Un père et ses enfants « dorment » sur le lit. C’est ce qu’a pensé pour la première fois un pompier en voyant les lieux. Cependant, les deux garçons n’avaient déjà plus de pouls. La prévenue estime cependant qu’un de ses enfants, ainsi que son compagnon, poignardé à 23 reprises, étaient encore en vie à l’arrivée des secours.
Lors du procès de Mohamed Al Ballouz, qui s’identifie désormais comme une femme, les jurés ont entendu mercredi le témoignage des pompiers qui ont découvert les corps de Synthia Bussières et de ses fils Zac, 2 ans, et Eliam, 5 ans. la nuit du 24 au 25 septembre 2022.
Selon la thèse de la Couronne, Mohamed Al Ballouz aurait poignardé sa compagne puis tué ses enfants. Il aurait tenté de nettoyer la scène de crime, puis voyant que cela ne fonctionnait pas, il aurait allumé un feu au pied du lit avec des objets, notamment des détecteurs de fumée. Il a ensuite avalé du liquide lave-glace pour se suicider.
Pourtant, l’intervention fut dès le départ banale : un petit incendie à 12 heurese étage d’une tour de copropriété à Brossard. Mais lorsque les pompiers ont enfoncé la porte de l’appartement, ils ont découvert Synthia Bussières gisant dans une mare de sang dans la salle de bain.
Sur le lit, Mohamed Al Ballouz gisait au centre, entouré de ses deux enfants. Ceux-ci ne portaient que la couche de Spider-Man. Il n’y avait pas de draps. Pour le pompier Nathan Sicotte, l’opération était “tout à fait normale”. A ses yeux, les trois personnes ne s’étaient pas réveillées à cause du monoxyde de carbone provoqué par l’incendie.
«Je pensais qu’ils dormaient», dit-il.
Nathan Sicotte intervient en premier auprès de l’homme, car il pourrait l’aider à porter un enfant s’il se réveille, explique-t-il. Le pompier frotte “très fort” le sternum de l’homme, une manœuvre classique. Mohamed Al Ballouz se réveille aussitôt.
« Il est assis sur le matelas. Droite. Cela ne servait à rien. […] Il n’a pas bougé. Il n’a rien fait», explique Nathan Sicotte.
Le pompier s’occupe alors du garçon plus âgé. “Il n’y avait aucun signe de vie”, dit-il. Il le prend dans ses bras pour le remettre à ses collègues dans l’ascenseur. Nathan Sicotte retourne à l’appartement pour sauver l’enfant de 2 ans, mais à son retour il n’y a plus de place dans l’ascenseur.
« L’enfant semblait être en arrêt cardiaque. C’était un peu bleuâtre, signe d’un manque d’oxygène. Il n’a eu aucune blessure. […] C’était tendre. C’est le signe que peu de temps s’est écoulé depuis son décès», affirme Nathan Sicotte.
Le pompier commence alors la réanimation cardio-pulmonaire sur l’enfant dans le couloir. L’enfant n’a plus de pouls et ne respire plus.
Synthia Bussières a-t-elle parlé aux pompiers ?
L’accusée, qui se représente elle-même, pose elle-même des questions aux témoins lors du contre-interrogatoire. Le procès est parfois fastidieux, car ses questions obligent souvent le juge à faire sortir le jury de la salle d’audience pour discuter de questions de droit. Par exemple, lorsqu’il a demandé au pompier s’il avait « témoigné que l’accusé avait commis le meurtre des enfants ».
Dans une série de questions, l’accusé a suggéré au témoin que l’enfant de deux ans avait « montré des signes de conscience ». Selon l’accusé, dans un enregistrement audio capturé par le défibrillateur, un premier intervenant a déclaré ceci : « Nous avons un pouls ». Le témoin a répondu qu’il ne reconnaissait pas sa voix dans l’enregistrement, qui était à peine audible.
En contre-interrogatoire avec un autre pompier, l’accusée a même émis l’hypothèse que son conjoint était capable de parler, malgré ses blessures, lors de l’intervention des premiers répondants. « Avez-vous entendu Synthia Bussières dire : « Mes enfants » ? », a suggéré l’accusé. Le pompier Frédéric Brousseau a soutenu le contraire.
Selon le témoin, Synthia Wounds avait du sang « qui sortait de sa gorge ». Il n’a toutefois pas examiné davantage l’étendue de ses blessures. Ce pompier s’est ensuite retrouvé coincé dans l’ascenseur pendant 25 minutes avec un collègue et les corps de la petite de 5 ans et de Synthia Bussières. Il semble que l’eau des gicleurs ait endommagé l’ascenseur.
Le pompier Frédéric Brousseau a alors dû effectuer des manœuvres de réanimation avec Eliam dans la cage inondée. Selon le témoin, le corps de l’enfant “était mou”. Ses lèvres étaient bleues, signe d’un manque d’oxygène, a-t-il expliqué. Il n’y a aucune blessure sur le corps du garçon, a-t-il ajouté.
Le procès devrait durer encore plusieurs semaines. Me Éric Nadeau e Me Laurence Lamoureux représente le procureur.