quel est le salaire d’un skipper professionnel ?

quel est le salaire d’un skipper professionnel ?
quel est le salaire d’un skipper professionnel ?

© CHRISTOPHE ARCHAMBAULTAFP

– Le skipper français Thomas Ruyant à bord de son Imoca 60 « Vulnérable » avant le départ de la 10e édition du Vendée Globe, course autour du monde à la voile en monocoque, aux Sables-d’Olonne, le 10 novembre 2024.

Ce dimanche à 13h02 a donné le coup d’envoi de la 10ème édition du Vendée Globe, marquant le début d’un voyage épique de plusieurs mois autour du monde, sans escale et sans assistance, pour les 40 marins en lice. Si cette course mythique est synonyme de prouesses sportives et d’aventure humaine, elle cache une réalité économique bien plus contrastée : les salaires des skippers.

Quiconque se lance dans la voile pour faire fortune sera déçu. L’argent est souvent la dernière raison qui pousse les skippers à choisir ce métier. “Ils sont là par passion, pour faire quelque chose d’extraordinairese souvient Marcus Hutchinson, ancien vice-président de la classe Figaro et directeur de plusieurs équipes. Leur rémunération ne vaut absolument pas les risques encourus, inhérents à la course au large où ils peuvent perdre la vie. Cela n’a rien à voir avec les blessures d’un footballeur qui gagne des millions par mois.»

Des revenus disparates selon la réputation du skipper et le business model

Les salaires des marins varient considérablement. Marcus Hutchinson nous en donne une bouchée : «Pour les skippers les plus confirmés, les salaires peuvent atteindre 10 000 euros par mois, tandis que pour d’autres, les revenus peuvent descendre jusqu’à 3 500 euros par mois. Tout dépend si le skipper est propriétaire de son équipe ou salarié d’un sponsor.»

En effet, le métier de skipper professionnel se divise généralement en deux modèles de revenus. Certains skippers, intégrés dans de grandes équipes comme Charlie Dalin à la Macif, perçoivent un salaire fixe en tant que salariés ou prestataires. Ce système leur apporte une stabilité, souvent associée à des contrats de sponsoring à long terme. D’autres, à la tête de leur équipe et parfois même propriétaires de leur bateau, s’inscrivent dans un modèle entrepreneurial où la rémunération dépend des dividendes générés par leur structure, avec des risques financiers plus importants.

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Une enquête récente menée par Ouest de la confirme cette dichotomie, précisant que plus de la moitié des skippers interrogés (24 sur les 40 engagés au Vendée Globe) gagnent moins de 45 000 euros par an (3 750 euros mensuels). Parmi eux, 4,2% perçoivent moins de 1.250 euros par mois, tandis que 25% se situent entre 1.250 et 2.500 euros, et 29,2% entre 2.500 et 3.750 euros, selon le quotidien.

Le supplément des primes de course et des activités complémentaires

En plus de leur salaire de base, les skippers peuvent également compter sur des primes de course. Pour le Vendée Globe, le vainqueur reçoit 200 000 euros, le deuxième 140 000, et jusqu’à 15 000 euros pour le dixième du classement. Les skippers classés au-delà de la 10e place se partagent alors 100 000 euros, mais la part de chacun ne peut être supérieure au prix reçu par le dixième. “En pratique, les primes sont alors divisées par deux : 50 % pour le bateau (si l’équipage est composé de plusieurs personnes, chaque marin reçoit une part égale de ces 50%, NDLR)et les 50% restants pour l’équipe technique», commente Marcus Hutchinson, qui précise que ces primes sont parfois doublées par le sponsor principal en fonction des contrats en vigueur. Tout est soumis à l’impôt.

Pour augmenter leur compte en banque, les marins peuvent utiliser d’autres leviers, notamment immobiliers. “Beaucoup possèdent des hangars à Lorient, un endroit stratégique où les loyers sont toujours élevés. C’est le cas de Fabrice Amedeo qui vient d’acheter un hangar et qui pourra le louer ponctuellement.», explique Grégoire du Penhoat, expert marketing du secteur de la course au large. Certains, comme Marcus Hutchinson ou Charles Caudrelier, possèdent plusieurs bateaux Figaro qu’ils louent à d’autres marins. Ces bateaux conservent leur valeur, voire augmentent avec le temps, ce qui en fait des atouts précieux.

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La popularité croissante du Vendée Globe ouvre de nouvelles perspectives de rémunération

La location de bateaux semi-rigides (zodiacs) permet également à certains marins de couvrir leurs frais. Très demandée lors des départs de courses, très tendue aussi, leur location pour un départ du Vendée Globe peut rapporter à son propriétaire jusqu’à 5 000 euros par jour, réservés un an à l’avance, explique Grégoire du Penhoat, illustrant la rentabilité du secteur.

Des personnalités comme François Gabart ou Clarisse Crémer exploitent également leur notoriété pour poursuivre leur carrière au-delà de la compétition. La popularité croissante du Vendée Globe ouvre également la porte aux skippers à des interventions en entreprise, qui peuvent leur rapporter jusqu’à 3 000 euros par conférence, et jusqu’à 15 000 euros par journée de séminaire pour les skippers les plus sollicités.

Certains skippers, comme Vincent Rioux ou Lilian Mercier, se sont spécialisés dans le coaching sportif pour les nouveaux arrivants sur le circuit, une activité lucrative et incontournable pour de nombreux débutants en voile. D’autres complètent encore leurs revenus en participant aux livraisons aller-retour après chaque traversée transatlantique, gagnant environ 250 euros par jour selon le spécialiste.

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