Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), suite aux offensives des rebelles du M23, le prix des denrées alimentaires a augmenté dans la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, qui compte plus d’un million d’habitants. Les aliments les plus consommés, comme les pommes de terre et les haricots, ont vu leurs prix doubler sur les marchés de Birere et de Kituku, dont dépendent les Gomatraciens.
De notre correspondant à Goma,
Au marché de produits alimentaires de Birere, les commerçants se plaignent du manque de clients. Mais aussi les taxes imposées par groupes armésce qui a fait grimper les prix RDC. « Cette qualité de haricots multicolores se vend 65 $ le sac, les haricots rouges 70 $, un sac de pommes de terre se vend 95 $. ! », a observé l’un d’eux, Bahufite Ntihemuka.
En raison de la baisse de la production dans les régions de Masisi, Rutshuru et de la fermeture des routes, les produits alimentaires se font de plus en plus rares dans Goma. Grossiste en pommes de terre sur ce marché de Birere, Neema Ngarukiye a du mal à écouler sa marchandise, trop chère, et a également du mal à se la procurer : « Avant la guerre, je déchargeais dix camions par jour. Aujourd’hui, je ne peux même pas vendre un camion. »
Doublement des prix sur les marchés
Haricots, légumes, pommes de terre, les aliments les plus consommés à Goma ont vu leurs prix doubler. Cette inflation nuit au pouvoir d’achat des familles. Assise sur une pierre volcanique devant son petit commerce de vêtements pour femmes, dans le quartier Ndosho, à l’ouest de Goma, Céline Mbuhu raconte qu’aujourd’hui, elle a du mal à nourrir ses enfants :
« Nous vivons difficilement à cause de la guerre du M23. Auparavant, même avec mes sept enfants, je pouvais facilement faire provision pour le repas du soir avec 5 000 Congolese francs [1,7$]. Aujourd’hui, c’est presque impossible. »
Des bananes et du charbon traversent le lac Kivu
Depuis l’avancée de Rebelles du M23 qui encerclaient la ville de Goma, l’approvisionnement en nourriture est devenu un casse-tête. À une dizaine de kilomètres de là, au bord du lac Kivu, le marché de Kituku est devenu le seul espoir de survie de Goma. Les produits alimentaires quittent le territoire de Masisi, Minova et Buzi-Bulenga, dans la province du Sud-Kivu, et arrivent en masse tous les lundis et jeudis, jours de marché. Zawadi Emilliane est une commerçante qui traverse le lac Kivu pour vendre ses plantains :
« J’apporte au moins dix régimes de bananes et si je gagne beaucoup, j’en reçois 10 000 CFA francs », elle se félicite. Même le charbon, qui provenait de Masisi et de Rutshuru, vient désormais de Kalehe. ” Il y a beaucoup d’activité au marché de Kitukuobserve son président Chance Kanane. Les ventes de charbon de bois peuvent dépasser 5 000 sacs le lundi et jeudi, jours de marché. »
En attendant la fin de la guerre et la réouverture de la route Goma-Sake-Minova, la route maritime sur le lac Kivu est devenue incontournable pour approvisionner la population de Goma, gonflée par les déplacés des environs.