Un tel phénomène pourrait-il se produire un jour à Bordeaux ?

Un tel phénomène pourrait-il se produire un jour à Bordeaux ?
Un tel phénomène pourrait-il se produire un jour à Bordeaux ?

Une crue soudaine, des torrents d’eau et de boue dans les rues, des habitants surpris dans leurs voitures et un bilan humain catastrophique. L’événement climatique extrême de la « goutte froide », où l’équivalent d’un an de pluie est tombé en quelques heures à Valence, en Espagne, pourrait-il se produire à Bordeaux, en Gironde ? Quelles en seraient les conséquences ? Pourrait-on observer, un jour, les mêmes images qu’en Espagne ?

D’un point de vue météorologique, une telle quantité de pluie tombée en si peu de temps à Bordeaux n’était jamais arrivée. Cela ne veut pas dire que cela n’arrivera pas, surtout avec le réchauffement climatique qui entraîne des cellules orageuses plus localisées, plus fréquentes et plus violentes. En juin 2021, des précipitations exceptionnelles lors d’un orage (80 litres d’eau par m² en moins de 12 heures) ont rapidement inondé la commune de Saint-Germain-du-Puch, dans le Libournais, à une vingtaine de kilomètres de là. de Bordeaux. « Si une telle quantité devait tomber sur Bordeaux, le réseau d’évacuation des eaux actuel ne serait pas en mesure de la supporter », assure Nicolas Dion, président d’Endeo Environnement, cabinet bordelais de conseil spécialisé en hydrogéologie et hydrologie.

Le danger des pluies torrentielles localisées

Cependant, les images de torrents d’eau dans les rues comme à Paiporta, près de Valence, semblent improbables sur la rive gauche de Bordeaux, car il n’y a pas autant de dénivelés. « Les secteurs les plus exposés seraient plutôt la rive droite, comme le bas de Cenon, Bouliac ou Floirac, où le coefficient de ruissellement pourrait être plus élevé », précise-t-il. La topographie et les aménagements à Bordeaux ne sont pas non plus les mêmes que dans l’agglomération valencienne, où la dérivation du fleuve Turia a préservé le centre-ville mais a aggravé la situation des communes plus au sud. Il n’existe pas de travaux de ce type à Bordeaux.

La gestion des crises d’inondations liées à des pluies torrentielles exceptionnelles reste cependant peu documentée à Bordeaux. Des études hydrologiques avec différents scénarios sont en cours, dans un contexte où les pouvoirs publics ont récemment pris conscience que l’imperméabilisation des sols était un facteur aggravant.

Il y a un vrai problème sur le foncier bordelais, avec un manque de foncier disponible pour concevoir des ouvrages de prévention »

« Il y a un important réseau d’assainissement installé dans la commune [Ramses, NDLR]avec de nouveaux bassins de rétention comme à Nansouty. Mais en même temps, on assiste à une densification des habitats et des routes, qui favorise le ruissellement. Il y a un vrai problème sur le foncier bordelais, avec un manque de terrains disponibles pour concevoir des travaux de prévention », selon Nicolas Dion, qui travaille avec plusieurs communes sur le sujet.

Inondations rivière-mer connues

A Bordeaux, le risque le plus fréquent et documenté est avant tout celui d’une crue fluvio-mer. Soit une crue de la Garonne liée à un débit fluvial important, un coefficient de marée élevé (souvent le cas à l’équinoxe de mars), des vents intenses et une pression atmosphérique élevée. Selon le Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRI) de l’agglomération bordelaise, certains quartiers de Bordeaux comme la rive droite, Bacalan et les Chartrons peuvent être inondés jusqu’à 5,5 mètres/GNF (au-dessus du niveau général en ). Les communes de Bègles, Bassens, Bruges et Ambarès-et-Lagrave sont également concernées.


La carte interactive des zones de débordement est disponible sur le site de l’Observatoire des risques Nouvelle-Aquitaine.

DONC

« Cette modélisation s’appuie cependant sur des crues décennales et centennales, comme nous l’avons déjà vécu. Mais avec le changement climatique, ces données pourraient être bien plus élevées », explique Virginie Perromat-Malikité, chargée d’étude culture du risque et résilience à l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT).


Le 12 mars 2024, de forts coefficients de marée provoquent un débordement de la Garonne sur la rive droite de Bordeaux. Un phénomène bien connu et modélisé.

archives Fabien Cottereau / SO

« En cas de crue fluvio-mer, la montée des eaux serait assez lente, sur plusieurs heures, avec un système de prévision (Vigicrue) qui permettrait d’alerter les riverains, en complément du Plan communal de protection (PCS). ). Ce n’est pas une inondation aussi brutale qu’en Espagne ou que ce qui se passe dans le sud-est de la France. » Le centre-ville de Bordeaux serait plutôt épargné, comme à Valence, grâce aux ouvrages existants.

Zones tampons

En revanche, certaines petites communes situées hors de l’aire urbaine, qui constituent des zones tampons, comme celles du Sud-Médoc ou du sud de la métropole bordelaise, seraient très exposées. La ville de Macao, située au milieu de la zone inondable de la Garonne, serait l’une des premières touchées, tout comme Labarde, Ludon-Médoc, Parempuyre et Blanquefort. Une digue submersible a également été construite en rive gauche (d’une hauteur de 4,35 m/NGF). Il évite dans une certaine mesure les crues fluviales et maritimes, afin d’éviter que les excès d’eau ne s’écoulent vers la région bordelaise, beaucoup plus densément peuplée.

« On peut se protéger, mais pas trop, car l’eau doit déborder ici en cas de crue importante à Bordeaux. Ceci est anticipé grâce à l’outil RIG (Référentiel crues de la Gironde), notamment avec des scénarios d’effacement de digue. [rupture non réparée, NDLR]. Les habitants sont conscients des risques», assure Chrystel Colmont-Digneau, maire de Macao.

On peut se protéger, mais pas trop, car l’eau doit déborder ici en cas de grosse inondation à Bordeaux. »

« Ce que nous n’avons pas encore mesuré, ce sont les pluies torrentielles, qui touchent les riverains des petites rivières plutôt que ceux des bords de Garonne. En deux ou trois heures, on peut être inondé en aval par des torrents d’eau qui descendent des fossés, alors qu’avant, l’eau mettait entre douze et quinze heures à s’écouler », prévient-elle. Un plan communal de gestion des eaux pluviales a été lancé mais reste encore théorique.

Le pire scénario serait celui de pluies torrentielles exceptionnelles combinées à un phénomène fluvial-maritime important. La Garonne gonflerait et empêcherait l’écoulement des eaux du réseau d’évacuation, déjà saturé. Dans ce cas exceptionnel, la montée des eaux serait rapide et le risque deviendrait majeur pour l’ensemble de la métropole bordelaise et les communes situées dans les zones tampons. C’est ce qui s’est produit lors de la « crue du siècle » de mars 1930, provoquant la mort d’environ 200 personnes dans tout le Sud-Ouest.

 
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