« Mais il ne faut pas idéaliser la guerre, car la guerre, c’est la mort », poursuit-il.
“Le meilleur meurt”
Mme Vasylchenko a assisté aux deux cérémonies funéraires dans un crématorium situé sur une colline de la capitale ukrainienne. Elle est l’ex-femme de Daniil Liachkevytch mais ils restent amis.
Valentyna Nagorna, tuée à l’âge de 28 ans, servait dans une unité médicale : elle sauvait les soldats blessés et les évacuait du champ de bataille.
La mère a fondu en larmes lors de la cérémonie. Il a ensuite posé sa tête sur le cercueil fermé de sa fille.
Dès les premiers jours de l’invasion russe, en février 2022, Valentyna Nagorna a enseigné à Lyudmyla Levchenko, 60 ans, les bases de la médecine de guerre.
« Je n’oublierai jamais ce qu’il m’a dit les premiers jours : +Tu te rends compte que nous ne survivrons pas tous à la victoire ? Cela nous a préparés », dit Mme Levchenko en retenant ses larmes.
« Nous avons des jeunes extraordinaires, je les admirais, j’ai appris d’eux et ils ont appris de moi (…). Mais les meilleurs meurent », ajoute-t-il.
“Fais ton devoir”
Valentyna Nagorna a servi, comme son épouse, dans la 3e brigade d’assaut d’Azov, une grande unité d’infanterie mécanisée.
Olena Tolkatchova, chef du Service de patronage d’Azov, qui aide les soldats de cette brigade, la décrit comme une personne qui « voulait aider autant que possible ».
Tolkatcheva ne cache pas sa colère envers les Ukrainiens qui n’entendent pas se battre, au moment où l’armée, après plus de deux ans et demi d’un conflit meurtrier, peine à reconstituer ses rangs pour résister aux forces russes, plus nombreuses.
Selon elle, ils ont un « comportement indigne ».
Le sentiment de devoir remplir un devoir unit Valentyna Nagorna et Daniil Liashkevych, estime le commandant de ce dernier, qui ne s’identifie que par son nom de code « Kostyl ».
Il explique qu’ils n’étaient en couple que depuis quelques mois : « Ils n’étaient pas ensemble depuis longtemps mais ils partageaient des principes de vie très similaires. »
“Comme lui, il voulait vraiment se rapprocher de la guerre.” « Il voulait faire son devoir et sauver des vies le plus près possible du front. »
Sur un selfie du couple, publié par les médias ukrainiens, on voit Valentyna Nagorna et Daniil Liashkevych souriant. Lui, barbe foncée, elle, cheveux teints en orange et cou tatoué.
Leur histoire inspire les autres. Un militaire de 24 ans, surnommé « Dzvinka », suivait depuis quelques temps Valentyna Nagorna sur les réseaux sociaux.
« Je veux que les gens sachent que les jeunes Ukrainiens vivent dans un monde complètement différent. Nous ne savons pas et nous ne nous souvenons pas de ce que signifie avoir une vie insouciante », dit « Dzvinka ».