(Québec) Lumières éteintes à la station Snowdon, fermeture d’urgence à la station Saint-Michel : le plus grand système de transport en commun au Canada, le métro de Montréal, manque d’amour. Dans une note d’analyse, l’organisme Transport considère qu’il s’agit là d’un angle mort pour le gouvernement du Québec, et souligne un sous-financement pour l’entretien des transports collectifs par rapport à celui des routes.
À quel point le métro est-il sous-financé ?
Transit, dont la mission est de favoriser le développement et l’amélioration des services de transport collectif, souligne que le métro présente un déficit d’entretien de six milliards sur dix ans, selon la Société de transport de Montréal. Cette somme, note le directeur des affaires publiques de l’organisme, Samuel Pagé-Plouffe, concerne uniquement l’entretien des tunnels, des gares et des infrastructures connexes, comme les postes de ventilation par exemple. “Cela exclut le matériel roulant et les ateliers de maintenance, donc pas de développement là-bas, et pas d’ascenseur”, précise-t-il. Ces montants sont uniquement destinés à « garder les lumières allumées ».
Et combien investissons-nous en ce moment ?
Pour la période 2024-2034, le gouvernement du Québec prévoit investir 2,4 milliards dans le maintien des actifs du Plan québécois des infrastructures. Cette enveloppe est en diminution. C’est une déception pour Transit, qui rappelle que 10 ans plus tôt, pour la période 2013-2023, le gouvernement provincial avait investi 5,8 milliards (en dollars ajustés) pour l’entretien des réseaux de transport en commun. Ce sont des montants alloués à toutes les entreprises de transport. On ne connaît pas exactement le déficit d’entretien des transports publics au Québec, puisque le ministère des Transports ne recueille pas cette information, déplore Transit.
Est-ce que le Québec fait la même chose avec les routes ?
Non. Dans sa note d’analyse, Transit souligne que les montants prévus pour les routes et autoroutes augmentent fortement. L’écart entre les transports publics et les routes se creuse. Pour la période 2013-2023, 20 % de l’enveloppe d’entretien est allée aux transports en commun. Pour 2024-2034, cela ne représente que 7,8 %. Transit dit qu’il n’est pas contre l’entretien des routes. Mais il critique l’argument du gouvernement Legault, qui affirme que « le réseau routier a été construit principalement au cours des années 1960 et 1970 » et qu’il « nécessite des investissements plus importants dans l’entretien du parc que dans les transports en commun. » Le métro de Montréal « a été construit en grande partie au cours de la même période et souffre des mêmes défis de détérioration rapide », soutient l’organisme.
Quels sont les effets de ce sous-financement ?
Les effets les plus apparents sont les pannes et les fermetures, comme celle prolongée de la station de métro Saint-Michel. En mai, La Presse rapportait que les demandes de réparation « non résolues » étaient passées de 83 il y a cinq ans à 2 757 l’an dernier. Mais la maintenance peut aussi être un « vecteur d’amélioration de l’offre », estime Transit. « Les investissements dans le maintien des actifs nous permettent également d’améliorer l’offre de services. Par exemple, la modernisation de la ligne verte permettrait une amélioration du service de 37 % – sans construire un nouveau réseau ni une extension », précise-t-il.
Pourquoi devrions-nous investir davantage ?
Parce que, selon Transit, il s’agit de « l’infrastructure de transport la plus importante du pays ». Le métro de Montréal compte plus de « 800 000 passages quotidiens » transportant « deux fois le trafic des ponts entre l’île et la Rive-Sud réunis », selon Florence Junca-Adenot, professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM et porte-parole de Transit. Son bon fonctionnement est « essentiel à la vitalité de la métropole et du Québec ». Il faut absolument éviter d’autres « interruptions d’un service essentiel comme la fermeture d’urgence de la station Saint-Michel pour une durée indéterminée », indique Samuel Pagé-Plouffe.