Le silence règne dans l’habitacle du Humvee à mesure que le véhicule militaire avance vers les lignes ennemies. Au volant, Volodymyr (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme les autres personnes désignées par leur prénom), casqué et concentré, zigzague sur les routes de campagne creusées de profondes ornières par les allées et venues des blindés. Alors que la lisière d’un champ ouvert apparaît, il s’arrête et demande à son équipage de vérifier si le système de brouillage est activé. Ces antennes installées sur les toits des véhicules émettent des fréquences destinées à paralyser les drones kamikazes russes qui sillonnent le ciel à la recherche d’une cible. Comme beaucoup de machines qui courent le long de cette ligne de front dans l’est de l’Ukraine, dans le Donbass, le Humvee de Volodymyr est recouvert de grilles métalliques pour atténuer au maximum l’impact d’une explosion.
Après un trajet d’une trentaine de minutes, le conducteur finit par faire un écart à gauche, puis s’enfonce dans un bois où était stationnée une batterie d’artillerie du 33e.e brigade mécanisée. Ici, les hommes passent leur vie sous terre, dans un abri sommaire occupé par des lits en bois. A l’intérieur, les mines sont basses, fatiguées, faiblement éclairées par un petit halo de lumière. Le commandant Konstyantyn, « Skill » de son nom de guerre, 40 ans, observe les mouvements des troupes ennemies sur un petit écran quadrillé d’images prises en direct par des drones. Le 13 octobre, des hommes combattent déjà depuis plus de deux mois sur cette portion du front, près de Kourakhove, petite ville du Donbass sur laquelle les Russes concentrent leurs attaques.
“Les Russes sont comme des cafards”lâche amèrement Andriy, 48 ans, nom de guerre « Aristocrate », ancien directeur chez Nestlé. « Ils attaquent tous les jours. » La mission du petit équipage de cinq personnes est de frapper l’ennemi avec un 2S1 « Gvozdika », un canon automoteur soviétique de 122 millimètres, recouvert d’un filet de camouflage. Les cibles principales sont les chars, explique le commandant, “Compétence”. Cet ancien électricien avoue avoir reçu davantage de munitions ces derniers temps. Cependant, il estime que ce n’est pas le cas “pas assez”. L’ampleur de l’aide occidentale reste encore insuffisante à la hauteur des moyens déployés par Moscou.
D’énormes pertes en hommes et en matériel
L’armée russe avance depuis plusieurs mois dans le sud-est de la région de Donetsk, concentrant ses assauts meurtriers sur une zone s’étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres, depuis le nœud stratégique de Pokrovsk jusqu’à la petite ville de Vouhledar, prise début octobre. Les Russes avancent sur de nombreux axes, profitant des failles du système de défense de Kiev et encerclant les soldats ukrainiens pour les forcer à battre en retraite. Au cours du mois d’octobre, Moscou aurait enregistré ses gains territoriaux les plus importants depuis le printemps 2022, selon une analyse de l’AFP basée sur les données de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW, à Washington). ), qui fait état d’une avancée de 478 kilomètres carrés sur le territoire ukrainien.
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