Mardi, le procès pour le meurtre d’Eythan, un garçon de 3 ans, à Guingamp (Côtes-d’Armor) en juillet 2022, s’est poursuivi tard dans la soirée, mardi 12 novembre 2024.
Au cours de cette audience, qui se déroulera jusqu’à vendredi, un psychologue clinicien a développé la personnalité de la mère de l’enfant, qui comparait libre pour privation de soins et non-assistance à un mineur en danger. Quant à Gaël Scoubart, beau-père de l’enfant et soupçonné de son meurtre, il est au box des accusés.
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« Une impossibilité de prendre soin de son enfant »
Le praticien décrit une femme « déconstruite, dans le déni, en proie à une dépendance affective après avoir perdu sa mère à 11 ans ». Elle souligne également « une incapacité à prendre soin de votre enfant » en raison de son état mental dégradé.
Me Klij Delilaj, l’un des avocats du beau-père de l’enfant, va alors tenter de semer le doute dans l’esprit des jurés. « Si la mère avait été accusée du meurtre, vos conclusions auraient-elles été différentes ? » « Nous analysons la personnalité. Non, elle ne changerait pas. »
La présidente Aurore Carpentier va alors recadrer l’avocat : « Je vous rappelle que l’accusé n’a jamais été mis en examen pour ce crime. Cette question est hors sujet ! » L’interrogatoire de l’avocat a le don d’agacer Me Françoise Le Goardet, conseil de la mère : « Ce serait bien de poser des questions plutôt que des déclarations ! » »
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Un petit garçon « ingérable » ?
En fin d’après-midi, la mère du petit garçon a été interrogée sur son existence à l’époque et les faits. « Ça n’allait plus bien, je ne faisais plus le ménage. Nous consommons 20 € de cannabis par jour. C’est Gaël qui s’est occupé d’Eythan”précise celui qui dormait le jour et vivait la nuit.
La veille de la découverte du corps sans vie d’Eythan, le 9 juillet 2022, elle s’est levée vers 17 heures. Son compagnon lui raconte que l’enfant fait une sieste, qu’il a été ingérable » et il l’a “tapé” et aussi que le garçon “s’est blessé”. Le déroulement de la soirée reste confus, tout comme les souvenirs. Tous deux consomment de l’alcool, du cannabis, des antidépresseurs. Il mélange ce cocktail déjà explosif avec de la méthadone, parfois de l’héroïne, des anxiolytiques…
Elle essaie de réchauffer l’enfant
Le lendemain, alors que la mère se levait, son compagnon lui rapporta que le petit garçon “il n’a pas mangé, il est malade”. Elle entre dans la pièce. « Eythan ne bougeait plus, elle a sangloté. Il avait froid et avait du sang séché autour de la bouche. Ses lèvres étaient bleues. » Elle essaie de réchauffer l’enfant avant qu’il n’appelle à l’aide.
Selon lui, Gaël Scoubart avait déjà observé à deux reprises que l’enfant ne se réveillait pas sans être indûment inquiet. Aurait-il pu le sauver ? La question demeure. Selon les secours présents sur place le jour de la macabre découverte, elle lui aurait raconté : “Qu’as-tu fait à mon bébé?” »
La police témoignera que la mère pleure, semble perdue, demande son téléphone qui reste dans la chambre du petit garçon. Quant au beau-père, il ne montre aucun intérêt pour l’enfant. “Il voulait juste promener son chien”rapporte le président de la cour d’assises.
Une position corporelle qui questionne
Me Thomas Jourdain-Demars, deuxième avocat du beau-père, reviendra à la charge. En détention provisoire, la femme a envoyé une lettre affirmant qu’elle l’aimait toujours. « N’importe quelle mère aurait cessé d’aimer l’assassin de son enfant… » La réponse est cinglante. «Mais je suis une mère vraiment horrible. Cela vous surprend-il à ce point ? » Pensait-elle qu’il avait l’intention de tuer son fils ? « D’un côté, je me dis qu’il n’aurait pas pu le faire. En revanche, Eythan est mort. »
Me Le Goardet lui posera alors cette question : « Lorsque vous êtes entré dans sa chambre, quelle était la position de votre fils ? » La mère l’assure : « Il était sur le côté. » Pour mémoire, les médecins légistes avaient précisé que le petit garçon était décédé depuis “au moins douze heures avant l’arrivée des secours”positionné sur le ventre.
Après une longue audience de près de douze heures, le président du tribunal va lire la transcription d’une conversation téléphonique entre la mère et son père, alors qu’elle était en détention provisoire. «Je me suis levé cette nuit-là. Je l’ai vu mettre Eythan dans son lit. C’est une mise en scène. Comment l’a-t-il vu faire ça ? »
Les débats se poursuivent ce mercredi 13 novembre, avec notamment l’interrogatoire de l’accusé sur les faits et l’audition des psychologues qui l’ont examiné.