En ces temps de pénurie budgétaire, le gouvernement cherche des solutions. La proposition d’une deuxième journée de solidarité pour renflouer les caisses de l’État suscite le débat public alors que l’examen du projet de loi sur le financement de la sécurité sociale débute mercredi 13 novembre 2024 au Sénat.
Appréciée des macronomes, qui y voient un bon moyen de faire des économies, cette mesure pourrait générer, selon les estimations, entre 2 et 4 milliards d’euros. « Pourquoi pas le 11 novembre ? »a lancé le maire des Républicains de Meaux, Jean-François Copé, invité de FranceInter ce lundi 11 novembre.
Faisons le point sur cette idée qui est loin de faire l’unanimité.
1. Qui a lancé cette idée ?
La proposition est venue d’abord du Sénat, indique-t-il Le Parisien . En septembre dernier, un rapport sur le scandale des maisons de retraite préconisait la suppression du jour férié, s’appuyant sur ce qui avait été fait avec le lundi de Pentecôte en 2004. L’objectif : apporter de l’argent au Fonds national de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Selon ce rapport, la suppression d’un jour férié « générerait 2,4 milliards d’euros de revenus supplémentaires ».
L’idée circule aussi au sein de la macronie qui cherche à combler les déficits, notamment celui de la sécurité sociale. « Instaurer une deuxième journée de solidarité est une proposition très intéressante »discuté fin octobre, mon collègue LCI le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand. “Cela fait partie des débats que nous aurons au Parlement”a ajouté le ministre du Budget Laurent Saint-Martin TF1 . « Je pense que tout ce qui permet à notre pays de démontrer que nous pouvons travailler plus dur pour participer à l’effort de redressement va dans la bonne direction. »
Dans Les échos début octobre, l’ancien ministre Gérald Darmanin a également défendu le principe d’une deuxième journée de solidarité « dans le secteur public comme dans le secteur privé ».
Mais le Premier ministre Michel Barnier lui-même n’y est pas du tout favorable. Plutôt que de supprimer un jour férié, qu’il sait cher aux Français, il préfère revoir les exonérations fiscales accordées aux entreprises.
2. Combien cela rapporterait-il aux caisses de l’État ?
Concrètement, le salarié travaillerait une journée supplémentaire mais sans rémunération supplémentaire. Ainsi, l’entreprise – qui améliore sa productivité – paie un impôt égal à 0,3% sur ses salaires, précise-t-il. Le Parisien. A cela s’ajoute une augmentation de la contribution complémentaire de solidarité (0,3%) versée par les retraités.
Selon ces partisans, qui s’appuient sur les projections du lundi de Pentecôte, cette proposition rapporterait environ 3,3 milliards d’euros par an dans les caisses de la Sécurité sociale.
Au total, en 2024, grâce à cette journée, le Fonds National de Solidarité pour l’Autonomie a pu récolter 3,42 milliards d’euros, soit 8,2% de ses recettes annuelles, précise-t-il. L’envoi .
Pourtant, Laurent Vachey, Inspecteur général des Finances, avait déjà étudié l’idée d’une deuxième journée de solidarité. Dans un rapport publié en 2020, il mentionnait « des effets incertains sur l’économie et l’emploi »l’ajouter « les partenaires sociaux sont globalement hostiles ».
3. Pourquoi est-ce une idée impopulaire ?
Malgré les bénéfices revendiqués, cette option est loin de convaincre la gauche et les syndicats. « Chaque jour férié est lié à l’histoire de France ou aux luttes, nous ne ferons pas payer les erreurs budgétaires des gouvernements précédents sur le dos des travailleurs »il affronte pour sa part la députée PS parisienne Céline Hervieu.
« Le problème, c’est que la journée de solidarité ne concerne que les travailleurs. Il n’y a aucune raison pour que les dividendes et les produits financiers ne soient pas également utilisés.»La sénatrice écologiste Anne Souyris déplore Le nouvel Ob .
« Nous avons déjà eu une réforme des retraites, trois réformes de l’assurance chômage, une réforme du Code du travail, un gel des salaires dans le secteur privé et public, il faut donc arrêter de tromper le monde »répond Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT interrogée par France 2 .
Sans oublier que la première journée de solidarité, instaurée sous Raffarin après la canicule meurtrière de 2003, avait créé polémique sur polémique, à tel point qu’en 2008 le gouvernement a dû faire machine arrière et accorder des assouplissements. Une des principales raisons pour lesquelles le Premier ministre se retient sur le sujet…