« Il est vraiment incroyable. » C’est la première phrase que Joshua Roy prononce instinctivement lorsqu’on lui demande de nous parler de son entraîneur-chef.
Il y a sans doute plusieurs raisons pour expliquer que le Rocket de Laval occupe actuellement le deuxième rang au classement général de la Ligue américaine. Pascal Vincent se décrit modestement comme « une pièce » du puzzle. Il n’en reste pas moins qu’il est le capitaine du bateau. Ou la fusée.
La presse s’est donc rendue à la Place Bell lundi pour en apprendre davantage sur ses façons de faire.
D’emblée, il faut comprendre que Vincent se présente comme « un étudiant ». « Pas seulement le hockey, mais les êtres humains en général. » On comprend vite ce qu’il veut dire quand, en 15 minutes de conversation, il cite deux de ses lectures récentes.
Nous n’entrerons pas ici dans le détail de ces lectures, mais ce que nous en déduisons, c’est que les Québécois sont toujours à la recherche de nouvelles façons de faire.
“Il n’y a pas d’école pour devenir entraîneur”, a-t-il déclaré. Je fais ça depuis 30 ans, mais j’ai toujours aimé étudier et lire. C’est ma façon de continuer non seulement à rester à jour, mais aussi à trouver de nouvelles façons de faire les choses. Je prends un mot ici, une idée là. »
Lundi, il nous a parlé du livre La méthode Toyotade l’auteur Jeffrey Liker, pour expliquer sa démarche auprès de ses joueurs. Cela consiste, en somme, à « éplucher l’oignon et voir le noyau » dudit joueur. « Toi, pourquoi es-tu arrivé là ? Quel est le problème qui vous a amené ici ? Qu’est-ce qui vous amènera là-bas et vous assurera d’aider les Canadiens de Montréal et de vous démarquer ? »
Vincent prône l’honnêteté à tout moment : « Je ne joue pas à des jeux avec des joueurs. Je n’ai pas de secrets”, assure-t-il. Selon nos entrevues avec Joshua Roy et Brandon Gignac, c’est justement ce que ses joueurs apprécient.
« Il n’y a pas de parties grises chez lui ; c’est noir ou blanc, mentionne Roy. Il est capable de vous dire si vous faites quelque chose de bien et si vous faites quelque chose de mal. C’est ce que j’aime chez lui. »
Les choses se passent bien en ce moment, il est très calme, mais si vous ne faites pas le travail, il n’aura pas peur de vous le dire. C’est ce qu’il faut, je pense, pour aider les jeunes à grandir. Il les laisse jouer à des jeux.
Brandon Gignac
« Quand je faisais des erreurs à Binghamton, j’étais assis là et je ne pouvais pas voir la glace pendant un moment. Ce n’est pas ainsi [Pascal] voit les choses, et c’est parfait comme ça, parce que plus on stresse un jeune, moins il jouera bien. »
Le travail, la base
La saison dernière, Pascal Vincent a été, pour la première fois de sa carrière, promu entraîneur-chef d’une équipe de la Ligue nationale, avec les Blue Jackets de Columbus. L’aventure ne se déroule pas comme prévu et il est licencié à la fin de la campagne.
À Columbus, en effet, sa gestion du développement de la jeunesse a fait beaucoup parler. Lorsqu’on lui demande s’il a l’impression d’avoir prouvé quelque chose cette saison avec une équipe jeune, l’entraîneur n’hésite pas : « Non. Ce sont deux bugs différents », affirme-t-il.
Il y a des joueurs avec qui j’avais la perception que j’étais plus dur ou plus exigeant. Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que c’est parce que j’ai confiance que son potentiel est tellement élevé, que si j’accepte le moindre effort ou juste un résultat normal, que ça lui va et que ça va se développer.
Pascal Vincent, entraîneur-chef du Rocket de Laval
« C’est formidable pour un joueur de travailler dur, mais je n’en attendrais pas moins. On ne vient pas jouer au hockey pour avoir à moitié raison. Si vous respectez votre rôle dans l’environnement de l’équipe, tant mieux. C’est quand tu bloques des tirs, quand tu fais un deuxième effort, quand tu soutiens un coéquipier ; c’est l’extra où l’on va dire « wow ». »
Autre point important de la méthode de Vincent : la confiance. A ce sujet, il évoque une conversation « très ouverte » en fin de saison dernière avec le regretté Johnny Gaudreau, qui venait de vivre une campagne « ordinaire ».
«Il m’a dit des choses dont je n’avais pas conscience. L’année qui allait venir – parce que j’étais encore en poste – nous allions changer mon coaching pour lui. Cela arrive parfois, et ce n’est pas grave. C’est ce que je veux. Il y a un élément important que nous voulons créer dans notre environnement, c’est la confiance. Si vous ne me faites pas confiance parce que vous n’êtes pas sûr de mes intentions, nous progresserons, mais pas aussi vite que nous le devrions. »
Je ne suis pas venu pour « voler le travail de qui que ce soit »
Ce n’est plus un secret, le Canadien vit un début de saison difficile. Certains commencent également à évoquer la possibilité que Martin St-Louis ne soit pas l’homme de la situation.
Dans le cas où St-Louis devait partir, volontairement ou non, Pascal Vincent apparaîtrait forcément comme une option logique pour le remplacer.
A l’évocation d’une telle possibilité, Vincent semble mal à l’aise.
«J’ai signé un contrat, et mon travail est d’aider l’organisation canadienne, d’aider le Rocket, d’aider les joueurs à réussir, et d’aider le Canadien», commence-t-il. Mon travail est d’aider Martin le plus possible pour que lorsque les joueurs arrivent avec le Canadien, ils ne nuisent pas à l’équipe. »
Vincent n’a « aucun plaisir de voir les résultats » du Tricolore actuellement. “Ce n’est amusant pour personne”, ajoute-t-il.
« Ma plus grande qualité est que je suis extrêmement fidèle ; ma loyauté va au-delà de tout ce qu’on peut dire. Est-ce que je veux revenir un jour dans la Ligue nationale en tant qu’entraîneur-chef ? Oui. Comme je l’ai dit à Martin [St-Louis]J’espère que je vais l’aider. Si je vais ailleurs, je vais ailleurs, mais je ne suis pas venu ici pour voler le travail de qui que ce soit. Loin de là. »