Les messages de félicitations venus d’outre-Atlantique se sont multipliés avant même que certains grands réseaux américains ne confirment le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche.
Sans surprise, c’est Viktor Orban qui a ouvert le bal. Le Premier ministre hongrois, qui s’est rendu à Mar-a-Lago ces derniers mois pour rencontrer Donald Trump, ne cache pas sa proximité et ses affinités avec le 45e président américain, qui deviendra bientôt le 47e.
Plusieurs autres messages ont suivi. Keith Starmer au Royaume-Uni, Emmanuel Macron en France, Giorgia Meloni en Italie : tous ont voulu rappeler au prochain président l’importance de la relation transatlantique.
Si tout le monde se dit prêt à travailler avec le prochain locataire de la Maison Blanche – Emmanuel Macron et son entourage ont répété à plusieurs reprises qu’ils avaient, après tout, déjà collaboré avec Donald Trump entre 2017 et 2021 – de nombreux dirigeants d’État et de gouvernement le sont. se préparant à l’éventualité d’une relation compliquée, voire tendue, avec Washington.
Tout d’abord, au niveau de la sécurité. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, l’Europe est confrontée au retour d’un conflit à grande échelle sur le continent. Si les pays membres de l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni ont multiplié ces dernières années les annonces d’aide financière et militaire à Kiev, le poids de celle-ci ne peut en aucun cas être comparé au soutien proposé par les États-Unis.
Fin août, Washington avait livré plus de 56 milliards de dollars d’armes et d’équipements militaires à l’Ukraine, en plus d’autres soutiens financiers, selon un rapport de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, une institution allemande. À titre de comparaison, l’Allemagne, deuxième contributeur, a fourni l’équivalent de 10,6 milliards de dollars.
L’arrivée prochaine de Donald Trump à la tête de l’administration américaine pourrait considérablement modifier ce portrait. Lors d’une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en septembre dernier, le candidat républicain de l’époque avait promis de s’installer rapidement
guerre s’il était élu. Un délai de 24 heures a même été évoqué. Dans son camp, l’aide militaire à Kiev, perçue comme contribuant à prolonger le conflit, était remise en question.
Lors d’une rencontre avec le président ukrainien en septembre dernier, Donald Trump avait promis de « résoudre rapidement » la guerre. (Photo d’archives)
Photo : Reuters / GLEB GARANICH
Toujours sur le thème de la défense, un différend risque de réapparaître entre la nouvelle administration Trump et les gouvernements de certains pays européens. Lors de son premier mandat, Donald Trump a critiqué certains membres duJE PRENDRAIy compris le Canada, pour ne pas investir suffisamment dans leur budget de défense. Durant la campagne, le candidat républicain a même déclaré qu’il encouragerait la Russie à attaquer un membre de l’alliance qui n’investit pas suffisamment dans sa défense.
Que ce soit pour aider l’Ukraine, ou éventuellement pour se défendre, faute de pouvoir compter sur le soutien indéfectible de l’allié américain, certains responsables politiques européens appellent l’Europe à se donner une plus grande autonomie militaire en investissant plus significativement dans ce secteur.
Cela doit être un signal d’alarme pour l’Europe
a déclaré mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Une stratégie européenne commune ?
Cependant, la perspective d’un retour au pouvoir de Donald Trump n’est pas une surprise. En Europe, certains réclament depuis plusieurs années une préparation. Le ministre polonais des Affaires étrangères affirme avoir développé des contacts dans son entourage et les partis politiques allemands ont même envoyé des émissaires à la convention républicaine l’été dernier. Mais compte tenu du fonctionnement et de la complexité des dynamiques au sein de l’Union européenne, une stratégie commune a eu du mal à se mettre en place.
Depuis l’annonce de la victoire de Donald Trump, le rythme des discussions semble s’accélérer, notamment entre la France et l’Allemagne. Le président Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz se sont entretenus mercredi matin pour aborder ce nouveau contexte géopolitique, et leurs ministres de la Défense ont participé mercredi soir à une réunion commune à Paris.
Ce qui apparaît comme une volonté d’adopter une approche commune pourrait néanmoins rencontrer son lot d’obstacles, entre la fragilité politique d’Emmanuel Macron à Paris et les dissensions persistantes qui ont conduit hier à l’éclatement de la coalition allemande.
Une chose est sûre, les difficultés qui se dessinent pour l’Europe sont communes, entre autres sur le plan commercial avec la promesse du futur président d’imposer des droits de douane de 10 % sur toutes les importations, des barrières que craignent plusieurs acteurs économiques, notamment en Allemagne. L’Union européenne paiera un gros prix
pour ne pas avoir acheté assez de produits américains, a menacé Donald Trump lors d’un rassemblement en fin de campagne.
Face à ces défis, les Européens adopteront-ils une stratégie concertée ? Ou certains dirigeants préféreront-ils négocier au coup par coup des accords avantageux pour leur pays avec une Maison Blanche où l’art de accord
sera-t-il approprié ? Dans son message de félicitations adressé à Donald Trump, le président de la Lituanie, petit État balte par exemple, n’a pas manqué de préciser que son pays avait respecté ses engagements en matière d’investissements de défense.
Après les premières réactions, nous aurons peut-être un premier aperçu de la réponse européenne dans le cadre des rencontres entre chefs d’Etat et de gouvernement qui ont lieu aujourd’hui et demain.
Des rencontres qui, par hasard, se tiennent en Hongrie, où le Premier ministre Viktor Orban assure la présidence tournante du Conseil desUE. Ce dirigeant, souvent critiqué par ses collègues, voit soudain son rapport de force s’accentuer, compte tenu de sa relation privilégiée avec le prochain président des Etats-Unis, pays qui reste essentiel pour le continent, n’en déplaise aux Européens.