CC’était un lundi. Le 13 novembre 2023, David Daouphars, 53 ans, se trouvait chez lui à Galgon lorsqu’un peloton de gendarmes a encerclé sa maison et arrêté l’auteur présumé de l’assassinat de Sylviane et Jean-Claude Muller, sauvagement tués à Izon dans la nuit du 14 décembre. au 15, 2019.
Près de quatre ans après les faits, celui qui n’était autre que le plus proche voisin du couple Muller, a été confondu par son ADN et placé en garde à vue.
Les corps de Jean-Claude Muller, 58 ans, et de son épouse Sylviane, 50 ans, ont été découverts le 15 décembre 2019 en fin de journée par Margaux, une des filles du couple. Ils sont en partie nus. Jean-Claude Muller est sur le lit, ensanglanté, après avoir reçu une vingtaine de coups de couteau au thorax. Sa femme a été poignardée 43 fois, la poitrine lacérée, elle porte des traces d’une gorge tranchée. Comble de l’ignominie : elle a été violée, apparemment post mortem, avec le babyphone de sa petite-fille.
Pendant quatre ans, David Dauphars est passé sous le radar des enquêteurs. Au lendemain du drame, il témoignait au journal télévisé de France 3 Aquitaine et déclarait : « On n’a pas mangé ensemble, mais on se connaissait quand même un peu, c’est trop bizarre ! »
Confronté à la réalité de ses actes
À l’époque, personne n’avait remarqué une égratignure sur son cou. Il faudra donc attendre que les échantillons prélevés sur David Daouphars lors de son audition, le 10 septembre 2020, soient confiés à la veille de l’été 2023 au laboratoire bordelais d’hématologie médico-légale du professeur Christian Doutremepuich pour que l’on puisse s’orienter vers une vérité judiciaire.
“C’est un homme sur qui tout semble glisser, qui semble indifférent à tout et à tout le monde”
Les cellules épithéliales mâles prélevées sous un fragment d’ongle de Sylviane Muller sont bien les siennes, cela ne fait aucun doute. Et les traces de semelles de la marque Redskins, pointure 44, retrouvées sur les lieux du crime correspondent aux chaussures qui seront retrouvées plus tard lors d’une perquisition à son domicile.
En garde à vue, il a tenté de nier mais a fini par s’effondrer lors de la cinquième audience. Il explique qu’il avait un rendez-vous avec Sylviane Muller mais que le mari les a surpris dans la chambre. Dans le combat, il aurait commis l’indicible. « Jean-Claude est arrivé, ça a mal tourné. J’ai sorti mon couteau de ma poche et je me suis défendu. »
Lors de la reconstitution, le 11 avril 2024, David Daouphars, confronté à la réalité de l’atrocité de ses actes, se serait montré peu verbeux et intrigant durant les quatre heures de cet acte judiciaire.
Auditionné devant le juge d’instruction chargé du dossier, il a affirmé avoir eu une liaison amoureuse avec Sylviane Muller qui lui aurait fait des « avances ». « Des petits bisous sur les joues et sur la bouche depuis septembre 2019. En nous voyant dans la rue, nous nous sommes rapprochés. »
« Froideur et détachement »
Un scénario imaginaire que les découvertes de la police sur son ordinateur vont annihiler. Dès 2009, David Daouphars, alors marié et père de deux enfants, fantasmait sur sa voisine de 40 ans et ses deux filles âgées de 13 et 18 ans. Les enquêteurs ont retrouvé des traces de recherches sur Internet avec les mots clés « plan sexe », « marié ». femmes sur Izon », « femme se faisant détruire le pénis » ou encore « voir poitrine de jeune de 14 ans » ou « culotte arrachée (sic) ». Le père, qui se trouvait dans une pièce séparée avec son épouse au moment des faits, était un grand consommateur d’images et de vidéos pornographiques.
L’expertise psychiatrique de l’assassin présumé réalisée début juillet 2024 au centre pénitentiaire de Gradignan, où il est incarcéré, va révéler les contours d’une personnalité « schizoïde » marquée par « la froideur et le détachement », ne manifestant aucune émotion ni sentiment. de culpabilité. Les enquêteurs eux-mêmes ont décrit « un homme sur qui tout semble glisser, qui apparaît indifférent à tout et à tout le monde. »
Quand les psychiatres parlent du double meurtre, ils parlent d’« une bêtise, une grosse bêtise »
Devant les médecins experts, il a déclaré avoir pleuré lorsque ses parents sont venus pour la première fois lui apporter des affaires au parloir de la prison. Quand les psychiatres parlent du double meurtre, ils parlent d’« une bêtise, une grosse bêtise ». Le soutien-gorge de Sylviane Muller, retrouvé à moitié brûlé sur les lieux du drame, n’évoque pour lui aucun souvenir mais, en revanche, il avoue avoir une attirance pour les sous-vêtements féminins.
Un risque majeur de récidive
Il est possible que David Dauphars ait agi sous l’emprise de l’alcool qu’il connaissait. Les experts conservent néanmoins l’entière responsabilité pénale « permettant d’exclure un acte totalement impulsif ». Conclusion inquiétante, ils constatent un « risque majeur de récidive » et notamment « une dangerosité spécifique » à l’égard des filles Muller.
Derrière les barreaux, David Daouphars a exprimé le souhait de travailler dans la boulangerie de la prison en attendant son procès devant la cour d’assises de Gironde.