Les discussions en cours entre la défense et la Couronne et qui visent à éviter la tenue du procès pour le meurtre de Philippe Hébert sont loin de réjouir les proches de la victime d’un meurtre survenu en décembre 2022 dans la Péninsule acadienne.
Les avocats assignés au dossier ont convenu de tenter d’en arriver à un règlement qui mettrait fin aux poursuites judiciaires intentées contre l’individu accusé du meurtre du journaliste Réjean Hébert.
Philippe Hébert, originaire de Saint-Simon, fait face à de graves accusations de meurtre sans préméditation et d’outrage à cadavre humain.
Un verdict de culpabilité contre l’accusé lui vaudrait automatiquement une peine d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération avant d’avoir purgé au minimum 10 ans de sa peine.
Si la Couronne et la défense s’entendent, le scénario le plus probable serait que Philippe Hébert plaide coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire.
En vertu du Code criminel, dans certaines situations où il n’y a pas d’usage d’arme à feu lors de la perpétration de l’infraction, aucune peine minimale n’est imposée en cas de condamnation pour homicide involontaire coupable.
L’accusé est en détention préventive depuis son interpellation par la police le 29 décembre 2022, quelques heures après la découverte du corps du journaliste et chroniqueur horticole qui gisait devant sa résidence de Saint-Simon.
Ainsi, si un juge de la Cour du Banc du Roi devait, par exemple, condamner Philippe Hébert à une peine de trois ans de prison, cela signifierait que le détenu serait libéré dès le prononcé de la peine si le principe de l’octroi d’un A un crédit d’un jour et demi pour chaque jour de détention est appliqué.
Des proches en colère
Cette perspective est extrêmement choquante pour les proches de Réjean Hébert qui disent mal comprendre comment la Couronne pourrait négocier une telle entente avec la défense impliquant une charge réduite.
« Comment pouvons-nous transformer cela en homicide involontaire et dire que c’est une justice, une épreuve ? Le procureur n’a pas de colonne vertébrale», a déclaré Guy Hébert, le frère de la victime du drame qui a secoué la Péninsule acadienne et le monde médiatique.
Selon lui, la Couronne dispose d’une preuve solide qui permettrait à Philippe Hébert d’être reconnu coupable de meurtre au 2e degré.
Toujours selon lui, la Couronne et les enquêteurs de la GRC ont omis d’interroger plusieurs proches de Réjean Hébert qui auraient des choses à dire sur le mode de vie de la victime et de son meurtrier présumé et sur des incidents survenus au sein de la famille au cours des dernières années.
« Il semble que seule la version de Philippe soit prise en compte dans cette affaire », déplore l’entrepreneur de Caraquet.
Une question d’héritage ?
Guy Hébert est catégorique : l’idée de recevoir un héritage et de s’affranchir d’un environnement familial souvent conflictuel aurait encouragé son neveu à commettre l’irréparable.
Dans une longue entrevue accordée mardi à Acadie Nouvelle au palais de justice de Bathurst, le frère de la victime a également affirmé que l’accusé a littéralement jeté ses parents dans la faillite par certains actes, ses emprunts et son mode de vie, en plus d’avoir mis fin à la vie de son père.
« Oui Réjean avait parfois du caractère, mais malgré tout, il a tout fait pour essayer d’aider cet enfant. Il n’a montré aucun regret pour ce qui est arrivé à son père, il y aurait de quoi écrire un roman ! dit M. Hébert.
Ce dernier affirme avoir été le tout premier à remettre de l’ordre dans la maison familiale après le terrible drame, un travail qu’il qualifie de nettoyage d’une scène de crime.
Tous les détails entourant le décès révélés au cours de la procédure judiciaire et par la famille, dont certains sont très inquiétants et macabres, font l’objet d’une ordonnance de non-publication prononcée par le tribunal.
La Couronne dans ce dossier est représentée par Me Yannick Devost. Le célèbre avocat Gilles Lemieux défend Philippe Hébert.
Un avocat de la défense qui n’est pas associé au dossier a indiqué à Acadie Nouvelle qu’une négociation entre les parties et une possible réduction des accusations témoigne possiblement d’une carte cachée qui serait entre les mains de la défense.
“Il serait par exemple possible pour la défense d’invoquer une psychose toxique lors de l’événement pour justifier son action, ce qui pourrait grandement aider la cause de l’accusé, même si des évaluations psychiatriques démontraient qu’il était capable de subir un procès”, a déclaré l’avocat. qui a parlé à Acadie Nouvelle.
Selon ce dernier, l’idée de la Couronne et envisagée par la famille de parvenir à une entente avec l’accusé dans le seul but d’éviter un procès et d’économiser du temps et de l’argent n’est pas plausible compte tenu de la gravité des accusations.
Le procès pour meurtre de Philippe Hébert devrait débuter le 10 février 2025 à la Cour du Banc du Roi de Bathurst, devant juge et jury.