Entre préjugés et diplomatie, l’incident de Jérusalem révèle aussi des tensions en

Entre préjugés et diplomatie, l’incident de Jérusalem révèle aussi des tensions en
Entre préjugés et diplomatie, l’incident de Jérusalem révèle aussi des tensions en France

Lors de sa visite à Jérusalem, le ministre des Affaires étrangères a refusé de pénétrer dans un site religieux considéré comme territoire français, en raison de la présence de policiers israéliens armés à l’intérieur. Ces agents, présents « sans autorisation » et refusant de quitter les lieux, ont fini par plaquer au sol deux gendarmes français et les arrêter brièvement après un échange de propos. La zone du domaine national d’Éléona, qui est sous la protection de la diplomatie française, est située sur la grotte où, selon la tradition, le Christ enseigna le Pater Noster. Située sur le Mont des Oliviers à Jérusalem-Est, cette région est sous occupation israélienne depuis 1967.

On ne peut soupçonner ce ministre récemment nommé, ni son ministre délégué, Benjamin Haddad, de sympathiser avec les Palestiniens, c’est le moins qu’on puisse dire. À ce jour, la continue de fournir des armes à Israël. Les chiffres alarmants de l’ONU indiquant que 70 % des 45 000 victimes à Gaza sont des femmes et des enfants, dont 15 000 étudiants, n’ont aucun effet sur la droite française au pouvoir, qui a ouvertement défendu la cause israélienne.

Les réactions timides et la médiatisation suite à cet incident diplomatique sont révélatrices de ce que l’on voit depuis le début de la guerre.

Lors d’une émission sur LCI, Samantha de Bendern (« Chercheuse » à l’Institut Royal des Affaires Internationales) a déclaré : « Une chose qui pourrait excuser le comportement des Israéliens « Si les gendarmes avaient l’air d’origine maghrébine, ou avaient l’air d’être des Israéliens ». concernant l’arabe. Et le journaliste répond : “On a vérifié, ce n’est pas le cas”sans réagir davantage devant l’énormité de cette affirmation.

Cette remarque pose la question des préjugés qui conditionnent les positions prises dans cette guerre. L’idée que l’apparition des gendarmes, si elle pouvait faire croire qu’ils étaient d’origine maghrébine, puisse excuser l’agression des gendarmes français et le non-respect du territoire français est tout simplement étonnante. Plus encore, l’absence de réaction du journaliste qui animait l’émission est le reflet de quelque chose désormais admis sur plusieurs plateaux de télévision : la déshumanisation des Palestiniens et le crime racial des Arabes.

Ce type de commentaire reflète l’état d’esprit accepté, consciemment ou inconsciemment, par beaucoup. Les Arabes sont la Source du problème.

Ce parti pris, parfaitement ressenti par les Maghrébins en France, semble être devenu une norme dans le traitement médiatique de la guerre à Gaza. Un Palestinien est un terroriste, et le drapeau de la Palestine ou le port d’un keffieh sont des délits, quand cela n’est pas qualifié d’acte antisémite.

Le parti au pouvoir en Israël ne cesse de répéter qu’il s’agit d’une guerre de civilisation et il peut être fier des résultats obtenus auprès d’une certaine opinion publique. Une bagarre entre hooligans de deux clubs de football est décrite, dans le langage médiatique, comme un pogrom et les chefs d’Etat s’empressent de dénoncer ces actes sans avoir cherché à comprendre la réalité des faits dans leur globalité.

On peut se demander comment la réflexion du chroniqueur sur LCI aurait été perçue si elle avait concerné d’autres collectivités.

Par ailleurs, l’incident diplomatique en question met en lumière la complexité des enjeux géopolitiques au Moyen-Orient.

La France, ancienne puissance coloniale ayant des liens très forts avec le Maghreb, n’a pas été prudente dans sa gestion de cette guerre. Dans cet exercice d’équilibre, elle a aliéné toutes les parties.

Pourquoi peu de gens se souviennent-ils que, selon les conventions internationales, un peuple occupé a le droit de se défendre, même avec des armes ? Ce droit de légitime défense est reconnu comme un principe fondamental du droit international humanitaire, permettant aux populations sous occupation de résister à l’oppression et à l’injustice.

Les humiliations et abus subis par les Palestiniens sont connus de tous, mais ils ne provoquent aucune réaction de la part des chancelleries occidentales qui fournissent des armes à l’occupant. Les assassinats de Palestiniens en Cisjordanie occupée suscitent peu de réactions. Les bombardements du Liban et les milliers de morts non plus.

Toute forme de contestation de la politique israélienne se heurte à un flot d’accusations de soutien au terrorisme et, pire encore, de qualificatifs que j’ose à peine écrire.

Ce qui s’est passé au domaine national d’Éléona n’est pas un événement isolé et n’est pas nouveau. Les présidents précédents, comme Chirac et Jospin, ont également connu des situations similaires. Tous les diplomates impliqués dans le dossier Moyen-Orient font état de réalités révoltantes, mais à Paris, les autorités françaises restent déconnectées de ces conclusions.

La France insoumise est le seul groupe parlementaire à avoir pris des positions pro-palestiniennes et ce n’est pas une bonne chose pour la crédibilité de la classe politique française qui, à force de courir derrière l’extrême droite, ne sait plus où donner son soutien. la tête. Mais qui peut croire à la sincérité de l’extrême droite ? Elle déteste simplement plus les Arabes que les Juifs. C’est la seule chose qui explique sa position dans ce conflit. La droite gaulliste française le sait parfaitement mais se perd dans des considérations et calculs politiques aberrants.

L’incident diplomatique d’Eléona et le commentaire sur LCI, bien qu’apparaissant anodins au regard de la destruction de Gaza et des 45 000 morts, sont révélateurs des dynamiques de pouvoir, des stéréotypes, des préjugés et des conflits identitaires qui influencent les politiques en France et au-delà.

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