L’Union : Général Ntumpa, cela fait longtemps que vous n’avez pas pris la parole en public, qu’est-ce qui vous pousse à vous exprimer aujourd’hui ?
Général Ntumpa Libani : « Merci pour l’opportunité que vous me donnez d’exprimer mes sentiments à un moment crucial de l’histoire de notre pays. Comme vous l’avez remarqué, mes interventions sont limitées. Et les raisons de cette situation sont multiples. A l’heure où le Gabon entre dans une phase de son avenir, il m’a semblé utile d’exprimer ouvertement ma position sur le processus référendaire en cours. Mon expérience et mon âge le recommandent vivement.”
Vous nous donnez le bâton, quelle est votre opinion sur le processus référendaire actuel ?
« En fait, j’ai pris la parole parce que mes remarques portent uniquement sur le sujet. À d’autres occasions, nous pouvions discuter du reste de l’actualité. Pour répondre à votre question, je dois dire que j’ai une vision optimiste du processus en cours. Mon optimisation part d’abord de la manière dont l’ancien régime a été vaincu : sans effusion de sang et sans dégâts matériels. Une Masterclass du Général Oligui et ses compagnons du CTRI. Mon optimisme repose donc sur les orientations et les mécanismes qui ont été mis en place par la CTRI et le Gouvernement dans le but d’atteindre le résultat actuel en 14 mois. La demande de contribution des Gabonais, le dialogue inclusif, le comité de rédaction de la constitution, l’assemblée constituante et l’adoption du projet de Constitution ».
À vous écouter, voyez-vous du pragmatisme de la part des autorités actuelles ?
« Le contraire m’aurait surpris. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que le pragmatisme doit caractériser tout bon soldat. Mais au-delà du CTRI, nous devons rassembler toutes les forces vives de la nation qui contribuent quotidiennement à poser les bases du Gabon de demain. »
Mais les forces actives sur le projet de Constitution soumis à l’approbation populaire le 16 novembre ne partagent-elles pas toutes le même avis ?
« Il va de soi qu’une nation a plus d’enfants et que chacun a le droit d’avoir une opinion contraire aux autres, dans le respect des règles et lois en vigueur. C’est l’essence même du vivre ensemble. La sagesse locale, pour paraphraser, dit qu’une famille possède une maison mais plusieurs lits. Chaque lit a pour tâche de contribuer à la consolidation de la construction de la maison. C’est aussi l’occasion pour moi de me positionner. Je suis favorable à l’adoption du projet de Constitution le 16 novembre 2024. Sans entrer dans les termes des juristes et autres, je veux rester pragmatique. Le texte proposé représente déjà un grand pas en avant. Aucune œuvre humaine n’est parfaite, on peut la perfectionner avec le temps, du moins pour les sujets qui méritent des corrections. Mon pragmatisme vise aussi à sortir le pays de la transition. Plus on retarde certaines étapes, plus la transition durera longtemps. Comme je l’ai dit, l’adoption de ce texte permettra de passer rapidement à la prochaine phase de restitution et de restauration des institutions. Une fois de plus, le plus difficile était de sortir sans effusion de sang de 14 années d’ancien régime. Le Gabon est un pays béni de Dieu et de nos ancêtres. Il faut avancer. C’est Dieu qui nous a permis de traverser 14 années plus ou moins difficiles, c’est aussi Dieu qui nous a permis aujourd’hui de retrouver notre dignité. J’invite donc mes concitoyens à voter en masse « Oui » à ce référendum. Et après cela, oui, j’invite le CTRI à organiser rapidement des élections présidentielles et législatives. Cela nous permettra d’avoir une classe politique légale et légitimée.