Le ministre délégué à la Mer et à la Pêche, Fabrice Loher, est en visite dans le Gard et l’Hérault ce vendredi 15 novembre. La pêcherie sétoise entend l’interroger sur le futur plan Ouest Med à partir de 2025, et ses conséquences pour la profession dans toute la région Occitanie.
Fabrice Loher, ministre délégué à la Mer et à la Pêche, est attendu avec une certaine impatience dans le bassin de Thau, ce vendredi 15 novembre, à l’occasion d’une série de rencontres consacrées aux enjeux maritimes en Méditerranée. La situation économique de la pêche méditerranéenne est « fortement menacé » dans le cadre du futur plan West Med (Plan de Gestion Régional de la Méditerranée Occidentale). “Le contexte est alarmant”croit même le conseil des prud’hommes de Sète, qui regroupe tous les pêcheurs du port de Sète, l’un des plus importants de Méditerranée.
Nouveau plan de gestion des pêches
Adopté en février 2019, le premier plan West Med couvrant la période 2020-2024 a déjà considérablement impacté l’ensemble des pêcheurs méditerranéens : réduction de l’effort de pêche et des flottes chalutières, limitation des jours de pêche, mise en place de zones de non-pêche… « A quelques semaines du Conseil européen de négociation sur les TAC (totaux admissibles de captures) et les quotas, et alors que la période de transition du plan de gestion de la Méditerranée occidentale s’achève le 1est Janvier 2025, le Ministre a souhaité échanger avec les professionnels de la pêche concernés par les mesures de ce plan de gestion »indique le ministère chargé de la Pêche et de la Mer.
« S’il n’y a plus de chalutiers, les enchères seront mises à mort »
Ce nouveau plan West Med pourrait en effet aller plus loin. La pêche chalutière sétoise, déjà fortement impactée par toutes ces mesures, ne peut imaginer un avenir durable si la réglementation venait à se durcir davantage. « On nous a déjà imposé de gros efforts, avec l’argument de la ressourcerappelle Raphaël Scanapiecco, prud’hommes major des pêcheurs de Sète-Môle, accompagné de José Llinarès, conseiller au sein des prud’hommes de Sète et ancien directeur de la criée de Sète. Aujourd’hui, la réglementation européenne avance de nouvelles hypothèses à l’horizon 2025. Il faut savoir que la pêche au chalut est la clé de voûte des contributions aux enchères, à hauteur de 80 %. S’il n’y a plus de chalutiers, les enchères seront supprimées.»
« La criée de Sète crée 660 emplois indirects »
Alors que le ministre délégué se rendra également ce vendredi au Cap d’Agde, Loupian, Marseillan et Grau-du-Roi, Kelly Llinarès, directeur du marché aux poissons de Sète, entend défendre l’institution sétoise et partager son inquiétude. « La criée de Sète représente 660 emplois indirects. C’est l’élément fédérateur de tout le littoral Occitanie. Alors que le contingent de chalutiers du port de Sète est passé de 36 unités à seulement 10 en moins de quinze ans, “une nouvelle perte va provoquer un raz-de-marée sur tout le littoral Occitanie”, alert Raphaël Scanapiecco. « En France, nous n’avons aucun outil pour permettre aux pêcheurs de gagner leur vie. Comment allons-nous soutenir la profession ? Allons-nous mettre en place des compensations ? Quel soutien aux criées ?
« Comme un grand plan social d’ici 3-4 ans »
Le conseiller régional de Sète, Sébastien Denaja, sera également présent ce vendredi pour faire part de ses inquiétudes au ministre. « Il doit comprendre les spécificités méditerranéennesinsiste l’élu de la Région Occitanie, l’institution propriétaire du port et de la criée de Sète. Nous ne lançons pas un cri d’alarme, mais carrément un SOS. Nous demanderons à la profession de travailler en dessous du seuil de rentabilité, de réduire encore ses zones et ses jours de pêche. Ces mesures signent l’arrêt de mort de la pêche d’Occitanie et de Méditerranée. Et moins de dix chalutiers, c’est la mort du marché aux poissons de Sète. C’est comme si vous annonciez un grand plan social de 660 emplois d’ici 3-4 ans.»