Le retour au pouvoir de Donald Trump pourrait-il sonner le glas des milliards de dollars d’aide américaine envoyés à l’Ukraine depuis 2022 ? Le républicain a toujours insisté durant sa campagne sur le fait qu’il « mettrait fin à la guerre en 24 heures », sans se prononcer clairement en faveur d’une victoire de Kiev. Volodymyr Zelensky l’a félicité, disant espérer une « paix juste ».
C’est un scénario redouté par de nombreux Ukrainiens, celui d’une victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Les médias américains ont annoncé sa victoire ce mercredi 6 novembre et le candidat républicain s’est déclaré vainqueur dans la matinée. Il a depuis déjà reçu les félicitations de plusieurs dirigeants internationaux comme Emmanuel Macron et notamment Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien a félicité, sur le réseau social [son] engagement en faveur de l’approche de « la paix par la force », un « principe qui peut concrètement conduire à une paix juste ».
Il a rencontré Donald Trump en septembre dernier, lui présentant son « plan de victoire », qu’il a également dévoilé à Joe Biden et Kamala Harris. Le mois dernier, le président ukrainien a déclaré vouloir une « fin juste et rapide de cette guerre (…) J’aimerais y voir cela au plus tard l’année prochaine, 2025 ».
>> EN DIRECT Donald Trump élu président des Etats-Unis
Si son retour à la Maison Blanche inquiète les Ukrainiens et une partie de l’UE, c’est parce que les déclarations du milliardaire lors de sa campagne laissaient présager, en cas de retour au pouvoir, un futur déclin du soutien américain à Kiev. dans sa lutte contre l’invasion russe. Depuis le début du conflit en février 2022, les États-Unis sont le premier donateur de l’Ukraine, avec plus de 60 milliards d’euros d’aide militaire et le soutien sans faille affiché par Joe Biden.
Fin de la guerre en Ukraine « dans 24 heures »
Donald Trump, de son côté, a affirmé à plusieurs reprises qu’il « mettrait fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures », assurant notamment en mai 2023 qu’il « connaît bien Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky ». Le républicain n’a jamais donné de détails sur ses intentions, mais n’a jamais souhaité publiquement la « victoire » à Kiev et est régulièrement accusé d’avoir de l’admiration pour Vladimir Poutine. Pour rappel, lors de son débat en septembre contre Kamala Harris, il avait déclaré : « Je veux que la guerre soit réglée ».
Le candidat républicain a également critiqué à plusieurs reprises le montant de l’aide américaine envoyée à Kyiv. Entre fin 2023 et début 2024, les républicains partisans de Trump ont bloqué l’assistance militaire américaine au Congrès, obligeant les forces ukrainiennes à rationner leurs obus et permettant à la Russie d’accroître son avantage. A noter que la nouvelle enveloppe finalement votée en avril par le Congrès américain est censée durer jusqu’au printemps 2025.
Poutine a salué la « sincérité » de Trump pour « mettre fin au conflit »
De son côté, Vladimir Poutine, bien qu’il ait affirmé auparavant son soutien à Kamala Harris, a salué le 24 octobre, lors du sommet des Brics à Kazan, la « sincérité » de Donald Trump « pour mettre fin au conflit en Ukraine », niant toutefois avoir parlé. Avec lui à plusieurs reprises au téléphone, Donald Trump et son équipe ciblent la Chine comme « le principal problème des années à venir et espèrent que la Russie les aidera dans cet affrontement », estime dans les colonnes de Libération Fiodor. Loukianov, leader du Club Valdaï, un cercle proche du Kremlin.
Concessions territoriales
Mais Donald Trump a-t-il vraiment un plan pour mettre fin au conflit ? Elle serait largement favorable à la Russie, rappelle l’AFP. Cela impliquerait de démilitariser la zone actuellement occupée par Moscou (soit 20 % du territoire ukrainien y compris la région orientale du Donbass) sans que Kiev n’en reprenne le contrôle. Et l’Ukraine devra renoncer à adhérer à l’OTAN, comme le souhaite le Kremlin. Une solution exclue par Volodymyr Zelensky.
Depuis octobre, l’armée russe a avancé de près de 500 km2 en Ukraine, soit le plus gros gain territorial en un mois depuis mars 2022 et les premières semaines du conflit, alors que l’armée ukrainienne souffre d’un manque d’armes et d’équipements. équipements, et ce alors que l’UE bloque toujours l’utilisation de ses missiles sur le territoire russe.
Donald Trump bénéficiera d’un « pouvoir très large »
Avec la reconquête du Sénat par les Républicains, outre la Chambre des représentants, Donald Trump “aura un pouvoir très large”, a estimé ce mercredi sur RMC Philippe Etienne, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron entre 2017 et 2019. « L’Ukraine est pour nous un sujet que l’on peut qualifier d’existentiel, avec la menace de l’invasion russe », a-t-il jugé.
« Cela signifie-t-il que nous devrions renoncer à rechercher une coopération transatlantique avec Trump ? Non, bien sûr, nous devrons travailler » avec les États-Unis. « Sur le principe, cela reste un allié. Pour nous, c’est un allié. Les Etats-Unis jouent un rôle pour notre sécurité et la sécurité de notre continent», a déclaré, très prudemment, Philippe Etienne, rappelant que «Trump avait, dès son premier mandat, du mal avec la notion d’allié». « C’est une relation transactionnelle, y compris avec ses alliés. Il n’a jamais été à l’aise avec l’OTAN.
Expliquez-nous par Apolline de Malherbe : Quel impact en France en cas de victoire de Trump ? – 05/11
Emmanuel Macron et Olaf Scholz appellent à une Europe « plus forte »
Pour le diplomate, l’élection de Donald Trump « devrait donner un élan à l’UE. Quelle que soit l’élection de Trump, il y a tellement de problèmes que nous devons avancer de manière très volontaire.» Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont convenu mercredi “d’œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte et plus souveraine” après la victoire quasi certaine de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
« Nous œuvrerons pour une Europe plus unie, plus forte et plus souveraine dans ce nouveau contexte. En coopérant avec les États-Unis et en défendant nos intérêts et nos valeurs», a écrit Emmanuel Macron sur X. Un porte-parole du gouvernement allemand avait précédemment déclaré à l’AFP que les deux hommes avaient eu une conversation téléphonique pour «se coordonner étroitement».