Grégoire Allain / Photo credit: Nicholas Kamm / AFP
08h59, 08 novembre 2024modifié pour
Dans la nuit de mardi à mercredi, Emmanuel Macron a été le premier grand chef d’État d’un pays occidental à féliciter Donald Trump pour sa victoire électorale, sur Blanc, comme ils ont “sûr le faire pendant quatre ans”, entre 2017 et 2020. .
Quelques heures plus tard, lors d’un entretien téléphonique, ce dernier a rappelé au 47e président des Etats-Unis « l’importance du rôle de l’Europe » et sa « volonté d’œuvrer au retour de la paix et de la stabilité » face aux crises internationales majeures. Autant d’enjeux qui s’apprêtent à rythmer le deuxième mandat de l’ex-homme d’affaires, que plusieurs dirigeants européens ne cachent pas de craindre.
Un soutien incertain aux alliés
Si la position américaine vis-à-vis de la guerre en Ukraine – les États-Unis sont le principal soutien militaire du pays dans son conflit avec la Russie, avec plus de 60 milliards de dollars d’aide – avait conduit à un renforcement des liens transatlantiques, l’élection de Donald Trump pourrait marquer une rupture dans cette dynamique. Il y a quelques semaines, le républicain plaisantait sur le fait que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est le « meilleur vendeur du pays », repartant avec des dizaines de milliards de dollars « à chaque fois qu’il va aux Etats-Unis ». Une position que beaucoup ont interprétée comme une menace de désengagement, corrélée à une solution de sortie de crise plus favorable à la Russie.
« Sur le plan de la Défense, les Européens sont peut-être inquiets, mais rien n’est fait. Ce que Donald Trump et JD Vance ont annoncé pendant leur campagne n’est, pour l’instant, pas quelque chose de concrètement mis en œuvre. « Cela reste seulement déclaratoire », estime Maud Quessard, directrice de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM).
Comptant notamment parmi ses partisans Viktor Orban, Premier ministre hongrois, Donald Trump, qui a régulièrement souligné que la contribution des États-Unis à l’Otan était trop coûteuse, pourrait imposer certaines de ses conditions aux Européens. Parmi eux, réviser à la hausse leurs budgets de défense, s’ils souhaitent espérer la garantie de la protection américaine en cas d’attaque de la Russie. Concernant le conflit israélo-palestinien, sa position est bien plus claire, en faveur d’Israël. En plus d’avoir par exemple travaillé pour les accords d’Abraham lors de son premier mandat, il entretient de bonnes relations interpersonnelles avec Benjamin Netanyahu, Premier ministre de l’État hébreu.
Augmentation des droits de douane
« Sur le plan commercial, il y a une constante au cours des deux derniers mandats de Trump puis de Biden : celle de la promotion du protectionnisme américain, ce qui n’est pas très bon signe pour les Européens », estime Maud Quessard. Parmi les mesures illustrant le nationalisme revendiqué par le milliardaire, la hausse des droits de douane, qu’il compte porter à au moins 10% sur toutes les importations.
“La mise en place de ces droits de douane aurait un impact sur les exportations de pays comme la France”, ajoute Ludivine Gilli, directrice de l’Observatoire nord-américain de la Fondation Jean-Jaurès. Au-delà de toucher certains secteurs clés, comme l’industrie automobile, le mécanisme pourrait servir la stratégie de dissuasion de Donald Trump, en cas de désaccords commerciaux avec d’autres partenaires. Emmanuel Macron a déjà pu en faire l’expérience, comme s’est amusé à le rappeler l’homme de 78 ans lors d’un meeting en janvier dernier, menaçant d’augmenter les droits de douane de 100 % sur tous les vins et champagnes expédiés aux Etats-Unis.
Nous n’avons plus à nous soucier des questions financières et commerciales, qui sont entre les mains de l’exécutif, mais de la Défense, où d’autres acteurs comme le Congrès et le Pentagone entrent en jeu », assure Maud Quessard, la directrice de recherche, rappelle toutefois : que l’administration Trump ne sera pas « une surprise totale » pour les Européens, qui connaissent sa ligne politique et ont su s’y préparer, même si certains points, comme sa conviction climato-sceptique, continuent d’entretenir la peur.