Le 28 octobre 2024, le Parlement israélien a adopté deux lois dont l’application empêchera l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient) de remplir son mandat, celui de protection et d’assistance aux réfugiés palestiniens.
Ces lois interdisent à l’agence onusienne d’effectuer ses missions sur le territoire contrôlé par Israël, notamment à Jérusalem-Est occupée, où se trouve le siège de l’organisme. Ils interdisent également tout contact entre l’UNRWA et l’administration israélienne.
Les liens bancaires de l’UNRWA, dont les fonds transitent par les banques israéliennes, seraient rompus. L’agence serait incapable de payer ses fournisseurs et les salaires de ses employés. Il y aurait un arrêt de toute coordination avec l’armée pour acheminer l’aide humanitaire à Gaza. Les conséquences à Gaza et en Cisjordanie seraient catastrophiques.
Diffamation, dénigrement et interdiction de l’UNRWA
Ces lois sont l’aboutissement d’un lent processus de discrédit de l’UNRWA qui a pris une ampleur immense après le 7 octobre 2023.
En janvier 2024, dès que la justice internationale a admis le risque plausible de génocide à Gaza, Netanyahu a accusé une dizaine d’employés de l’UNRWA, sur les 13 000 opérant à Gaza, d’avoir participé aux attentats du 7 octobre sans en apporter la preuve. Cela a entraîné une interruption du financement de l’UNRWA par certains pays occidentaux. Malgré cette campagne de diffamation, les États occidentaux, à l’exception des États-Unis, ont ensuite repris leur financement, suite à l’enquête lancée par l’ONU.
En juillet 2024, un projet de loi a été voté en première lecture classant l’UNRWA comme organisation terroriste.
Ce projet de loi a été rejeté et les attaques ont été ralenties à la fin de l’été pour permettre à l’agence de mener une campagne de vaccination contre une épidémie de polio qui menaçait Gaza et qui risquait d’atteindre les soldats : la campagne de vaccination terminée, Israël reprend sa propagande, s’est concrétisée en octobre 2024 avec l’adoption des deux lois.
Le refus du droit international
Les conséquences humanitaires de l’application de ces lois seraient dramatiques. Cependant, même si l’on peut en douter à ce stade, ce n’est pas par pur sadisme qu’Israël a adopté ces lois, mais suite à une stratégie politique bien établie.
L’hostilité envers l’UNRWA s’inscrit plus généralement dans une méfiance perpétuelle à l’égard de l’ONU et du droit international, dont certaines dispositions représentent de véritables embarras pour Israël : la première étant la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 11 décembre 1948, garantissant le droit au retour des Réfugiés palestiniens. Un embarras évident pour le projet colonial israélien.
Car derrière les attaques contre l’UNRWA, c’est surtout la question des réfugiés et du droit au retour qui est visée.
Réfugiés refusés
En l’absence d’État palestinien, l’UNRWA reste l’institution qui relie les populations réfugiées dispersées, dont elle conserve les archives, les noms et les identités. La destruction de l’UNRWA serait une nouvelle étape dans la fragmentation de la population palestinienne et dans l’effacement de tout avenir national pour les Palestiniens.
De même, en affaiblissant l’UNRWA, Israël espère frapper en plein cœur la lutte de libération nationale palestinienne. Ces luttes trouvent leurs racines dans les camps de réfugiés : la première Intifada a commencé dans le camp de Jabalia à Gaza et la seconde dans le camp de Balata à Naplouse. L’existence des réfugiés et des camps appelle un retour, il est donc évident que des luttes surgissent et continuent de surgir dans les camps. Et il est tout aussi évident qu’en affaiblissant l’UNRWA, qui fournit une aide vitale aux réfugiés, ces luttes seraient particulièrement affectées.
La plupart des États, y compris les États-Unis, ont exprimé leur opposition à toute entrée en vigueur de ces lois. La Norvège a même annoncé, au lendemain de leur adoption, la présentation d’une résolution à l’Assemblée générale de l’ONU afin de soumettre un avis à la Cour internationale de Justice sur les obligations d’Israël de faciliter l’aide. humanitaire envers les Palestiniens.
Farah M.