“Il est parti sauver la Bretagne, rétablir l’électricité, et pour le moment, je ne sais ni comment ni pourquoi mon mari est mort”glisse Lydie Despaux, la compagne de Fred Despaux, agent Enedis décédé en intervention à Pont-Aven (Finistère).
Le samedi 4 novembre 2023, ce Gersois n’a pas hésité à venir prêter main forte aux équipes bretonnes d’Enedis, afin d’aider la région privée d’électricité après le passage de la tempête. Ciaran . Agé de 46 ans, le salarié qui travaillait à Auch s’était porté volontaire pour faire partie des forces d’intervention rapide en électricité (Feu), sorte de commando d’urgence d’Enedis comptant plus de 2 300 agents dans toute la région. France. Ce jour-là, c’est la Bretagne qui avait besoin d’aide et “Fred n’a pas hésité”se souvient Lydie Despaux.
Un accident mortel
L’accident mortel de cet agent expérimenté a eu lieu vers 19h15, samedi 4 novembre, à Pont-Aven (Finistère). Selon les éléments de l’enquête confiée au parquet de Quimper, le quadragénaire est mort par électrocution alors qu’il manipulait des câbles endommagés sur une ligne moyenne tension. « Ces agents travaillaient de nuit, dans des conditions complètement dangereuses avec des rafales de vent et de pluie, dans le froid et la boue. Bien avant l’accident, ils m’ont dit qu’ils n’avaient jamais connu de telles conditions de leur vie. a rappelé le maire de Pont-Aven, Christian Dautel, quelques jours après le drame.
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Dans les jours qui suivirent, un hommage national fut rendu «à ce collègue respecté» et ça « un homme dévoué au grand cœur ». Il a reçu la médaille à titre posthume pour ses actes de courage et de dévouement. En mai 2024, la petite ville du Finistère lui a de nouveau rendu hommage en donnant son nom à l’une de ses rues, lors d’une cérémonie en présence de sa famille, afin que “on n’oublie jamais son nom ni son courage”, » a déclaré le premier conseiller de la commune.
« Cela fait un an que je suis victime d’un tsunami »
Pourtant, un an après le drame, Lydie et sa famille cherchent toujours des réponses. « Les enquêtes se poursuivent. Je sais que la justice prend du temps et qu’elle manque de moyens, je le comprends. Mais au final, c’est long. Très longtemps. Moi, mes enfants, ma belle-famille, nous ne savons toujours pas ce qui s’est passé, pourquoi, comment et dans quelles circonstances mon mari est décédé. On arrive à un an de sa disparition, lundi, et honnêtement, c’est douloureux. Tout ce que je sais c’est qu’il est parti le 1erest Novembre [2023] et il est entré dans un sac mortuaire », confie-t-elle.
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Elle raconte son quotidien sans la présence de « Fred ». « Quand je me lève, je suis seul. Quand je prends mon café, il n’est pas là. Le soir, à 18h15, il ne passe plus la porte d’entrée après sa journée de travail… C’est compliqué. J’ai essayé de retourner au travail et j’ai foiré. Je ne peux pas avancer ni m’occuper correctement de mes enfants. Ma vie s’est effondrée et je n’arrive pas à me remettre sur pied. Et je ne pense pas que mes enfants puissent le faire non plus. C’est ignoble : j’ai été victime d’un tsunami pendant un an. témoigne Lydie, avec émotion.
“J’ai besoin d’une réponse”
Elle souhaite avoir des réponses de la justice, connaître les circonstances dans lesquelles son mari a perdu la vie. Une condition indispensable, pour sa construction, mais aussi celle de ses enfants. Pour « avancer », dit-elle. “Cela ne le ramènera pas.” Mais je ne peux pas pleurer quand je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai besoin d’une réponse. »
Contacté, le parquet de Quimper explique que l’enquête est toujours en cours.