rassemblement national aux élections européennes, y compris sur les terres bretonnes, – et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron suscitent l’inquiétude des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées.
“C’est notre existence même qui les dérange”, soupire Chloé, 23 ans. Le cœur lourd, la Rennaise se confie ” avoir peur “au quotidien, y compris dans la capitale bretonne. « Chaque fois que je sors avec ma copine, on reçoit des commentaires ou des gestes agressifs. Nous savons que nous ne pouvons pas nous tenir la main partout. »
Alors Chloé est venue et a dit « sa colère » Et “se lever”dans un événement qui n’est pas devenu politique d’un coup. “La marche des fiertés l’a toujours été, depuis sa création aux Etats-Unis en 1970.”
Plus de 12 000 personnes
« La Marche est un acte militant », ajoute un membre du mouvement militant des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. Si les costumes éblouissants habillent le sujet d’une forme flamboyante, le fond n’en reste pas moins grave, alors que les agressions contre les personnes LGBT+ ont augmenté de 13% en 2023, au pays des droits de l’homme.
« Qu’est-ce que nos droits enlèvent aux autres ? En quoi nos manières d’être une famille constituent-elles une menace ? » demande un activiste. “Ce n’est pas parce qu’on a le droit de se marier qu’on est en paix”se souvient Chloé, à qui le climat actuel rappelle de sombres souvenirs de la Manif pour tous.
Au total, plus de 12 000 personnes ont défilé samedi dans la capitale bretonne. Ils ont été des milliers à rejoindre la marche des fiertés pour dénoncer plus généralement les dangers de l’extrême droite.
