Donald Trump finira-t-il “24 heures” à la guerre en Ukraine, comme il l’a insisté tout au long de la campagne électorale américaine ? La victoire du milliardaire, ce mercredi 6 novembre 2024, face à la démocrate Kamala Harris, rebat les cartes du conflit.
Le nouveau président des Etats-Unis n’a jamais caché son aversion pour l’implication coûteuse de son pays dans cette guerre lointaine, aux portes de l’Europe. Cela fait craindre à l’Ukraine et à ses alliés européens un déclin, voire un désengagement de l’aide américaine, de loin la plus importante depuis le lancement de l’invasion russe le 24 février 2022. Voire une paix négociée dans des conditions favorables à Moscou…
Voici tout ce qu’il faut retenir de cette journée du mercredi 6 novembre 2024, autour de la guerre en Ukraine.
Kyiv espère une « paix juste »
Sur le réseau social X (anciennement Twitter), Volodymyr Zelensky a félicité Donald Trump pour “sa victoire impressionnante”en espérant que son élection aidera l’Ukraine à obtenir un « juste la paix ». « J’apprécie l’engagement du président Trump en faveur de l’approche « la paix par la force » dans les affaires mondiales. C’est exactement le principe qui peut concrètement rapprocher l’Ukraine d’une paix juste.»il a réagi.
Le président ukrainien a rappelé son « redoutable » rencontre avec Donald Trump à New York en septembre, au cours de laquelle ils “a discuté en détail du partenariat stratégique entre l’Ukraine et les États-Unis, du plan de victoire et des moyens de mettre fin à l’agression russe contre l’Ukraine”. Le chef du cabinet présidentiel, Andriï Iermak, a également décrit « productif » cette réunion de septembre, rapporte leAFP. « Il est essentiel que l’Ukraine bénéficie du soutien des deux partis aux États-Unis »il a insisté sur Telegram.
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Volodymyr Zelensky et Donald Trump entretiennent une relation complexe, notamment en raison d’un scandale politique américain remontant à 2019. Suite à la révélation du contenu d’une conversation téléphonique entre Donald Trump, alors président des États-Unis, et le chef de l’État ukrainien. , le locataire de la Maison Blanche s’est retrouvé accusé d’avoir fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle ouvre une enquête pour corruption contre le fils de Joe Biden, son rival démocrate. Cette affaire a donné lieu au procès en impeachment contre Donald Trump, mais celui-ci a finalement été acquitté par le Sénat américain.
Le Kremlin jugera Trump sur ses « actions »
De son côté, le Kremlin a indiqué que Vladimir Poutine n’envisageait pas de féliciter Donald Trump pour sa victoire électorale. « N’oublions pas que nous parlons d’un pays hostile, directement et indirectement impliqué dans une guerre contre notre Etat »a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant que le nouveau président des Etats-Unis sera jugé “sur des actions concrètes”.
Les relations russo-américaines sont au plus bas depuis que la Russie a lancé une attaque contre l’Ukraine, le Kremlin reprochant à l’Occident de soutenir son allié ukrainien. « Il est pratiquement impossible que les relations se détériorent davantage. Ils sont à leur plus bas historique. Quant à ce qui se passera, tout dépendra des dirigeants américains.»a ajouté Dmitri Peskov. “On verra ce qui se passe en janvier”a-t-il noté, en référence à l’investiture du prochain président des États-Unis.
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De son côté, la diplomatie russe s’est dite prête à travailler avec le nouveau gouvernement américain, tout en soulignant que la Russie ne nourrit pas “pas d’illusion” sur le républicain et qu’il poursuivra tous ses objectifs en Russie.
Il y a deux semaines, lors de la conférence de presse de clôture du sommet des Brics à Kazan, en Russie, Vladimir Poutine a souligné que Donald Trump avait fait des commentaires “sincère” en déclarant « Je veux tout faire pour mettre fin au conflit en Ukraine ». «Le développement des relations russo-américaines après les élections dépendra des Etats-Unis. S’ils sont ouverts, nous le serons aussi »il a ajouté.
Les alliés européens de l’Ukraine en alerte
Les alliés européens de l’Otan se veulent rassurants après la victoire de Donald Trump, mais le retour du milliardaire à la Maison Blanche suscite de sérieuses inquiétudes sur l’avenir de l’Alliance et celui du soutien à l’Ukraine. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a déclaré mercredi qu’il « il y a un risque de moindre engagement en Ukraine ».
Sans doute se souvient-il que Donald Trump avait menacé, s’il était élu, de ne plus défendre les pays de l’Otan qui ne respecteraient pas leur engagement à contribuer au budget de l’alliance. « Son leadership sera une fois de plus un élément clé pour maintenir la force de notre Alliance. J’ai hâte de travailler à nouveau avec lui pour faire progresser la paix en renforçant l’OTAN. »Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a rapidement réagi pour rassurer.
Après avoir félicité Donald Trump pour sa victoire électorale, Emmanuel Macron a précisé sur X qu’il s’était entretenu avec le chancelier allemand Olaf Scholz, promettant de coopérer avec les États-Unis. « en défendant nos intérêts et nos valeurs ». Le président français et Donald Trump ont eu ce mercredi un « très bon échange » appel téléphonique de 25 minutes, rapporte l’Élysée, cité par Reuters. Les deux dirigeants ont notamment évoqué l’Europe, la guerre en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient.
La Russie revendique la prise de deux villages du sud-est…
Pendant ce temps, la Russie poursuit sa percée sur le territoire ukrainien. La Russie a revendiqué ce mercredi la prise de deux nouveaux villages près de la ville industrielle de Kurakhové, au sud-est de l’Ukraine, où ses troupes avancent face à une armée ukrainienne épuisée, indique leAFP.
Selon le rapport quotidien du ministère russe de la Défense, les forces moscovites se sont emparées d’Antonivka et de Maksimivka, deux villages situés au sud de Kurakhové, et au nord de Vougledar, une forteresse ukrainienne tombée début octobre. Les troupes russes s’approchent depuis plusieurs semaines depuis l’est et le sud de Kourakhové, une ville qui comptait environ 18 000 habitants avant le conflit, et qui abrite notamment à proximité un important gisement de lithium, un minéral rare.
L’armée russe est actuellement aux portes de la banlieue est de cette ville, située à proximité d’un réservoir. Plus au nord, la ville de Pokrovsk, plaque tournante logistique importante pour les troupes ukrainiennes, est également menacée de conquête. L’armée russe a pris en octobre quelque 500 kilomètres carrés du territoire ukrainien, un record depuis les premières semaines du conflit en mars 2022, selon une analyse du ministère de la Défense.AFP données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 novembre, la Russie a lancé deux missiles et 63 drones explosifs sur l’Ukraine, dont plus de la moitié ont été abattus par la défense anti-aérienne, a indiqué Kiev.
…et l’Ukraine réalise sa première frappe réussie contre des navires russes
De son côté, l’Ukraine a assuré avoir mené avec succès sa première frappe contre des navires russes dans la mer Caspienne, située à plus d’un millier de kilomètres de la frontière ukrainienne, à l’aide de drones explosifs aériens. « Pour la première fois, des drones explosifs […] frapper les navires ennemis dans la mer Caspienne »a déclaré une Source au sein des services de renseignement militaire ukrainiens, précisant que la cible était localisée “environ 1 500 kilomètres” de la frontière. Cette attaque a touché les navires lance-missiles « Tatarstan » et « Daghestan » ancrés au large de la ville de Kaspiysk, dans le Caucase russe, selon cette Source.
Les autorités russes locales n’ont pas confirmé que des navires avaient subi des dommages, affirmant seulement qu’un drone ukrainien avait été abattu. « Le régime de sécurité des installations civiles et militaires a été renforcé »» ont-ils sobrement indiqué.
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Depuis le début de la guerre en 2022, l’Ukraine développe et améliore ses propres drones, dont l’industrie a été vantée par le président Volodymyr Zelensky début octobre. La portée de ces engins ne cesse de croître, tandis que les alliés de Kiev lui refusent la possibilité d’utiliser les armes occidentales à longue portée qui lui ont été fournies pour des frappes en profondeur sur le territoire russe. L’Ukraine a réussi à repousser la flotte russe en mer Noire, notamment grâce à des drones navals de fabrication ukrainienne.