des revenus de plus en plus faibles
En 2022, les revenus agricoles en Europe étaient inférieurs d’environ 40 % au salaire moyen de l’UE. Le monde agricole belge se caractérise par une précarité persistante et des conditions de travail difficiles. En Belgique, en 2024, 20 % des agriculteurs wallons vivaient sous le seuil de pauvreté.
L’avenir de l’agriculture européenne est menacé en raison du véritable problème de l’acquisition d’exploitations agricoles, souvent trop grandes et trop coûteuses pour être reprises par les nouvelles générations. Les faibles revenus agricoles ont entraîné la disparition d’environ 5 millions d’exploitations agricoles dans l’UE entre 2005 et 2020, pour la plupart de petites exploitations. La superficie agricole est cependant restée stable. Cela est dû en grande partie à l’absorption des petites exploitations par des installations plus grandes.
INÉGALITÉS RENFORCEES AU NORD
La situation est encore aggravée pour les femmes et les minorités de genre qui sont confrontées à de nombreuses inégalités, notamment l’invisibilité de leur travail, une répartition inégale des responsabilités domestiques, la surreprésentation des femmes dans le statut de conjoint aidant et la difficulté d’accès à la formation, la terre et le crédit, révèle un rapport d’Oxfam.
En outre, les accords de libre-échange risquent de détériorer les conditions de travail et de vie des travailleurs migrants saisonniers en Europe. Ces travailleurs à bas salaires, qui sont déjà confrontés à des conditions de travail précaires et souvent abusives, deviendront encore plus vulnérables face aux pressions croissantes visant à réduire les coûts et à accroître la compétitivité. La concurrence avec des importations soumises à des conditions de production différentes exerce déjà une forte pression sur les entreprises agricoles, les poussant à recourir à des pratiques de sous-traitance et à réduire les coûts, ce qui affecte directement les travailleurs saisonniers. Jusqu’où ira cette logique destructrice ?
Si rien ne change, nous risquons de voir l’ensemble du secteur devenir de plus en plus précaire, laissant les agriculteurs et les travailleurs agricoles payer le prix fort d’un système de libre-échange qui ne leur offre aucune protection.
une situation encore plus critique pour les pays du Sud
La situation est encore plus difficile pour les agriculteurs des pays du Sud qui approvisionnent le marché européen. En Côte d’Ivoire et au Ghana, où est produite une grande partie du cacao européen, jusqu’à 58 % des agriculteurs vivent en dessous du seuil d’extrême pauvreté défini par la Banque mondiale, et 90 % n’atteignent pas un revenu décent. Cette tendance est encore plus prononcée chez les femmes, qui constituent la majorité des travailleurs agricoles de ces régions.
En général, les agriculteurs sont exposés à la volatilité des prix sur les marchés mondiaux, aux abus et aux violations des droits de l’homme, bien qu’ils soient les plus touchés par les effets de la crise climatique. La sécheresse, les inondations et la dégradation des terres menacent les systèmes agricoles et la sécurité alimentaire, tandis que le soutien public reste limité, voire inexistant, dans certains pays.
agir pour des prix équitables
Comme le rappelle la FUGEA dans son communiqué, garantir des prix équitables aux agriculteurs était la principale revendication des mobilisations agricoles du début de l’année.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a déclaré devant le Parlement européen en juillet dernier : « Je veillerai à ce que les agriculteurs reçoivent un revenu équitable. Personne ne devrait être obligé de vendre de bons produits alimentaires à des prix inférieurs aux coûts de production. »
La promesse d’interdire l’achat de produits à un prix inférieur au coût de production était également présente dans la lettre de mission du nouveau commissaire à l’Agriculture Christophe Hansen.
Plusieurs Etats membres comme la Belgique, l’Espagne et la France ont déjà légiféré dans ce sens. Pour tenir leurs engagements, les institutions européennes doivent garantir des prix et des conditions équitables au monde agricole au lieu de promouvoir le libre-échange. Comme le demande ECVC dans son communiqué, les prix payés aux agriculteurs doivent systématiquement couvrir les coûts de production et la PAC doit accompagner la transition vers des systèmes agricoles durables, qui permettraient au secteur agricole d’adopter des pratiques agroécologiques et de contribuer au maintien de la biodiversité. Oxfam demande que la directive européenne sur le commerce déloyal soit révisée pour inclure une interdiction d’acheter en dessous du coût de production durable, obligatoire pour tous les États membres.