Au jeu du mot contre mot, Nadezhda Buïanova a perdu. Cette pédiatre de 68 ans a été condamnée en Russie à cinq ans et demi de prison pour des propos qu’elle aurait tenus sur la guerre en Ukraine lors d’une consultation en janvier dernier. C’est la mère d’une de ses jeunes patientes, Anastassia Akinchina, qui l’a publiquement dénoncée dans une vidéo publiée en janvier dernier.
Nadejda Buyanova aurait déclaré que le mari de l’accusatrice, un soldat russe tué en Ukraine, était une « cible légitime » et que la Russie était « un pays agresseur et attaquait des civils ukrainiens ». Le tribunal l’a reconnue coupable de diffusion de « fausses informations ».
La condamnation du médecin né à Lviv, en Ukraine, mais résidant de longue date en Russie, met en lumière l’intensification de la répression en Russie, alors que l’offensive se poursuit de l’autre côté de la frontière.
Lors de son procès, Nadejda Buïanova a clamé en larmes son innocence, affirmant qu’elle n’avait pas évoqué la guerre lors de la consultation. Elle aurait été visée en raison de ses origines ukrainiennes, affirme sa défense qui met en avant l’absence de preuves. Les procureurs se sont appuyés uniquement sur le témoignage de la mère et de son enfant de sept ans pour étayer leur thèse.
L’organisation russe de défense des droits humains Memorial a inscrit Nadejda Bouyanova sur sa liste de prisonniers politiques, qui comprend 800 noms. Un groupe de médecins russes a également défendu le pédiatre dans une lettre ouverte.
Les autorités s’emploient depuis plusieurs mois à réprimer tout sentiment anti-guerre et la justice condamne tout acte en faveur du camp adverse. Un homme qui avait fait don d’une cinquantaine d’euros à une association caritative pro-ukrainienne a été condamné vendredi dernier à 12 ans de prison, tout comme une femme russo-américaine en août dernier.