A quelques heures des élections américaines, la Russie continue de gagner du terrain en Ukraine. Selon les chiffres de l’AFP, les troupes de Vladimir Poutine ont avancé de 478 km² au cours du mois d’octobre. Il s’agit de la plus grande avancée territoriale de l’armée russe en un mois depuis mars 2022. A titre de comparaison, sur toute l’année 2023, la Russie a réussi à conquérir 584 km².
Cette accélération de l’offensive russe coïncide avec deux événements susceptibles d’influencer le cours de la guerre. « Il y a deux échéances dans cette guerre : les élections américaines (ce 5 novembre, NDLR) Bien sûr et l’arrivée de l’hiver, explains General (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef du Revue de la Défense nationale. Pour l’officier supérieur, c’est précisément à cause de ces deux échéances que la Russie jette toutes ses forces dans la bataille.
Un retour à la Maison Blanche de Donald Trump pourrait changer la politique américaine sur le conflit ukrainien. Le candidat républicain a déjà annoncé, en cas d’élection, son intention de négocier “dans 24 heures” un plan de paix avec Vladimir Poutine. Cela pourrait inclure un transfert de la Crimée et du Donbass à la Russie. «Aujourd’hui, pour les Russes, tous les kilomètres carrés conquis peuvent faire l’objet d’un accord lors d’une future négociation si Trump est élu. La seule chose que les Ukrainiens peuvent faire, c’est tenir le coup, en attendant le résultat des élections américaines, qui pourraient signifier la fin de la guerre. » résume le général.
« Les Russes ont tout intérêt, pour le moment, à tenter de gagner le plus de terrain possible. »
La deuxième échéance est l’arrivée imminente du général Winter, qui craquera le 2e année consécutive sur le front ukrainien. Avec la baisse des températures et les pluies hivernales, les vastes zones agricoles de l’Ukraine seront transformées en champs de boue, rendant impossible l’avancée des véhicules blindés. « Les Russes ont tout intérêt, pour le moment, à tenter de gagner le plus de terrain possible. Parce que dans quelques semaines peut êtreils ne pourront plus progresser en Ukraine. »
L’avancée russe est marquée par des conquêtes notables, comme celle le 29 octobre de la ville de Selidovo, dans l’est de l’Ukraine. Une véritable victoire pour la Russie, les combats faisant rage depuis trois mois dans cette ville de 20 000 habitants. Si du côté ukrainien l’ambiance est morose, en Russie, l’heure est à l’optimisme et certains voient dans les avancées militaires le signe d’un effondrement du front ukrainien. “Le front ukrainien ne s’effondre pas, tempère le général Pellistrandi, certes, elle s’effondre, mais les Ukrainiens tiennent le coup. Ils sont contraints de céder du terrain mais on ne peut pour autant considérer que la Russie perce de manière significative le front dans le Donbass. »
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Les difficultés de l’Ukraine
Le retrait de l’armée ukrainienne pourrait être dû à un manque d’armes et de munitions autant queà la montée de l’armée russe. “Les artilleurs russes disposent de plus de munitions nord-coréennes et iraniennes que les Ukrainiens”explique le général Pellistrandi. Un déséquilibre qui accentue la supériorité russe sur le terrain. « Les Russes se permettent de tirer dix, vingt obus sur la même cible, tandis que les Ukrainiens doivent réussir du premier coup… »
« LLes Russes disposent d’une ressource humaine bien plus importante, surtout avec l’arrivée des Nord-Coréens.»
A À cette faiblesse des ressources matérielles s’ajoute une faiblesse peut-être encore plus grave des ressources humaines. Alors que les mobilisations se poursuivent (le 29 octobre Volodymyr Zelensky a annoncé une nouvelle levée de 160 000 hommes), l’armée ukrainienne a de plus en plus de difficultés à reconstituer ses rangs. « Le réservoir ukrainien est bien plus faible que le réservoir russe, le gouvernement ukrainien poursuit les mobilisations, tandis que les Russes disposent de ressources humaines bien plus importantes, notamment avec l’arrivée des Nord-Coréens. » Washington a en effet affirmé avoir « des preuves concrètes » de la présence de troupes nord-coréennes dans des bases militaires russes, avec la possibilité d’un futur déploiement en Ukraine. Des affirmations formellement démenties par Moscou.
Le sort de l’Ukraine pourrait donc se décider dans la nuit de mardi à mercredi. “La nuit du 5 novembre va être une très longue nuit pour les Russes et les Ukrainiens, dit le général Pellistrandi. Ces élections seront cruciales au cours de cette guerre. » On estime que l’Ukraine a perdu près de 10 millions d’habitants depuis le début de la guerre, en raison des décès liés au conflit mais aussi de la baisse de la natalité et de l’exode de la population. Il en comptait 41 millions en 2021.