Ce dimanche, à quelques heures de l’élection présidentielle, la tension monte.Watson
Deux jours avant l’échéance fatidique, nous sommes allés enquêter auprès de l’Américain moyen faisant ses achats de la semaine chez Walmart le plus proche. Entre appréhension, lassitude et espoir que « tout se passe bien ». Rapport.
04.11.2024, 11:5304.11.2024, 12h00
marine brunner, omaha (nebraska)
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Le ciel devient noir et le vent, inhabituellement chaud pour un 3 novembre, ramasse de l’électricité ce dimanche soir au-dessus du parking Walmart d’Omaha. Une ambiance qui résume bien ces dernières heures de campagne électorale. Dans deux jours, le peuple américain sera fixé – ou non – sur l’état d’esprit du pays pour les quatre prochaines années. Une perspective vertigineuse pour certains… moins pour d’autres.
« S’il vous plaît, ne me parlez plus de cette élection !supplie Nancy, maman au foyer, tout en jetant un paquet de Kellogg’s Family Size dans son panier. Cette petite brune ronde et souriante n’a pas spécialement envie d’être photographiée. Ni de s’exprimer sur ses préférences politiques. De toute façon, elle n’en a pas. Sa principale préoccupation ? Comme beaucoup de ses concitoyens, il veille à ce que le petit-déjeuner de ses deux enfants soit toujours à portée de son porte-monnaie.
“Tant que les prix n’explosent pas comme ils l’ont fait ces dernières années, peu m’importe qui est à la Maison Blanche.”
Nancy, maman au foyer.
Entre peur et espoir
Une indifférence que partagent difficilement Ronald et Doris, deux retraités que l’on croise au rayon « valises et sacs de voyage ». Ce pétillant couple de démocrates s’apprête à partir pour deux semaines de vacances entre amis en Angleterre. « On va regarder tout ça de loin », explique Ronnie, qui ne cache pas son appréhension à deux jours des élections générales.
« Si Kamala Harris gagne, je boirai un verre de cognac à sa santé. Si Trump gagne… eh bien, je suppose que je prendrai la bouteille !
Ronnie, avec un petit rire.
« Nous pourrions aussi tenter de fuir en Europe », suggère ironiquement sa femme. Ronnie hoche à nouveau la tête, avant de nous souhaiter bonne chance pour dissimuler « tout ce gâchis ». « Vous en aurez vraiment besoin ! »
Ronnie et sa femme Doris espèrent assister à la victoire de Kamala Harris ce mardi.Watson
Même inquiétude de la part de Johnny, la soixantaine, style oldtimer au look biker, bandana vissé sur la tête et lunettes de soleil sur les yeux. Sauf que lui, « évidemment », votera pour Donald Trump. Il espère que « nous ne lui volerons pas l’élection », marmonne Johnny avec un accent qui se coupe à la truelle, un paquet de saucisses à la main.
D’autres préfèrent affronter les heures – et les années – à venir avec espoir. C’est le cas d’Allan, en profonde méditation devant une rangée de Tupperware. « Tout ce que je veux pour ces élections, et au-delà… c’est la paix », dit doucement le jeune homme en pesant sa poubelle en plastique. Ce pays a besoin de paix.
« Après ce qui s’est passé la dernière fois, j’espère que les choses se passeront plus calmement cette fois. Et que le résultat soit accepté »
Allan, qui votera pour Kamala Harris.
Allan prie avant tout pour un retour au calme.Watson
Même espoir du côté de Driss, un jeune salarié qui, entre remplir les rayons, nous confie son optimisme pour la première élection présidentielle à laquelle il pourra participer. « Pour ce pays ? J’ai de l’espoir. Un peu d’amour entre les gens, un peu d’unité, ce serait cool.
Ce sera la première élection à laquelle Driss pourra voter.Watson
« En gros, Harris, Trump, peu importe », dit-il avec un haussement d’épaules et une joyeuse indifférence. Le plus important est de mettre fin à ces divisions. Et essayez d’avancer pour un avenir meilleur.
Quant à Jenny, sa collègue, qui passe par là au moment de notre conversation, sa principale préoccupation est la question cruciale de l’avortement. “Je ne laisserai pas un vieux décider de ce que je peux ou ne peux pas faire de mon corps”, assure la jeune femme, à peine rassurée – d’autant que la protection du droit à l’avortement dans la Constitution est en jeu, dans son État d’origine, le Nebraska. .
Au rayon fromages, on échange trois mots avec deux jeunes femmes, d’une vingtaine d’années, qui ne souhaitent ni donner leur nom – et encore moins se faire prendre en photo. Après avoir répété sans cesse les mots «journaliste» et «Suisse» avec une certaine méfiance, on s’étonne: «Ecrivez-vous vraiment sur nos élections, ici?», comme si cette éventualité la surprenait.
Et quand on tente avec beaucoup de difficulté de leur soutirer leur ressenti, à deux jours de l’élection présidentielle, la réponse tombe. Propre et net.
« Notre politique est un désastre. Bonne chance avec votre article »
Nos interlocuteurs, avant de pousser leur caddie pour voir ailleurs s’ils sont là.
Ils ne seront pas les seuls à refuser d’être immortalisés. Entre le shopping et les enfants aux pieds, la tête sur la liste de courses ou le nez sur son iPhone, la tête est ailleurs. C’est le cas de Jennifer, la trentaine, et de sa mère, croisées en plein débat au stand vendant des chocolats de Noël et des calendriers de l’Avent. Tous deux voteront mardi – et ils ne sont pas d’accord. «Je pense voter pour Kamala, maman votera pour Trump», nous résume Jennifer.
Notre visite se terminera dans la section surgelée, où un couple latino, Rodrigo et Marabella, examine les glaces. Ils voteront pour Kamala Harris. Comme beaucoup d’habitants d’Omaha, un spot démocrate discret au milieu d’une marée rouge. «Je pense que nous voulons juste passer à autre chose», admet le père. Et avancez. » Une envie que partagent sans doute la plupart de ses concitoyens.