Bien que plusieurs premiers intervenants affirment que Synthia Bussières et ses deux fils étaient visiblement morts à leur arrivée, le père accusé du triple meurtre, qui s’identifie désormais comme une femme, suggère plutôt qu’ils étaient toujours en vie. Synthia Bussières aurait même prononcé ses derniers mots, laisse entendre l’accusé.
Mis à jour hier à 17h23
“Est-ce qu’elle t’a dit quelque chose?” A-t-elle essayé de bouger ? Avez-vous entendu Synthia Bussières dire : « Mes enfants » ? Vous n’avez pas été témoin de ça ? »
Mohamed Al Ballouz, qui s’identifie désormais comme une femme sous le nom de Levana Ballouz et agit devant le tribunal sans avocat, a multiplié les questions lors du contre-interrogatoire, laissant entendre que Synthia Bussières était toujours en vie lorsque les secours sont arrivés. Or, elle venait d’être poignardée à 23 reprises, selon la thèse de la Couronne.
Levana Ballouz, puis Mohamed Al Ballouz, père du petit Zac, 2 ans, et Eliam, 5 ans, sont accusés d’avoir tué sa compagne Synthia Bussières, puis d’avoir assassiné ses enfants de manière non précisée dans la nuit du 24 septembre. au 25 décembre 2022. Elle aurait alors déclenché un incendie avec un tas d’objets au pied du lit. Selon la Couronne, l’accusé aurait alors ingéré du liquide lave-glace.
Les premiers répondants, présents à la barre mercredi et jeudi au palais de justice de Longueuil, ont raconté au jury un récit similaire. Croire intervenir pour un simple « feu de pain grillé » », ils ont découvert le corps d’une femme dans une mare de sang dans la salle de bain.
Synthia Bussières était visiblement morte, selon la pompière Julie Lapierre. « C’était vraiment très difficile de regarder son visage. Je me suis dit : « Julie, aide-la », murmure-t-elle en sanglotant. La victime avait un trou dans le cou semblable à une trachéotomie et son corps était rigide, a-t-elle déclaré.
Selon deux témoins, Synthia Bussières présentait de petites coupures aux lèvres des deux côtés de la bouche.
Un autre pompier a découvert Mohamed Al Ballouz sur le lit, entouré de ses deux fils. Pour ce témoin, les trois personnes étaient tout simplement inconscientes à cause du monoxyde de carbone. Un simple frottement sur le sternum de l’homme a suffi à le réveiller. « Il ne servait à rien. Il n’a pas bougé», raconte Nathan Sicotte.
Les deux garçons étaient visiblement en arrêt cardiorespiratoire et n’avaient pas de pouls, ont indiqué tous les témoins. Ils étaient bleus et leurs corps mous, signe de leur décès récent, selon Nathan Sicotte. Surtout, ils n’avaient aucune blessure apparente.
L’accusé aurait dérangé les pompiers
En contre-interrogatoire, l’accusé a toutefois laissé entendre au témoin que l’enfant de 2 ans avait « montré des signes de conscience ». «Nous avons un pouls», a déclaré quelqu’un dans un enregistrement audio capturé par le défibrillateur, selon l’accusé. Une version non confirmée par le témoin.
Avec ses collègues, le pompier Alexandre McDuff a tenté corps et âme de réanimer le garçonnet de 2 ans. Mais l’accusé l’a dérangé lors de ses manœuvres. « L’homme [l’accusée] est conscient, gesticule, pleure et vient nous déranger », raconte-t-il. En contre-interrogatoire, il a ajouté que l’accusé avait dit « Mon fils, mon fils ».
Les pompiers vivent alors un véritable cauchemar : ils se retrouvent coincés pendant 25 minutes dans l’ascenseur avec Synthia Bussières et son fils de 5 ans, inertes. À cause des gicleurs, l’eau s’accumulait au fond de la gaine et l’ascenseur était coincé entre deux étages. Ils ont donc dû effectuer des manœuvres de réanimation dans une eau rougeâtre.
«On baignait dans le sang», résume la pompière Julie Lapierre.
Le procès se poursuit ce vendredi devant le juge Eric Downs. M.e Éric Nadeau and Me Laurence Lamoureux represents the public prosecutor.