Jean-Luc habite une grande maison à l’entrée du marais. « Chaque matin, je viens voir le fossé, on se demande si ça ne va pas recommencer » dit-il. Un an après la tempête Ciaran, l’ensemble des habitants de Favières restent très touchés par les inondations de novembre 2023. Le village, entouré de cinq rivières, était sous l’eau depuis plusieurs joursavec des routes et des maisons inondées. Comme 12 autres communes du Marquenterre et de la côte picarde, Favières avait été déclarée en état de catastrophe naturelle.
L’angoisse de revivre les inondations
Chez Jean-Luc, l’eau est entrée dans le garage. “Il y avait 20 centimètres, on ne pouvait plus rentrer pieds secs. C’était vraiment un désastre», a-t-il déclaré. Le retraité et son épouse ont été transférés à l’hôtel pendant dix jours par la mairie, jusqu’à ce que toute l’eau soit évacuée. Jean-Luc a tellement peur que ça recommence, que cette année, il a acheté des batardeaux, des planches d’aluminium avec des joints à fixer sur les portes pour empêcher l’eau de rentrer dans les bâtiments.
Chez Catherine, on a pompé pendant 15 jours pour empêcher l’eau de pénétrer dans le sol de la chambre. « Tirer son lait 24 heures sur 24, c’est un enfer. Mon mari est resté là pour regarder, il n’a pas dormi. Et ça continue de nous déranger : quand je vois qu’il commence à pleuvoir tu te dis, putain si ça recommence ! “. Catherine et son mari ont même acheté une deuxième pompe, au cas où la première tomberait en panne. « On y réfléchit. C’est quand même des choses qui restent marquées quand on voit tout déborder partout”, insiste Alain. L’eau n’est pas entrée dans sa maison, mais nous avons quand même dû sortir le tracteur pour aller chercher le fils au bout du chemin. « C’est quand même un peu stressant. Quand on a déplacé les congélateurs, je me suis levé il était minuit, c’est vrai qu’on ne dort pas tranquille finalement”ajoute-t-il.
Même si les inondations ici dans la Somme n’ont rien à voir avec ce que nous avons vécu dans le Pas-de-Calais, l’inquiétude demeure. « Nous ne pouvons pas l’oublier. Le déluge est comme un feu. Une catastrophe est une catastrophe, on aura toujours ça en tête. C’est effrayant quand même, on ne peut pas l’arrêter. de l’eau, il n’y a rien à faire. C’était l’enfer. Mon beau-père a 94 ans, il n’a jamais vu ça de sa vie.ajoute sa femme Sophie. Elle a conservé toutes les coupures de journaux avec les photos des routes inondées.
Les travaux avancent, promet le maire
Si la plupart des résidents craignent de vivre un jour un autre novembre 2023, c’est à cause de l’état des fossés au bord des routes. Ils craignent tous que l’eau ne coule pas aussi bien qu’elle le devrait. “Entre les rivières, les marais, les marées… C’est sûr que ça va recommencer.assure Catherine. “On nous avait promis de belles choses, qu’on allait faire beaucoup de travail et finalement on a l’impression que les choses n’ont pas vraiment avancé”ajoute Jean-Luc.
Le maire de Favières Guy Taeck assure que les travaux de curage des fossés ont bien démarré, notamment à l’ouest près de la Baie de Somme le long de la route principale, et qu’ils se poursuivent vers l’est et le marais. Si cela n’avance pas aussi vite que tout le monde le souhaiterait, c’est à cause des autorisations qui demandent du temps, des équipements spécifiques. Le maire rappelle également que le nettoyage est interdit en raison de la réglementation entourant la biodiversité. Les élus ont envoyé des courriers à l’État pour demander la simplification des règles autour du nettoyage. Le maire souligne également que certains propriétaires privés ne jouent pas le jeu en ne laissant pas entrer les engins sur leurs terrains ou en n’entretenant pas de fossés privés.