La mort d’un jeune homme de Salluit, abattu lors d’une intervention policière, a suscité l’indignation au Nunavik.
« Justice pour Josué. » « Justice pour les jumeaux Salluit. » Les appels à la mobilisation, sous ces mots-clés, se multiplient sur les réseaux sociaux depuis la mort de Joshua Papigatuk aux mains d’un policier lundi matin. Garnet, son frère jumeau, a été grièvement blessé.
Tout commence par un simple appel au 911 pour empêcher une personne ivre de prendre le volant aux petites heures du lundi matin. Deux policiers se sont alors présentés sur les lieux. Selon le Bureau d’enquêtes indépendantes (BEI), qui a examiné les événements dans le cadre de son enquête mardi, “il y a eu une altercation physique entre les policiers et deux personnes”.
La police aurait ensuite tenté de maîtriser les personnes avec une arme à décharge électrique et du gaz poivré, mais sans succès. « Un policier aurait alors tiré en direction d’une des personnes », indique le BEI dans un communiqué publié mardi après-midi. L’altercation s’est ensuite poursuivie avec la deuxième personne, et le policier a tiré sur cette deuxième personne. La première est décédée et la seconde a été transportée vers un centre hospitalier, « son état serait considéré comme stable ».
Cinq enquêteurs du BEI ont été envoyés au Nunavik pour faire la lumière sur les événements. Une enquête criminelle parallèle a été confiée à la Sûreté du Québec. La police régionale du Nunavik n’a pas souhaité commenter les événements en raison de l’enquête en cours.
Selon des informations partagées sur les réseaux sociaux par des personnes de la communauté, les jumeaux, au début de la vingtaine et sans antécédents, n’étaient pas armés, une information que le BEI n’est pas en mesure de confirmer pour le moment.
Indignation
Mais dans la communauté — celle de Salluit, mais aussi partout au Nunavik — c’est la consternation. L’indignation. Beaucoup réclament justice. « Ce décès a touché tous les gens du Nord, pas seulement à Salluit », explique Devoir Vicki Padlayat, une résidente locale. Les gens sont dévastés. Les gens sont indignés. »
L’indignation dépasse en effet les frontières du petit village nordique de 1 500 âmes. «Cela touche tout le Nunavik», affirme Maggie Nuvuka, qui habite à Kangirsuk. En tant qu’Inuits, nous ne faisons qu’un. Nous nous aimons. Nous nous connaissons. Nous sommes là les uns pour les autres. Cela me brise le cœur, la façon dont nous sommes traités. »
Au Nunavik, les relations entre les Inuits et les policiers allochtones sont difficiles. Et cela dure depuis longtemps. Cet événement met de l’huile sur le feu, ajoute M.moi Nuvuka, qui invite ses concitoyens à dénoncer. « D’aussi loin que je me souvienne, nous avons été traités comme si nous n’étions pas humains. Ce n’est pas la première fois et je ne pense pas que ce sera la dernière, à moins que nous commencions à parler au nom de notre peuple. »
Une manifestation a eu lieu lundi devant le commissariat de Salluit, rapporte le site Nunatsiaq News. Des appels à manifester à nouveau mardi après-midi ont été partagés sur la toile.
Famille en souffrance
Une collecte de fonds a été organisée pour aider la famille à défrayer les frais de transport pour se rendre au chevet de Garnet, la survivante des jumeaux, hospitalisée dans un hôpital du sud du Québec. En fin de journée de mardi, la cagnotte s’élevait à près de 20 000 $.
«La famille Papigatuk de Salluit vit une tragédie inimaginable», lit-on dans la présentation de l’événement. Les frères jumeaux Joshua et Garnet ont été impliqués dans un incident de police qui a coûté la vie à Joshua et laissé Garnet grièvement blessé. Cet événement dévastateur laisse la famille et la communauté dans un profond deuil, suscitant des appels à la justice et à la compréhension. »